Fonderies
La sidérurgie prend réellement son envol en 1777 quand la Marine royale ouvre, avec le concours de l’ingénieur anglais William Wilkinson, une fonderie de canons sur l’île d’Indret. Des artisans fondeurs sont également présents dans la ville et travaillent étroitement avec les chantiers navals pour lesquels ils fournissent par exemple des ancres de marine. C’est le cas notamment de Pierre-Siméon Voruz, établi dans la ville en 1780, ou de l’établissement Da Costa, ouvert à Saint-Sébastien, spécialisé notamment dans la fabrication de boulets et de canons.
La modernisation technologique permet, au 19e siècle, la production massive de métaux et d’aciers de qualité : acier à l’anglaise ou puddlé, fours Bessemer, Martin, ou Thomas et Gilchrist. Les fourneaux à bois sont remplacés par des fours à l’anglaise, utilisant le coke. Un pôle sidérurgique moderne se constitue à Basse-Indre, Couëron (future société J.-J.Carnaud et Forges de Basse- Indre), et à Nantes avec l’établissement des ateliers Félix Lodé (1871), de Jean-Simon Voruz et la Société nantaise de construction mécanique et de fonderie réunies, créée à l’origine par les fils de Louis Babin-Chevaye, président des Ateliers et chantiers de la Loire.
Elle se spécialise dans la fabrication d’hélices pour la construction navale après la mise au point du « nantial », procédé d’alliage cuivre et aluminium qui lui permettra notamment de fondre les hélices du paquebot France lancé en 1960. Ce lien avec la construction navale, très caractéristique de Nantes, permet un développement qui ne concurrence pas réellement les grands pôles du Nord, de Lorraine ou du Centre.
Au début du 20e siècle, Nantes compte plusieurs dizaines de fonderies de taille inégale. Les plus fragiles, incapables désormais de rivaliser avec les grands ensembles sidérurgiques français et européens, disparaissent avant la Seconde Guerre mondiale. Dans la seconde moitié du siècle, l’effondrement mondial du prix de l’acier et les chocs pétroliers provoquent une crise sans précédent de la sidérurgie française, qui culmine à la fin des années 1970. Lodé disparaît en 1972 et la Nantaise de fonderie dépose ainsi son bilan en 1977. Elle est reprise par la Fonderie phocéenne puis, en 1989, par des salariés sous le nom de Fonderie de l’Atlantique, avant d’intégrer le groupe Bronze industries. D’autres établissements pérennisent l’activité sidérurgique comme la fonderie Havard, née durant l’entre-deux-guerres et spécialisée dans le travail des métaux non ferreux, ou encore la fonderie Ribrac, Gendron et Josse, fondée en 1953 par une figure du patronat métallurgiste nantais, Robert Josse. L’activité lègue à Nantes un important patrimoine industriel qui est en partie sauvegardé.
Les anciennes halles des fonderies de l’Atlantique, situées sur l’Île de Nantes, sont ainsi réhabilitées et reconverties en jardin botanique dit des Fonderies (3 200 mètres carrés) autour duquel sont ouverts de nouveaux espaces publics. Le quartier allie donc rénovation urbaine, héritage industriel et préservation de la mémoire.
Christophe Belser
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteurs réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Basse-Indre : du fer puddlé aux aciers pour emballage, Ponctuation, Indre, 1999
Belser Christophe, L'aventure de la métallurgie en Loire-Atlantique : 120 ans d'action patronale et d'essor industriel : 1881-2001, Geste, La Crèche, 2001
Girandier Stéphane, « L'établissement d'Indret des origines à 1914 », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 100, n°3, 1993, p. 357-378
Guillaume Jacques, Halgand, Marie-Paule, Basse-Loire : une histoire industrielle, MeMo, Nantes, 2007 (coll. Carnets d’usine)
Kerouanton Jean-Louis, « De la théorie au modèle : les hélices comme sculptures calculées, le cas des Fonderies de l’Atlantique à Nantes », In Situ, revue des patrimoines [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le 19 mai 2009, [consulté le 25 février 2020], disponible à l’adresse : http://insitu.revues.org/4266
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Christophe Belser
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