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1489

Floresca Leconte-Guépin (1813-1889)


Féministe et progressiste, Floresca Guépin fait partie de celles qui ont permis aux jeunes femmes de recevoir enfin un enseignement émancipateur. Si une médiathèque porte aujourd'hui son nom à Nantes, elle est pourtant longtemps restée dans l'ombre de son mari.

Floresca Clémentine Leconte naît au sein d’un milieu bourgeois le 26 mars 1813 dans le village de Sézanne dans la Marne. Son père, Pierre Leconte, exerce la profession de marchand. La famille s'installe à Paris alors qu'elle est encore très jeune.

Enseignante et féministe

Instruite et dotée d'un fort capital culturel, Floresca Leconte ne peut cependant pas passer son baccalauréat, qui ne sera ouvert aux candidates féminines qu'en 1861. Cela ne l'empêche pas d'apprendre l'anglais, les arts, de débattre et de développer ses convictions intellectuelles et politiques. Elle choisit de devenir enseignante. 

Portrait de Floresca Guépin

Portrait de Floresca Guépin

Date du document : 1865

En 1846, elle tente d'ouvrir un pensionnat destiné aux jeunes filles, en s'associant avec une voisine de la rue de Clichy où elle vit, mais son projet est refusé lors de la constitution de la société censée gérer le futur établissement.

Rencontre avec Ange Guépin et installation entre Nantes et Savenay

Au début des années 1850, elle fait la connaissance d'Ange Guépin, un homme deux fois veuf et âgé de 48 ans. À la fois médecin ophtalmologiste, écrivain, industriel et homme politique proche des idées républicaines et socialistes, il est une figure majeure de la vie nantaise, où il est élu conseiller municipal et conseiller général depuis le milieu des années 40. Elle l'épouse à Paris le 4 mars 1854, lors d’un mariage civil qui sera suivi d'une cérémonie protestante. Le couple vit entre Nantes et Savenay, dans leur propriété de L'Oisillière, une maison où sont accueillis de nombreux amis, notamment des acteurs intellectuels importants de l'époque. Floresca Guépin est très proche de plusieurs abolitionnistes américains, dont Maria Weston Chapman, et de militantes féministes.

Initialement très réticent, Ange Guépin se rallie aux idées féministes de Floresca. L'influence de son épouse se fait sentir dans les nouveaux écrits aux idées égalitaires qu'il publie. Il la soutient quand elle décide de créer une école professionnelle pour les jeunes filles. Élisa Lemonnier, une de ses amies féministes, visiteuse régulière de sa maison de Savenay, lui a inspiré ce projet après avoir créé sa propre école destinée à la formation professionnelle féminine en 1862 à Paris. En 1869, Floresca et Ange Guépin fondent la Société Nantaise pour l’Enseignement Professionnel des Jeunes Filles.

Ouverture du premier atelier de formation pour les jeunes filles à Nantes

Mais Nantes, ville très catholique et conservatrice, ne réserve pas le meilleur des accueils à cette femme indépendante d'esprit et protestante. Les financements sont donc très compliqués à trouver pour cette future école laïque. Elle bénéficie cependant de l'appui de plusieurs entrepreneurs nantais qui souhaitent bénéficier rapidement d'une main-d'œuvre de qualité. Le couple s'associe également à Prosper Vial, négociant en métaux et généreux donateur, et en janvier 1870, un atelier-école ouvre enfin ses portes sur la place de la Monnaie. Les jeunes filles y reçoivent un enseignement général, technique et professionnel d'excellente facture.

Le 21 mai 1873, Ange Guépin meurt dans la gare de la Bourse sur le quai de la Fosse, alors qu'il revenait de sa propriété de Savenay où, affaibli, il était parti se reposer quelques jours. Floresca Guépin se retrouve seule pour gérer l'institution, dont elle prend alors la présidence. Elle décide d'en confier la direction à Élisa Bordillon, elle aussi pionnière de l'enseignement féminin.

Pendant près de dix ans, Floresca Guépin va faire grandir la bonne réputation de l'école, dont elle quitte la présidence en 1882. Cet établissement précurseur se divise plus tard en École primaire supérieure pour les filles (futur lycée Vial) et en Lycée de jeunes filles (actuel lycée Gabriel-Guist’hau).

Façade du lycée Guist'hau de Nantes

Façade du lycée Guist'hau de Nantes

Date du document : 22-10-2018

Retour sur Paris et poursuite de son engagement pour la formation des jeunes filles

Floresca Guépin retourne ensuite à Paris, où elle continue de militer en faveur de l'enseignement féminin. Au début des années 1880, elle s'occupe notamment de la surveillance de près de trois cents ateliers employant des jeunes filles mineures dans le quartier de la Madeleine.

Le 8 septembre 1888, pour une de ses dernières apparitions publiques, Floresca Guépin se rend à Pontivy, ville natale d'Ange Guépin, où est inaugurée une statue en son honneur. Elle décède à son domicile parisien de la rue Rennequin le 14 novembre 1889. Lors de ses obsèques, le 18 novembre, le temple protestant de Nantes ne peut accueillir tous ceux venus lui rendre un dernier hommage. Elle est inhumée au cimetière de la Bouteillerie, aux côtés de son mari.

Longtemps ignorée quand son époux était célébré, Floresca Guépin sort peu à peu de l'ombre à la fin des années 1980 quand l'Espace Simone de Beauvoir, association féministe nantaise, décide d'organiser les Rencontres Floresca Guépin, dont les conférences et débats traitent des droits des femmes. Dès lors plusieurs hommages officiels lui sont rendus au fil des ans et en juin 2007, une médiathèque portant son nom est inaugurée dans le quartier Doulon-Bottière.

Cécile Cécile Gommelet, Marie-Françoise Bastit-Lesourd
Direction du patrimoine et d'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

Bouleau, Tatiana, Gualdé, Krystel, Pailloux, Patrick, Nantaises au travail, du XVIIIe à nos jours – Des indienneuses aux ingénieur(e)s, Château des ducs de Bretagne – Musée d'histoire de Nantes / Auran

Guyvarc’h, Didier, « Floresca, femme d’Ange », Place Publique – Nantes / Saint-Nazaire, n°74, Printemps 2020

Webographie

Article écrit par Marie-Françoise Bastit-Lesourd sur le site Web d’EllesaussienBretagne consacré à Floresca Guépin Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

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Enseignement professionnel Femme célèbre

Contributeurs

Rédaction d'article :

Cécile Gommelet, Marie-Françoise Bastit-Lesourd

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