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Immeuble Grandjouan Îles et atterrissements (2/2)

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Éléphant


Il n’existe guère de lien évident entre Nantes et les éléphants. Les érudits se rappellent que les clefs de la ville furent remises en 1489 à Anne de Bretagne par une jeune fille juchée sur un éléphant. Ou qu’en 1698, un pachyderme est présenté comme attraction foraine près de la porte Saint- Nicolas.

Sans oublier au 19e siècle les parades en ville des animaux du cirque Barnum ou l’histoire de Fritz, cet éléphant de cirque devenu fou, abattu à Tours et confié à des naturalistes de Nantes avant de remonter, empaillé, la Loire à bord d’un bateau à vapeur.

Ces anecdotes ne suffisent pas à expliquer qu’en peu d’années, le Grand Éléphant soit devenu un symbole de la ville, omniprésent dans les reportages photographiques ou sur les couvertures des guides touristiques. Toutes proportions gardées – et pour combien de temps ? – il est devenu à Nantes ce que la tour Eiffel est à Paris.

Fabriqué en acier et en bois, du tulipier de Virginie, 12 mètres de haut, 8 de large, 50 tonnes, l’Éléphant est une machine articulée d’une rare ingéniosité, capable de barrir et d’agiter sa trompe, pouvant transporter 49 passagers pour un court trajet devant la Loire. Inauguré en juin 2007, il a été imaginé par François Delarozière, créateur de machines de spectacles pour la compagnie Royal de Luxe. Il est la première attraction des Machines de l’île, dirigées par Pierre Oréfice, l’ancien administrateur de Royal de Luxe, qui en prépare d’autres.

Situées sous les nefs qui abritaient jadis les chantiers navals, les Machines marquent le changement de vocation du site. Elles attirent chaque année entre 200 000 et 300 000 visiteurs, et même 500 000 en 2012 selon Ouest-France : comme dans beaucoup d’autres villes européennes, le tourisme devient une activité économique de substitution à l’industrie. Les promoteurs des Machines sont toutefois soucieux de marquer une continuité avec le passé nantais quand ils invoquent l’imaginaire vernien ou le savoir-faire des constructeurs de navires dont ils seraient, en quelque sorte, les héritiers.

Au-delà de leur fonction commerciale, ces mécaniques émouvantes enchantent la ville. La faculté de « faire un rêve éveillé à l’aide d’objets poétiques comme il n’en existe nulle part ailleurs » est, pour François Delarozière, l’explication de ce coup de foudre de Nantes pour un éléphant. On peut y ajouter une communication efficace et l’absence de signe visuel évident dont pâtissait Nantes depuis la destruction du pont transbordeur.

Thierry Guidet
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d'auteur réservés)
2018

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En savoir plus

Bibliographie

« Les Machines de Nantes : 10 ans de folie !», Ouest-France/Presse Océan, n° hors série, juin 2017

Oréfice Pierre (dir.), Carnet technique n°2 : études et expérimentations : l'Éléphant des Machines de l'île, Nantes 2005 à 2008, SEM Nantes Culture et Patrimoine, 2008 (coll. Carnets techniques des Ateliers des Machines de l’Ile)

Paumier Jean-Yves, « Eléphantesque, mon cher Verne », Cahiers de l’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire, n°42, 2005, p. 139-148

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Pont transbordeur

Chantiers navals

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Thierry Guidet

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