Belges
La présence belge à Nantes reflète bien la complexité de l’histoire du pays, dans la mesure où elle doit être confondue, pendant plusieurs siècles, avec celle des « Flamands », tels ces mercenaires enrôlés par le duché en 1487, au moment de la lutte contre les troupes royales, et dont nous reste la trace précise d’un « Jean de Bruxelles », canonnier. Jusqu’au 18e siècle, langue oblige, la distinction n’est pas nette avec les Hollandais, à cela près que ces derniers sont calvinistes quand les Flamands sont catholiques, un puissant facteur d’intégration. Encore qu’en 1625 les Flamands tentent, en vain, d’obtenir de la Ville un lieu d’isolement des pestiférés qui leur soit réservé…
Comme les Hollandais, ils font commerce de vin et d’eau-de-vie, s’installent dans les îles de Loire voire sur la rive sud, mais se lient assez facilement aux familles du négoce nantais et entrent tout naturellement dans le trafic négrier au 18e siècle. Les Van Berchem, Van Neunen, Van Damme et d’Haveloose comptent parmi les riches familles nantaises, et plus encore les Deurbroucq, arrivés vers 1685 et qui réussissent tellement bien que Dominique, anobli, fait construire par Ceineray son hôtel de la Petite-Hollande.
Panonceau d'accueil des bureaux de l'Union belge de Nantes
Date du document : vers 1914
C’est un tout autre temps qui commence ensuite : le ferblantier Joseph Meuris est en effet un Wallon, et a de tout autres engagements, au point que Michelet brosse le portrait enthousiaste de ce militant montagnard, commandant d’un bataillon de gardes nationaux, assassiné par un Girondin en juillet 1793. Mais ce sont là des cas isolés, à l’exemple de l’imprimeur et militant socialiste révolutionnaire Léonard Pourbaix, arrivé en 1890.
Train de rapatriement de 1200 réfugiés Belges au départ de la gare d'Orléans
Date du document : 06-04-1919
La véritable histoire belge de Nantes commence en août 1914, avec l’arrivée de très nombreux réfugiés – sans doute près de 3 000 – fuyant l’avance allemande. Un Comité de secours fédère très vite les initiatives privées, impulsé par le maire Paul Bellamy et l’archiviste Émile Gabory, qui assure aides d’urgence, logements, emplois, acheminement du courrier, visites, places dans les écoles. Le remarquable bilan du Comité ne peut cependant masquer l’épuisement relatif des aides privées et surtout une certaine xénophobie nantaise – à l’encontre des Flamands en particulier, les « Belges boches » –, qui provoquent dès 1915 des tensions, tandis que se crée une Union belge dont le président, Van Den Brugge, dénonce le comportement de certains Nantais. Le souvenir de cette période reste donc mitigé, infiniment plus positif pour les Wallons que pour les Flamands, même s’il en subsiste le boulevard des Belges.
Les Belges de Nantes ne sont plus ensuite que des Nantais venus d’ailleurs parmi de nombreux autres.
Alain Croix
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
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Alain Croix
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