Inaugurés en 1956, les bains-douches de Prinquiau se sont fait attendre, plus de 50 ans après la décision de les construire. Fermés en 1985, ils sont devenus le siège de la maison des associations du quartier.
Dès 1904, le maire de Chantenay, Paul Griveaud, présente à son conseil un premier projet de bains et lavoirs mais il n’aura pas le temps de le mettre en œuvre. La commune est annexée en 1908 et la municipalité nantaise dirigée par Paul Bellamy se préoccupe assez vite d’amener le service d’eau et de construire des bains-douches et lavoirs dans les deux quartiers récemment annexés : Doulon et Chantenay.
Pour ce dernier, un terrain est repéré dès 1911 à l’angle du boulevard de l’Égalité, du chemin du Prinquiau et de la place Danton. Idéalement située « en plein centre de la population ouvrière du Haut-Chantenay », cette propriété dite « Le Cèdre » consiste en un vaste jardin de plus de 3 500 m2 clos de murs, une maison de maître et diverses dépendances. L’architecte des bâtiments communaux Étienne Coutan établit les plans d’un bâtiment en rotonde de deux étages desservant chacun seize cabines de bains-douches et huit cabines de bain.
Un projet contrarié par les deux guerres mondiales
Mais l’argent manque. L’acte de vente n’est finalement signé qu’au printemps 1915 mais la Première Guerre mondiale bloque le projet et il faut attendre la fin des années 1920 pour qu’il soit relancé. La mairie reçoit coup sur coup plusieurs offres de diverses sociétés privées parisiennes qui proposent de construire l’établissement, pourvu que la collectivité leur donne « un terrain convenablement situé » et qu’elles en conservent l’exploitation pendant au moins une quinzaine d’années. Mais les négociations tournent court. Malgré les protestations, la construction des bains et lavoirs est reportée à la Libération et figure alors parmi les priorités de la municipalité Philippot, qui obtient de l’État en juin 1946 que cette opération soit inscrite dans la tranche de démarrage du plan d’équipement national.
Plan-masse de l'avant-projet des bains-douches, lavoir et maison du peuple, rue de Prinquiau
Date du document : 1947
Plan-masse de l'avant-projet des bains-douches, lavoir et maison du peuple, rue de Prinquiau
Date du document : 1947
Auteur(s) : Liberge, Yves (auteur)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Au début des années 1950, de nouveaux plans sont établis par l’architecte Yves Liberge et la décoration de la façade est confiée au sculpteur nantais Jean Mazuet, l’auteur du monument aux Cinquante Otages.
Moulage d'un bas relief des bains douches, chemin du Prinquiau
Date du document : 01-03-1952
Moulage d'un bas relief des bains douches, chemin du Prinquiau
Date du document : 01-03-1952
Moulage d'une des sculptures réalisée par Jean Mazuet pour la façade de l'entrée.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Les travaux démarrent en juin 1951. L’équipement comprendra au final cinquante-six cabines de douches (trente-six pour les hommes et vingt pour les femmes) et dix-huit cabines de bains (six pour les hommes et douze pour les femmes). Le rez-de-chaussée, de plain-pied avec le hall d’entrée, est affecté aux femmes, le premier étage aux hommes.
Le 2 juin 1956, les bains-douches de Prinquiau sont officiellement inaugurés.
Bains-douches en cours de construction, rue de Prinquiau
Date du document : vers 1955
Bains-douches en cours de construction, rue de Prinquiau
Date du document : vers 1955
Auteur(s) : SEVE (producteur)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction soumise à autorisation
La construction de grands ensembles dotés d’un confort sanitaire minimum et la mise aux normes des appartements des vieux quartiers vont rendre ces équipements de moins en moins utiles à partir des années 1970. Les établissements vont fermer un à un faute de public. Amorcé par les fermetures de Dupleix et Michel-Rocher à la fin des années 1970, le mouvement est inéluctable. Les statistiques s’emballent : Doulon ne fournit plus que vingt prestations par jour, Prinquiau, quarante-cinq.
Les anciens bains-douches et le square de Prinquiau
Date du document : 03-04-2013
Les anciens bains-douches et le square de Prinquiau
Date du document : 03-04-2013
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
En 1984, les bains-douches de Doulon sont rayés de la liste. Ceux de Chantenay ferment leurs portes au cours de l’été 1985 et deux ans plus tard, la Ville décide d’y aménager une maison des associations.
Philippe Bouglé
Groupe Mémoire
2013
Anecdote : Une Maison du peuple bien impopulaire
En 1946, la municipalité de la Libération dirigée par Jean Philippot conçoit « un ensemble plus vaste » pour la rue du Prinquiau : outre les bains-douches et le lavoir, serait édifiée une « Maison du Peuple » comportant une grande salle de 1 500 places...
Anecdote : Une Maison du peuple bien impopulaire
En 1946, la municipalité de la Libération dirigée par Jean Philippot conçoit « un ensemble plus vaste » pour la rue du Prinquiau : outre les bains-douches et le lavoir, serait édifiée une « Maison du Peuple » comportant une grande salle de 1 500 places et des locaux annexes, salles de commissions, de sociétés, bibliothèque populaire, salles de jeux… Mais des voix hostiles se font entendre lors de l’enquête publique organisée deux ans plus tard. Un propriétaire s’insurge contre « cette dépense absolument somptuaire » en pleine crise du logement, tandis qu’un autre dénonce le péril socialo-communiste et voit dans cette Maison du Peuple une tentative de « noyautage au profit d’un parti qui n’a rien de français. » (!) Le ministère de l’Intérieur – la décentralisation est encore loin – se chargera de siffler la fin de la récréation en retoquant le projet au nom du « rétrécissement des disponibilités financières (…) dans les circonstances actuelles ».
Source : Archives municipales de Nantes, cotes 40W127, 40W129 et 40W130
Témoignage (1/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches ont été ouverts, j’ai donc eu le droit d’y aller une fois par semaine. Ma tante me donnait mon petit berlingot avant de partir. Beaucoup de gens du quartier venaient se laver à Prinquiau. Il fallait choisir notre heure parce que des fois, il fallait attendre. »
Propos de Eliane Barazer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce jour-là. Il fallait prendre un ticket. Les hommes se lavaient à l’étage et les femmes au rez-de-chaussée. Il ne fallait pas rester trop longtemps sous la douche parce que le gardien, qui devait avoir son chronomètre, frappait à la porte des douches pour nous signaler que le temps était écoulé et qu’il était temps de laisser la place aux autres. On entendait : « Au suivant ! »
Propos de Bernard Bolzer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (3/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches ont été ouverts, j’ai donc eu le droit d’y aller une fois par semaine. Ma tante me donnait mon petit berlingot avant de partir. Beaucoup de gens du quartier venaient se laver à Prinquiau. Il fallait choisir notre heure parce que des fois, il fallait attendre. »
Propos de Eliane Barazer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (4/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce jour-là. Il fallait prendre un ticket. Les hommes se lavaient à l’étage et les femmes au rez-de-chaussée. Il ne fallait pas rester trop longtemps sous la douche parce que le gardien, qui devait avoir son chronomètre, frappait à la porte des douches pour nous signaler que le temps était écoulé et qu’il était temps de laisser la place aux autres. On entendait : « Au suivant ! »
Propos de Bernard Bolzer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (1/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches...
Eliane Barazer
Témoignage (2/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce...
Bernard Bolzer
Témoignage (3/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches...
Témoignage (4/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce...
Anecdote : Une Maison du peuple bien impopulaire
En 1946, la municipalité de la Libération dirigée par Jean Philippot conçoit « un ensemble plus vaste » pour la rue du Prinquiau : outre les bains-douches et le lavoir, serait édifiée une « Maison du Peuple » comportant une grande salle de 1 500 places et des locaux annexes, salles de commissions, de sociétés, bibliothèque populaire, salles de jeux… Mais des voix hostiles se font entendre lors de l’enquête publique organisée deux ans plus tard. Un propriétaire s’insurge contre « cette dépense absolument somptuaire » en pleine crise du logement, tandis qu’un autre dénonce le péril socialo-communiste et voit dans cette Maison du Peuple une tentative de « noyautage au profit d’un parti qui n’a rien de français. » (!) Le ministère de l’Intérieur – la décentralisation est encore loin – se chargera de siffler la fin de la récréation en retoquant le projet au nom du « rétrécissement des disponibilités financières (…) dans les circonstances actuelles ».
Source : Archives municipales de Nantes, cotes 40W127, 40W129 et 40W130
Témoignage (1/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches ont été ouverts, j’ai donc eu le droit d’y aller une fois par semaine. Ma tante me donnait mon petit berlingot avant de partir. Beaucoup de gens du quartier venaient se laver à Prinquiau. Il fallait choisir notre heure parce que des fois, il fallait attendre. »
Propos de Eliane Barazer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce jour-là. Il fallait prendre un ticket. Les hommes se lavaient à l’étage et les femmes au rez-de-chaussée. Il ne fallait pas rester trop longtemps sous la douche parce que le gardien, qui devait avoir son chronomètre, frappait à la porte des douches pour nous signaler que le temps était écoulé et qu’il était temps de laisser la place aux autres. On entendait : « Au suivant ! »
Propos de Bernard Bolzer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (3/4) : Quand on n'avait pas l'eau à la maison
« J’habitais encore place Danton quand les bains-douches ont été construits. On était bien contents parce que nous n’avions pas l’eau à l’étage et on se lavait dans les bassines. Il fallait descendre dans la cour pour avoir de l’eau. Quand les bains-douches ont été ouverts, j’ai donc eu le droit d’y aller une fois par semaine. Ma tante me donnait mon petit berlingot avant de partir. Beaucoup de gens du quartier venaient se laver à Prinquiau. Il fallait choisir notre heure parce que des fois, il fallait attendre. »
Propos de Eliane Barazer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (4/4) : La douche chronométrée
« Quand j’habitais aux Bourderies, il n’y avait pas de douches à la maison. On avait un évier et un poêle à charbon mais pas d’eau chaude au robinet. On allait donc une fois par semaine, le samedi, aux bains-douches de Prinquiau. Il y avait la queue ce jour-là. Il fallait prendre un ticket. Les hommes se lavaient à l’étage et les femmes au rez-de-chaussée. Il ne fallait pas rester trop longtemps sous la douche parce que le gardien, qui devait avoir son chronomètre, frappait à la porte des douches pour nous signaler que le temps était écoulé et qu’il était temps de laisser la place aux autres. On entendait : « Au suivant ! »
Propos de Bernard Bolzer recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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En bref...
Localisation :
Prinquiau (rue de) 5-11, NANTES
Date de construction :
1956
Auteur de l'oeuvre :
Liberge, Yves (architecte) ; Mazuet, Jean (sculpteur)
Typologie :
architecture civile publique et génie civil
En savoir plus
Bibliographie
Archives de Nantes, Autour de la place Émile-Zola, Ville de Nantes, Nantes, 2013 (coll. Quartiers à vos mémoires)
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