Bandeau
Presbytère de Doulon Palais de la Bourse

7870

Anne de Bretagne (duchesse, 1477 – 1514)


Anne de Bretagne, fille aînée du duc François II et de sa seconde épouse, Marguerite de Foix, naît le 25 janvier 1477 dans une chambre du vieux logis du château de Nantes alors en pleins travaux. Elle passe son enfance entre Nantes, Vannes et Clisson. 

Un mariage de raison

Elle devient duchesse de Bretagne après la mort de son père en septembre 1488 mais, du fait de son opposition au projet d’union avec Alain d’Albret, elle perd le contrôle de Nantes et doit se réfugier à Rennes où elle épouse par procuration Maximilien, roi de Rome et maître des Pays-Bas (décembre 1490). Dans l’immédiat, ce dernier ne peut lui être d’aucune aide et Anne reste seule face au roi de France Charles VIII qui ne veut pas d’une telle alliance. Dans la nuit du 19 au 20 mars 1491, Alain d’Albret livre Nantes aux troupes royales et, au début de mois de septembre, Rennes est encerclée. Sous la pression de leur entourage respectif, Anne et Charles VIII acceptent finalement un mariage de raison qui est célébré à Langeais le 6 décembre 1491, préparant ainsi l’union de la Bretagne au royaume.

Fascicule publicitaire de l'hôtel de la Duchesse Anne

Fascicule publicitaire de l'hôtel de la Duchesse Anne

Date du document : vers 1920

Travaux au château

À partir de 1491, Anne réside principalement dans le val de Loire, d’abord à Amboise, sous le règne de Charles VIII, puis à Blois quand elle se remarie en 1499 avec son successeur Louis XII. Elle vient cependant à plusieurs reprises à Nantes, notamment en 1498, au moment de son veuvage – elle fait battre à cette occasion une monnaie d’or, la cadière –, en 1499 – son second mariage y est célébré – et en 1505 dans le cadre du tour de la Bretagne qu’elle accomplit alors. La fréquence de ses visites entraîne la reprise des travaux au château dont l’enceinte est complétée grâce à l’aménagement des tours du Port, de la Loire et du Fer-à-cheval. Les capacités d’accueil sont améliorées par l’achèvement du Grand logis – dont la lucarne centrale est ornée de la devise de la duchesse « Amavi » (« J’ai aimé ») – et de la tour de la Couronne d’or, qui est surmontée de loggias à l’italienne. Le mobilier est reconstitué et une bibliothèque de près de 1 500 volumes est mise en place.

Affichette publicitaire Anne de Bretagne

Affichette publicitaire Anne de Bretagne

Date du document : sans date

Son cœur est à Nantes

Anne meurt le 9 janvier 1514 à Blois à l’âge de 37 ans ; son corps est inhumé à Saint-Denis alors que son cœur est déposé à l’église des carmes de Nantes dans un superbe reliquaire aujourd’hui conservé au Musée Dobrée. Cette double sépulture, qui était ordinaire pour les princes de l’époque, devient, avec le temps, le symbole d’une vie partagée entre Bretagne et France.

Après sa mort, Anne entre progressivement dans la légende. À la suite de Bertrand d’Argentré, des historiens l’ont dépeinte comme un véritable chef d’État, symbole de la résistance bretonne à l’intégration au royaume de France ; d’autres, plus critiques, ont dénoncé le caractère néfaste de son influence, à l’instar des historiens républicains du 19e siècle, ou ont minimisé son rôle comme ses biographes les plus récents. À l’image de la princesse gardienne des privilèges de la Bretagne sous l’Ancien Régime a succédé celle de la duchesse en sabots, paysanne et catholique du 19e siècle. Aujourd’hui c’est le destin de la femme, duchesse à 11 ans, reine à 14 ans et décédée à 37 ans après avoir vu mourir sept de ses neuf enfants qui retient peut-être le plus l’attention. Au gré de ses métamorphoses et des débats auxquels elle a donné naissance, Anne de Bretagne est ainsi progressivement entrée dans la mémoire collective.

Dominique Le Page
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En savoir plus

Bibliographie

Anne de Bretagne : une histoire, un mythe : exposition, Musée du château des ducs de Bretagne, Nantes, Somogy, Paris, 2007

Hamon Philippe, « Du berceau au reliquaire : Nantes et  Anne  de  Bretagne   entre  histoire  et mémoire », Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°46, juillet-août 2014, p. 86-93

Le Fur  Didier, Anne de Bretagne : miroir d’une reine, historiographie d’un mythe, Guénégaud, Paris, 2000

Le Page Dominique, Anne de Bretagne duchesse et reine : la fin de la principauté bretonne, Ed. du château des ducs de Bretagne, Nantes, 2018

Minois Georges, Anne de Bretagne, Fayard, Paris, 1999

Webographie

La cadière d'or d'Anne de Bretagne Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Les manuscrits d'Anne de Bretagne à la Bibliothèque municipale Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Pages liées

Reliquaire

Rapport à la Bretagne

Château des Ducs de Bretagne

Tags

Duché de Bretagne Femme célèbre

Contributeurs

Rédaction d'article :

Dominique Le Page

Vous aimerez aussi

Jardin des Plantes

Architecture et urbanisme/ Les incontournables/ Géographie et biodiversité

Ce jardin s’inscrit dans deux traditions bien différentes. La première, nantaise, tient au commerce du port, qui facilite l’arrivée de plantes exotiques et explique la fonction de «...

Contributeur(s) :Alain Croix

Date de publication : 11/09/2019

5242

Ports

Architecture et urbanisme

Le port de Nantes occupe le site de fond de l’estuaire, à 56 kilomètres de la mer, à l’emplacement du premier pont. Ce sont les révolutions techniques dans les transports maritimes...

Contributeur(s) :Jacques Marcadon

Date de publication : 08/04/2019

4015

L’histoire regorge de crimes ayant particulièrement frappé ce que l’on nomme de manière un peu hasardeuse « l’opinion publique ». Ces crimes à succès – à succès médiatique,...

Contributeur(s) :Hugo Aribart

Date de publication : 19/10/2020

1956