Abraham Ferdinand Favre (1779 – 1867)
Fraîchement immigré à Nantes avec ses parents – des protestants de souche française installés à Neuchâtel (Suisse) depuis le 17e siècle – Ferdinand Favre est enrôlé en 1794 dans la Garde nationale pour combattre les insurgés vendéens. C’est le premier engagement d’un homme qui entrera en politique tout en jouant un rôle dans le domaine économique, à l’exemple des Petitpierre, importants fabricants d’indiennes à Nantes, famille à laquelle il appartient par sa mère, Marguerite Petitpierre. Il symbolise ainsi l’accession des industriels au rang de notables.
Portrait de Ferdinand Favre, maire de Nantes
Date du document : 19e siècle
Sous la Restauration, un régime auquel il s’oppose ouvertement, Ferdinand Favre se fait remarquer à la Société académique où il croise d’autres personnalités du monde des affaires, tels le raffineur Louis Say ou l’armateur Thomas Dobrée, eux aussi de confession protestante. Cette société savante est alors le creuset où les idées nouvelles se forgent, bientôt mises en œuvre par la monarchie de Juillet. En 1830, Favre adhère avec enthousiasme au nouveau régime. Il est d’ailleurs récompensé pour son zèle en 1832 : Louis-Philippe le nomme maire de Nantes. Il occupe des fonctions politiques sans discontinuer pendant 35 ans : maire (1832-1846 puis 1852-1865), conseiller général du 4e canton (1833-1867), député (1848-1852) puis sénateur (1857-1867).
Dès le début de son mandat, Ferdinand Favre fonde l’école primaire supérieure, qui deviendra plus tard l’école professionnelle de Launay, idée défendue par les saint-simoniens, et notamment par l’avocat Adolphe Billault, son adjoint à la mairie. Arsène Leloup en est le premier directeur. Quelques années après, en 1846, c’est encore la municipalité Favre qui préside à la création par Eugène Livet d’un établissement technique privé avec pensionnat. Ces créations favorisent le développement industriel et commercial en même temps que la machine à vapeur équipe de plus en plus d’entreprises.
L’action de Ferdinand Favre est également remarquable sur le plan de l’urbanisme.
À partir de 1840, les chantiers navals sont transférés sur la Prairie-au-Duc qui s’industrialise rapidement. Une ville nouvelle s’étend à l’ouest, tandis que des travaux sont engagés dans les faubourgs. Mais en 1846, Nantes est frappée par la crise et le chômage et le maire est révoqué par le nouveau pouvoir sorti de la révolution de 1848. À 69 ans, il est élu député à la Constituante et vote avec la gauche l’abolition de la peine de mort.
Nommé une nouvelle fois maire de Nantes en 1852, par un décret de Louis-Napoléon Bonaparte, Ferdinand Favre est alors à la tête d’une ville de 120 000 habitants, nécessitant des services publics, des logements et de nouvelles infrastructures. Pendant 13 ans, il se consacre à sa tâche municipale. Il meurt le 16 juillet 1867. Resté célibataire, Ferdinand Favre n’a pas de postérité, sinon celle des camélias, dont ce jardinier passionné est l’introducteur à Nantes en 1806, ce que rappelle le camélia « Souvenir de Ferdinand Favre », créé en 1998.
Yves Rochecongar
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Bagrin Sylvie, Laé Frédéric, « Ferdinand Abraham Favre (1779-1867) », dans De la Loire-Inférieure à la Loire-Atlantique : histoire du Conseil général, Coiffard, Nantes, 2011, p. 100-103
« Ferdinand Favre 104e maire de Nantes. La révolution de 1848 à Nantes », dans La Ville de Nantes de la monarchie de Juillet à nos jours, tome 1, Reflets du passé, Nantes, 1985, p. 13-34
Kahn Claude, Landais Jean, « La vie politique », dans Nantes et les Nantais sous le second Empire, Ouest éd., Nantes, 1992, p. 15-30
Makarius Catherine, « Les camélias de Monsieur Favre », dans Nantes, la ville aux 100 jardins : le jardin des plantes, Éditions Retrouvées, Paris, 2015, p. 28-37
Roy Bernard, « La tribu des Favre. Rôle exact dans l'indiennage des divers Petitpierre et des Favre », dans Une capitale de l'Indiennage : Nantes, Musée des Salorges, Nantes, 1948, p. 219-228
Webographie
Ferdinand Favre sur le site des parcs et jardins de Nantes
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Yves Rochcongar
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