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Rue Frédéric-Cailliaud


L’actuelle rue Frédéric-Cailliaud est un très ancien chemin qui part de l’actuelle rue Gambetta pour se terminer au boulevard Stalingrad. Si la partie haute de la rue est très ancienne, le tronçon du bas (débutant au niveau de la rue d’Allonville) a été aménagé au 19e siècle lors des aménagements des voies d’isolement du Jardin des Plantes.

Un chemin impraticable entre les vignes

Au 16e siècle, c’est entre les vignes de Bellestre et de la Bouteillerie que cette voie ancienne reliait la rue Richebourg aux propriétés comme la Mocarderie ou le Moulin du Chapitre. Cet axe porta le nom de chemin ou ruelle « des Trois-Pendus », du nom d’une tenue plus au nord qui correspond à l’actuel n°63 de la rue Gaston-Turpin.

Plan de 1711 centré sur la rue des Trois-Pendus et l’enclos de la Bouteillerie

Plan de 1711 centré sur la rue des Trois-Pendus et l’enclos de la Bouteillerie

Date du document : 1711

En 1733, une ordonnance indique que « cette ruelle a été de tout temps un chemin public » ; cette  voie bordant le couvent des Ursulines et la Bouteillerie appartenant aux pères Chartreux est « impraticable au public dans toutes les saisons, soit dans l’hiver soit dans l’été par les eaux pluviales qui tombent des maisons voisines » et par « l’écoulement des eaux d’un vivier […] de la maison de la Mocarderie ». La ruelle paraît avoir été pavée auparavant puisque des traces de l’ancien pavement sont encore visibles à cette époque. Inaccessible, le chemin prive souvent les habitants malades de sacrements, les religieux ne pouvant se déplacer jusqu’à leur demeure. La réparation du sol de la rue consisterait à refaire un pavement à la charge des riverains propriétaires. Ces travaux sont contestés par les propriétaires des tenues voisines qui considèrent que c’est à la municipalité de Nantes d’en payer les frais.

Une ruelle fermée

Lors des mesures de fortifications prises pendant les événements de la bataille de Nantes en juin 1793, la ruelle est bouchée à ses deux issues. Elle porte alors le nom de « rue Libitine » d’après la déesse romaine des funérailles, de part sa proximité avec le cimetière de la Bouteillerie. Elle s’est également appelée « ruelle d’Orléans » du nom d’Ymbert d’Orléans, échevin au 16e siècle. Ce dernier était propriétaire de la maison de Beauvoir-sur-Loire. Démolie en 1851, elle était située à l’emplacement de l’actuel passage piéton traversant la rue Frédéric-Cailliaud, près de l’entrée est du Jardin des Plantes. Un habitant de cette maison réclame en 1798 l’autorisation de mettre ses bestiaux dans la ruelle car il ne possède pas d’écurie.

En 1818, propriétaires et habitants du quartier du Bourg-Fumé précisent dans un courrier adressé au maire de Nantes que cette rue était autrefois empruntée par les enfants qui se rendaient au catéchisme et autres lieux d’instruction, mais qu’ils doivent désormais faire un long détour pour accéder aux faubourgs de Saint-Clément et Saint-Donatien. Ce courrier nous apprend également que le propriétaire de la Bouteillerie s’est emparé de cette rue « sans titres et sans droits ». La partie supérieure de la rue est comme réunie au cimetière de la Bouteillerie depuis 1801 tandis que la partie inférieure est effectivement occupée par le jardinier Alexandre Audrain. En 1822, un devis indique cette voie comme étant nommée « rue du Repos » sans aucun doute en lien au repos des âmes du cimetière de la Bouteillerie.

Plan du cimetière de la Bouteillerie

Plan du cimetière de la Bouteillerie

Date du document : 12/09/1801

Une rue nouvelle

Dès 1838, un projet de percement d’une rue pour établir une communication directe entre Richebourg et le quartier Saint-Clément est envisagé. Les travaux impliqueraient la reconstruction et l’alignement du mur est du Jardin des Plantes.

Depuis 1855, une autre percée est prévue au sud est du jardin botanique, entre la rue Richebourg et « la grande rue qui longe la gare du chemin de fer » (actuel boulevard Stalingrad). En 1851, la famille Perraudeau donne et vend une partie de leur propriété pour l’établissement de cette voie ; cette rue nouvelle prend plus tard le nom de Frédéric Cailliaud, conservateur du Muséum d’histoire naturelle décédé à Nantes en 1869.

Portrait de Frédéric Cailliaud

Portrait de Frédéric Cailliaud

Date du document : 19e siècle

Cette rue est supprimée après 1876 pour permettre l’ouverture de la voie plus à l’est, formant ainsi la partie basse de l’actuelle rue Frédéric-Cailliaud.

Modification du tracé de la partie basse de la rue Frédéric-Cailliaud

Modification du tracé de la partie basse de la rue Frédéric-Cailliaud

Date du document : 1876

En 1867, le percement de la partie haute de la rue n’est toujours pas effectué et Louis Cottineau, propriétaire de la tenue de la Bouteillerie qui a vendu une partie de son terrain à la municipalité, s’en désole. En 1870, la partie inférieure de la tenue de la Bouteillerie voit se construire les bâtiments d’une maison de retraite pour les religieuses des Dames de la Sagesse. Une chapelle attenante aux bâtiment, construite par la suite, prend le nom de Notre-Dame-des-Anges, le même que celui du pensionnat qui en dépend.

Le Jardin des Plantes en 1878

Le Jardin des Plantes en 1878

Date du document : 1878

C’est à cette même période qu’un habitant du quartier s’oppose à la création de cette nouvelle rue qui « située entre deux propriétés publiques, excluant toute possibilité d’habitation ou presque […] ne pourrait que devenir un lieu de rendez-vous de la pire espèce, ou de scènes de la nature de celles qui ont déjà motivé sa suppression après lui avoir mérité le nom de "rue des Trois-Pendus" ». 

Le 10 mars 1875, le conseil municipal décide que la rue des Trois-Pendus serait ouverte conformément aux alignements approuvés ; dans sa continuité vers le sud, la nouvelle rue est percée et reprend le nom de la première petite voie supprimée : rue Frédéric-Cailliaud. Plus tard, c’est tout l’axe allant de l’actuel boulevard Stalingrad à l’actuelle rue Gambetta qui prend ce nom et la dénomination des Trois-Pendus est abandonnée à tout jamais. 

Kevin Morice
Archives de Nantes
2024

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En savoir plus

Ressources Archives de Nantes

1O271 : Dossier de voirie, rue Frédéric-Cailliaud (1798-1888)

Pages liées

Ancienne tenue de Bellestre

Tenue des Trois-Pendus

La Mocarderie et la Communauté de la Grande Providence

Jardin des Plantes

Fortifications de 1793

Tags

Rue Urbanisme Malakoff - Saint-Donatien

Contributeurs

Rédaction d'article :

Kevin Morice

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