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Ancien collège Saint-Clément, Pavillon Desgrées du Lou


Le collège Saint-Clément était un établissement central de l’enseignement secondaire nantais. Devenu caserne militaire, il abrite aujourd’hui une résidence privée.

L’enseignement nantais au 16e siècle

Le collège Saint-Clément semble créé en 1555 ou 1557. Il est alors uni à la cure de Saint-Julien-de-Vouvantes, c’est-à-dire à la fonction du curé. L’acte d’union entre le collège et la cure est homologué par le pape Pie IV le 23 mars 1562. Le 14 juillet 1557, un traité est signé par Pierre Bintin et Jacques Le Bigot, désignés pour être les principaux du nouveau collège, et le Corps de ville nantais, représentant la communauté d’habitants de la ville. Selon ce traité, la Ville doit fournir le mobilier, entretenir les bâtiments et verser aux principaux du collège une indemnité. Des meubles de l’ancien hôpital Saint-Clément, transféré à Toussaint, sont ainsi vendus et installés au collège.

Le collège Saint-Clément est chargé d’enseigner la lecture et la rhétorique en latin, en grec et en hébreu, ainsi que des matières scientifiques. On fait venir des professeurs de Paris et de Montaigu pour assurer les cours. Les revenus de la cure permettent de les rémunérer. Par ailleurs, en 1559, la cure est exemptée de toute imposition. Pour autant le receveur des décimes du diocèse, chargé de lever l’impôt, ne semble pas respecter cette exemption et insiste pour recevoir les taxes de la cure. En 1565 le roi Charles IX confirme l’exemption d’imposition de la cure de Saint-Julien-de-Vouvantes, qui est de nouveau garantie par Louis XIV en 1653, montrant les difficultés à la faire respecter !

Le roi Charles IX autorise en 1573 la Ville de Nantes à utiliser un octroi qu’il lui a récemment été accordé pour payer les principaux Bintin et Le Bigot. Néanmoins, les archives témoignent d’importantes difficultés financières. La Ville ne verse que 600 livres tournois aux principaux alors que les dépenses pour l’entretien général du collège demandent 1 000 à 1 200 livres ! Bintin et Le Bigot abandonnent leur fonction en 1578 sans que les sources nous en donnent la raison. La Ville rencontre d’importantes difficultés pour les remplacer. En 1581, le nouveau principal Jacques Macé fait faire quelques travaux : une grande chaire pour le régent (grade de professeur) de la première classe, ainsi qu’une salle d’étude. 

Le collège oratorien

Au début du 17e siècle, la congrégation de l’Oratoire, fondée au siècle précédent, cherche à s’installer à Nantes. La municipalité exprime une certaine méfiance à leur égard puis accepte leur installation en 1619, à condition qu’ils s’installent en-dehors des limites de la cité. 

En 1625, les magistrats municipaux accordent la direction du collège Saint-Clément aux Oratoriens, de façon temporaire puis pérenne à partir de 1672. Les Oratoriens sont également à la tête de la Faculté des Arts depuis 1624. En 1650, ils relèvent la Faculté de Théologie, tombée en désuétude à la fin du siècle précédent. Ces derniers ont alors le monopole de l’enseignement à Nantes, et ce jusqu’à la Révolution française. En 1655, le collège Saint-Clément fusionne avec le collège Saint-Jean. En effet, la coexistence des deux institutions qui ont chacune besoin de travaux, est trop coûteuse. Ainsi, à la fin du 17e siècle, le collège oratorien gagne en importance : la plupart des personnes se destinant à la prêtrise y sont inscrits.
 

Pour autant, le collège Saint-Clément est en très mauvais état. Des travaux deviennent nécessaires. À partir de 1655, un chantier est entrepris pour construire un nouvel établissement au même emplacement, conçu par l’architecte Gilles Corbineau. Néanmoins, les travaux prennent du retard, notamment après le décès de Corbineau en janvier 1661. En 1670, seule la moitié du collège est construite. Finalement, le nouvel établissement prend la forme d’un vaste quadrilatère de bâtiments. Un jardin à la française complète l’ensemble.

La caserne du Collège

En 1810, les archives font état de l’existence de la caserne de l’Oratoire ou du Collège. La date de reconversion du collège en caserne n’est néanmoins pas indiquée. Pour autant, peut-être que durant la période révolutionnaire, l’ancien collège a pu être déclaré bien national et dès lors utilisé par l’Armée, comme le couvent de la Visitation voisin. Par ailleurs, ces deux casernes, séparées par une seule rue, sont souvent confondues en un même ensemble. Au-delà des appellations de Visitation, Collège ou encore Oratoire, les archives du 19e siècle désignent parfois la caserne de la Visitation comme la caserne n° 1 et celle du Collège comme la caserne n° 2. 

La caserne du Collège semble alors être une caserne de passage, comme de nombreuses autres à Nantes. Avant 1913, elle a aussi accueilli les pompiers de la ville. 

Pavillon Desgrées du Lou

En 1921, le pavillon Desgrées du Lou est construit dans l’ancien collège Saint-Clément, au centre des bâtiments préexistants. Alors qu’une caserne permet le logement des militaires, un pavillon accueille plutôt les services administratifs et la hiérarchie. Plusieurs bâtiments sont alors construits pour aménager bureaux et logements.

Le pavillon porte le nom d’un militaire nantais, décédé lors de la Première Guerre mondiale. Les 5 et 6 août 1914, les troupes positionnées à Nantes partent rejoindre le front, dont le 65e régiment d’infanterie qui franchit la frontière belge le 20 août. Aux cours du conflit, 1900 hommes de ce régiment périssent ainsi que 112 officiers, dont le chef de corps Desgrées du Lou, qui meurt au combat en 1915.

Le pavillon Desgrées du Lou regroupe alors des logements militaires, le bureau de reconversion des militaires, l’association de femmes de militaires, le siège de la 33e division militaire territoriale ou encore le centre de recrutement de la Légion étrangère. Le bureau local du Centre de documentation de l’armée de Terre s’y installe en 1968 ou 1969 (depuis renommé Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées, aujourd’hui à la caserne Richemont). À la fin des années 1970, le pavillon Desgrées du Lou est entièrement rénové.

L’armée quitte le pavillon Desgrées du Lou dans la première moitié des années 2010, dans le cadre de la réduction des effectifs à Nantes. L’ensemble est alors constitué de 6 bâtiments du 19e siècle, dans un état relativement vétuste. Le groupe Espace investissement achète l’ensemble et, en attendant le début des travaux, il donne carte blanche à la galeriste Albane qui y propose une exposition d’art contemporain du 18 au 24 février 2013 nommée « L’Art au Carré ».

L’ancien pavillon Desgrées du Lou est aujourd’hui devenu « Le Carré vert », une résidence comptant 45 logements de prestige, dans un cadre végétalisé. Les bâtiments du 19e siècle ont été conservés dans cette reconversion.

Léa Grieu, d’après les recherches de Xavier Trochu
Direction du Patrimoine et de l’Archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2024

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