16 avril 1934 : manifestation antifascistes
Ce 16 avril 1934, les Salons Mauduit s’apprêtent à accueillir une réunion privée des Jeunesses patriotes (JP) dont l’orateur vedette sera Philippe Henriot, la future « voix de la Collaboration ». Mais la gauche nantaise ne l’entend pas de cette oreille, car l’émeute parisienne du 6 février est dans toutes les têtes…
Un meeting sous haute tension
Député de la Gironde et fervent admirateur du Duce, Henriot est alors en plein tour de France, multipliant les meetings pour y conspuer le parlementarisme, les communistes et autres « judéo-maçons ». Le meeting, interdit par le préfet Mathivet mais autorisé par le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, verra intervenir également le député monarchiste local Jean Le Cour Grandmaison, le vice-président des JP, Henri Provost de la Fardinière, ainsi que Noël Pinelli, vice-président du Conseil municipal de Paris, trois « apprentis dictateurs » selon Le Populaire de Nantes. Le journal de Gaston Veil indique qu’à l’occasion d’un meeting organisé par le Groupement de défense de la démocratie, syndicats et organisations de gauche non communistes ont décidé de barrer l’accès à la salle aux JP et autres Camelots du roi. Ils tiennent promesse.
Des heurts violents entre les fascistes et les contre-manifestants
De sérieuses bagarres éclatent alors entre contre-manifestants et fascistes auxquels se mêlent les gardes mobiles à cheval dépêchés là pour libérer la rue. On relève quelques blessés, notamment des JP puisque deux de leurs militants sont hospitalisés. Affrontements violents donc, peut-être dus à la présence, selon Le Populaire de Nantes, de deux cents membres des « troupes d’assaut », armés de cannes plombées et matraques, et chargés de protéger Henriot ; information aussitôt démentie par les organisateurs !
La contre-manifestation est une réussite car seul un petit nombre de fascistes sont parvenus à gagner les salons Mauduit en passant par un passage privé, tandis que d’autres, qui en furent empêchés, se vengent en détruisant les vitres du siège d’une loge maçonnique, rue Jean-Jaurès.
Cette soirée mouvementée souligne à la fois la force des ligues d’extrême-droite et celle de l’antifascisme populaire, même si pour ce 16 avril, seules les réformistes se sont mobilisées. Mais le 1er mai 1934, pour la première fois depuis 1922 et la scission syndicale, c’est unis que CGT (réformiste) et CGTU (communiste) défileront dans les rues de Nantes. Le temps du « front populaire » est venu…
Yvon Gourhand
Article tiré du blog Fragments d’histoire sociale en Pays-de-la-Loire du Centre d’histoire du travail
2021
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Webographie
Nantes, le 16 avril 1934 : démocratie contre fascisme, blog du Centre d’histoire du travail
Site internet du Centre d’histoire du travail
Romain Ducoulombier, « Le 6 février 1934 n’est nullement un coup d’État fasciste » – Interview de l’historien Olivier Dard sur le site Paprik@2F
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Yvon Gourhand
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