Louis-Ferdinand Céline et Nantes
Ce qui lie l’auteur Louis-Ferdinand Céline et la Bretagne est son ascendance du côté paternelle, son grand-père étant né à Vannes en 1835, et ses études de médecine à Rennes après la Première Guerre mondiale. Concernant Nantes, l’écrivain y fera plusieurs passages et mentionnera également la ville dans différents romans.
Le mariage d’une tante nantaise
Le père de Louis-Ferdinand Céline, Auguste-Ferdinand Destouches, sans doute accompagné de son épouse Marguerite et son fils Louis, assiste au mariage de son beau-frère Julien Guillou avec la nantaise Marie-Jeanne Joubert résidant place de la Bourse. En 1908, tandis qu’il séjourne à Diepholz, un courrier envoyé d’Allemagne à la famille Joubert fait partie des indices qui suggèrent que Céline se soit rendu à Nantes à l’occasion du mariage de sa tante.
1914-1918
Le 15 septembre 1914, durant la Première Guerre mondiale, alors qu’il est cuirassé, Louis-Ferdinand Céline écrit à ses parents et évoque « les trois lettres de Nantes ». Plus tard, alors que la guerre est terminée et qu’il est employé par la Fondation Rockfeller, il donne une conférence sur la tuberculose à Nantes. Elle se déroule en décembre 1918 dans le théâtre Colbert, l’actuelle salle Francine Vasse. La presse de l’époque décrit son intervention comme une « causerie très applaudie sur la maladie et les moyens de la combattre et de la dépister ». Le journaliste de Ouest-Éclair, qui retransmet des extraits du discours de Céline, indique que la « tuberculose ne serait que la punition de nos vies mal réglées, de notre ignorance, de nos pêchés contre l’hygiène et la tempérance […] ». La soirée se poursuivit en musique (piano, violoncelle, violon) et par des « vues cinématographiques exposant les dangers de l’alcoolisme et de la tuberculose ».
Façade de la salle Colbert en 1962
Date du document : 15/11/1962
Céline et Chantenay
Le futur auteur, à présent étudiant en médecine au début des années 1920, se lie d’amitié avec Marcel Brochard. Ce dernier est le créateur de l’entreprise Galland et Brochard (futur entreprise Armor), fabricant de papier carbone. Marcel Brochard évoquait dans une interview de Dominique Le Roux : « Je me souviens très bien, en venant me voir à Chantenay dans ma petite fabrique de quatre sous et me disant : "Je veux être médecin dans ton quartier. Je vais installer un petit cabinet pour les pauvres". » Ainsi, avant l’ouverture d’un cabinet médical à Clichy, sa première volonté était de s’installer à Nantes vers 1922.
Portrait de Louis-Ferdinand Céline durant les années 1920
Date du document : Vers 1920
Une anecdote rapportée par Monique Baudry, fille de Marcel Brochard, décrit un trajet en side-car sur une route au nord de Nantes où Louis-Ferdinand Céline avait emmené son épouse Edith Follet et la femme de Marcel Brochard, Denise Ertaud : « Un jour, Céline a emmené ma mère et sa femme dans son side-car pour aller faire un tour. Sur la route qui mène à Sucé-sur-Erdre, il y a des tournants. À un moment, le side-car a viré et maman s’est retrouvée dans le fossé ! J’ai toujours entendu cette anecdote à la maison. » Les deux amis se perdent de vue vers 1926.
Nantes dans les romans
S’il fait parlé de lui avec le prix Renaudot qu’il reçoit pour son ouvrage Voyage au bout de la nuit paru en 1932, l’auteur de pamphlets antisémites est surtout frappé d’indignité nationale en 1950. Louis-Ferdinand Céline évoque Nantes dans ses ouvrages comme en 1952 dans son roman Féerie pour une autre fois, où il écrit : « Ils amènent même une tante de Nantes, une qu’ils hébergeaient pour deux jours ! » Sans doute une référence à sa tante Marie-Jeanne Joubert.
En 1957, dans le livre D’un château l’autre, il écrit : « Göttingen, Cassel, Osnabrück ? si tout le monde s’en fout !… Autant que de Trébizonde ou de Nantes !… villes qu’auraient très bien pu brûler deux cents ans de plus ! »
La même année, l’auteur mentionne Villebois-Mareuil, un des fondateurs de l’Action française, qu’il cite dans un courrier adressé au photographe Pierre Duverger : « N’oubliez pas Villebois-Mareuil il avait sa statue à Nantes place de la Bourse ».
Statue de Villebois-Mareuil, place de la Bourse
Date du document : Début 20e siècle
Louis-Ferdinand Céline décède en 1961. Dans le roman Rigodon, publié à titre posthume en 1969, il mentionne « le père Leduc de Nantes ». Stéphane Armand Nicolas Leduc (1853-1939), né et mort à Nantes, était un biologiste et chimiste français, professeur à l’École de Médecine de Nantes.
En août 2021, la restitution de manuscrits volés à l’auteur a permis la réédition de deux ouvrages inédits tels que Guerre et Londres ; à ce sujet, du 2 au 5 juillet 2024, s’est déroulé le colloque « Les manuscrits retrouvés » organisé par l’Université de Nantes (LAMO) et la Société d’études céliniennes.
Kevin Morice
Archives de Nantes
2024
En savoir plus
Bibliographie
Richard Gaël, La Bretagne de L.F Céline, Du Lérot éditeur, 2014, 560 pages
Webographie
« Le père de Monique a créé Armor il y a 100 ans » sur le site internet de Ouest-France
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Rédaction d'article :
Kevin Morice
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