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Médailles de l’exposition générale de Nantes en 1861


Au 19e siècle, les grandes expositions industrielles et commerciales, visant à la promotion des produits de l’industrie nationale et au développement du commerce, se multiplient. Lors de ces grandes fêtes, des médailles sont largement distribuées pour récompenser les meilleurs produits dans d’innombrables catégories. Nantes, n’était pas en reste…

Un grand événement

L’une des plus fameuses, mais aussi l’une des premières, de ces grandes expositions nantaises se déroule durant le Second Empire en 1861. Pour accueillir cet événement d’ampleur nationale, trois immenses pavillons sont construits en plein centre ville, sur les promenades situées juste à l’arrière de la cathédrale. Un premier bâtiment, le plus modeste mais mesurant tout de même 60 mètres de long par 32 de large, hébergeait l’exposition des Beaux-Arts sur la place de la Duchesse-Anne. Les deux autres pavillons, longs de 82 mètres et larges de 25, se faisaient face : l’un sur le cours Saint-André, accueillant les tissus et les industries fines, l’autre sur le cours Saint-Pierre, abritant les machines des grosses industries.

La construction de ces édifices temporaires, devant être détruits à l’issue de l’exposition, fut confiée aux charpentiers Joseph Doury et Jean-Louis Josse sous la conduite d’Henri-Théodore Driollet, architecte-voyer de la Ville. Même s’il n’en reste aucune trace aujourd’hui, la qualité architecturale et technique du pavillon situé sur le cours Saint-Pierre apparaît sur une rarissime photographie prise depuis la rive opposée de la Loire.

Pavillon de l’Exposition Générale de Nantes en 1861

Pavillon de l’Exposition Générale de Nantes en 1861

Date du document : 1861

Des médailles pour se souvenir

Or, sans forcément le savoir, beaucoup de numismates nantais connaissaient ce bâtiment, car il apparaît magnifiquement représenté au revers d’une superbe médaille de 38 millimètres de diamètre. Celle-ci est assez commune aujourd’hui encore, puisqu’on la rencontre régulièrement en bronze, un peu moins souvent en bronze doré, et très rarement en argent.

Médaille commémorative en bronze doré de l’Exposition Générale de Nantes

Médaille commémorative en bronze doré de l’Exposition Générale de Nantes

Date du document : 1861

À l’avers de cette médaille apparaît logiquement le portrait de l’empereur Napoléon III, la tête nue, comme sur les monnaies d’alors. Tandis que le revers porte la légende « MÉDAILLE COMMÉMORATIVE DE L’EXPOSITION GÉNÉRALE DE NANTES 1861 » et rappelle l’autorité locale « F. FAVRE SÉNATEUR MAIRE ». Plein champ, se dresse en haut de marches un splendide bâtiment au fronton décoré de colonnades et de groupes statuaires à l’Antique.

La comparaison entre la photographie précédente et le revers de cette médaille montre assez la finesse du détail et l’extrême qualité de la gravure signée « Hamel Rouen » (sous les marches de part et d’autre du millésime). Pourquoi être allé chercher un graveur en médailles à Rouen, alors qu’il y en avait à Nantes, notamment les établissements Charpentier ? Peut-être pour la renommée de l’artiste, auquel on doit par exemple les belles médailles de l’exposition régionale de Rouen en 1859 ? Quoiqu’il en soit, on ne peut que rendre hommage à la précision du travail d’Hamel qui prit même soin, avant de finaliser et de signer son œuvre, d’en vérifier la qualité par un cliché, c’est-à-dire en prenant une empreinte en étain du coin en cours de réalisation.

Empreinte en étain de la médaille en cours de réalisation

Empreinte en étain de la médaille en cours de réalisation

Date du document : 1861

Des médailles pour récompenser

Mais, une autre médaille, beaucoup plus imposante, fut également commandée à Hamel à l’occasion de cette grande exposition nantaise.

À l’avers, apparaît cette fois le portrait de l’impératrice Eugénie de Montijo, marraine de l’événement. Au revers, la légende « EXPOSITION NATIONALE DE NANTES 1861 » entoure un cartouche chargé d’un écu aux armes de la Ville de Nantes, surmonté d’une couronne murale et ceint de palmes tenues par un ruban portant la devise nantaise « FAVET NEPTUNUS EUNTI » (Neptune favorise ceux qui osent). En-dessous, un cartouche permet de graver le nom du récipiendaire. À l’exergue, en toutes petites lettres, on retrouve à nouveau la signature « HAMEL à ROUEN ».

D’un diamètre de 53 millimètres, pour un poids compris entre 70 et 75 grammes, cette médaille se rencontre régulièrement en bronze, très rarement en argent et seulement deux ou trois exemplaires en or sont connus à ce jour. Ces médailles furent notamment offertes aux membres des jurys.

Médaille offerte aux personnes primées durant l’Exposition Générale de Nantes de 1861

Médaille offerte aux personnes primées durant l’Exposition Générale de Nantes de 1861

Date du document : 1861

Cette seconde médaille servait moins à perpétuer le souvenir de l’exposition, qu’à honorer les personnes primées. Du coup, ainsi que cela se faisait, plusieurs récipiendaires ont exhibé cette médaille comme un trophée. Certaines sociétés l’ont figurée sur leurs enveloppes, leurs factures, leurs papiers à en-tête, comme élément décoratif, mais surtout comme gage de qualité de leur travail.

Carte de visite du photographe Jules Sébire

Carte de visite du photographe Jules Sébire

Date du document :

L’un d’eux, le magasin « Au Grand Maître » tenu par M. Boissière, allée Brancas, a même fait reproduire cette médaille pour l’incruster en façade au-dessus de sa vitrine principale… Et elle y est encore aujourd’hui ! Les passagers des transports en commun nantais peuvent la voir chaque jour à la croisée des trams, juste au-dessus de l’espace mobilité de Naolib.

Il existe enfin un dernier modèle de médailles qui, comme les précédentes, étaient destinées à être remises aux vainqueurs des prix. Or, si les médailles à l’effigie de l’impératrice sont aujourd’hui encore très communes, cet autre type, figurant cette fois le portrait couronné de l’empereur, sont d’une grande rareté. Deux, peut-être trois exemplaires connus. Il est difficile d’expliquer cette rareté. Peut-être que ces médailles étaient réservées à une catégorie très précise ? Quoiqu’il en fût, il s’agit d’une très belle pièce réalisée, non pas par un artisan de province, mais par le graveur de Sa Majesté l’empereur en personne, Armand-Auguste Caqué (1793-1881). Sa signature apparaît à l’avers sous l’effigie officielle de Napoléon III, la tête à gauche, couronnée de lauriers. Le revers porte simplement la mention « EXPOSITION DE NANTES », puis l’année 1861, séparées par un large espace vide devant recevoir le nom du récipiendaire gravé en creux, le tout entouré d’une couronne de chêne.

Enfin, la tranche présente très clairement le poinçon « ARGENT » précédé de l’abeille, marque utilisée par la Monnaie de Paris de 1860 à 1879 pour identifier ses productions. Ainsi, à la différence des médailles présentées plus haut (illustrations n°2 et n°4), cette dernière pièce n’est pas le résultat d’une fabrication locale, mais bien le produit d’une frappe officielle de la Monnaie de Paris. Elle mesure 41 millimètres de diamètre, pour un poids de 37,80 grammes.

Second type de médailles offertes aux personnes primées durant l’Exposition Générale de Nantes de 1861

Second type de médailles offertes aux personnes primées durant l’Exposition Générale de Nantes de 1861

Date du document : 1861

La qualité de ces médailles, leur nombre aussi, dit toute l’importance de cet événement organisé à la gloire de l’industrie, des sciences et des arts de l’empire.

Gildas Salaün
2024

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En savoir plus

Bibliographie

Gildas Salaün, « Médailles et papier à en-tête de Nantes », Armor Numis, Association numismatique armoricaine, n° 126, 2014, page 69 à 74

Ressources Archives de Nantes

L’exposition nationale de 1861 dans l’exposition « Nantes au 19e siècle » (page 4) Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Pages liées

Place de la Duchesse-Anne

Abraham Ferdinand Favre (Couvet, 1779 - Paris, 1867)

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Centre Ville Événements nantais Travail Objet et mobilier urbain

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Rédaction d'article :

Gildas Salaün

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