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Nantes la bien chantée : La commission oubliée Parcs

Entreprise Denis-Renaud


Spécialisée dans le transport de marchandises, l’entreprise Denis-Renaud est fondée par Pierre Denis en 1911. Longtemps dotée de véhicules hippomobiles, ses chevaux sont connus pour avoir tiré des chars lors des défilés du Carnaval nantais.

L’entreprise Denis-Renaud est créée le 15 juin 1911 par Pierre Denis (1870-1949). Spécialisée dans le camionnage, elle dispose alors d’un attelage, d’un cheval et d’une charrette. Parmi ses clients figurent les savonneries nantaises ; l’entreprise se charge notamment du transport d’huile de friture, ingrédient nécessaire à la production de savon, utilisée dans les conserveries. Par ailleurs, l’épouse de Pierre Denis, Clémentine Renaud (1874-1928), tient une épicerie sur le boulevard de la Liberté.

Portrait de Clémentine Renaud

Portrait de Clémentine Renaud

Date du document : Fin 19e – Début 20e siècle

L’entreprise pendant la Première Guerre mondiale

Pierre Denis, pourtant père de trois enfants, est mobilisé le 13 février 1915 au titre de la réserve territoriale. Un temps dans la Marne, il est affecté fin 1915 près de Clermont (63) jusqu’à la fin de la guerre. Sa mobilisation est ponctuée par des permissions et une correspondance dense. Des cartes postales montrent son affection pour les siens et ses inquiétudes concernant la gestion de son entreprise. Le 14 avril 1918, il écrit à son épouse : « J’ai écrit à Jean Martin pour la jument, si quelques fois il serait acheteur. Il vaut mieux avoir plusieurs acquéreurs. » À son fils Georges, 13 ans : « Je te recommande de faire ton possible pour aider ta mère à l’écurie, à la cour selon ta force et surtout pomper l’eau dès le matin et l’après-midi et [t’]occuper comme si tu avais 18 ans ». Toujours à son fils, le 27 février 1918 : « J’ai reçu ta petite lettre. [Cela] me fait plaisir de voir que tu aime le camionnage. Mais avant tout, il faut s’instruire et ne perds pas de temps. Je te souhaite du courage »

L’acquisition du 39 rue des Olivettes et le développement de l’entreprise

En 1921, un ensemble constitué de deux maisons, d’une cour et d’un grand hangar avec écuries est acquis par les Denis-Renaud pour 55 000 francs au 39 rue des Olivettes. Cet achat permet le développement de l’entreprise. Georges, 17 ans, a alors intégré l’affaire familiale. René, né en 1907, pourtant très bon élève au lycée Clemenceau, rejoint l’entreprise par amour des chevaux à 16 ans en 1923.

Entrée de l'entreprise Denis-Renaud, 39 rue des Olivettes

Entrée de l'entreprise Denis-Renaud, 39 rue des Olivettes

Date du document : Avant 1943

Le 9 mai 1929 survient le décès de Clémentine Renaud. Vendéenne d’origine, son nom de jeune fille était associé à celui de son époux pour l’entreprise. Son frère, Joseph, y travaillait également. Il n’existe pas de témoignage direct de Clémentine. Toutefois, l’association de son nom de jeune fille à celui de l’entreprise de son époux ainsi que les archives de l’époque illustrent le rôle qu’elle a joué dans l’activité de la société familiale, en particulier durant l’absence de son mari mobilisé durant la guerre.

La participation au Carnaval de Nantes

En 1920, le Comité des Fêtes de Nantes relance le carnaval après six années d’interruption dues à la guerre. L’entreprise Denis-Renaud met à disposition ses chevaux et hommes pour tracter les chars. Il se dit alors que leurs chevaux sont les plus beaux de la ville de Nantes.

René Denis, carnaval de la mi-carême

René Denis, carnaval de la mi-carême

Date du document : 1920-1921

En février 1932, Georges Denis épouse Marie Raguideau, une femme d’une certaine instruction. Il devient gérant de l’entreprise familiale le 29 octobre 1934 alors que son père est âgé de 65 ans. Marie devient à son tour gérante de l’entreprise au décès accidentel de Georges le 21 août 1937.

L’entreprise pendant la Seconde Guerre mondiale

En mai 1940, René Denis est mobilisé sur le front des Ardennes lorsque les Allemands envahissent la France. Il est fait prisonnier pendant cinq ans. Le cahier de brouillon entretenu par Marie Denis de novembre 1943 à avril 1944 est très instructif sur les difficultés rencontrées par l’entreprise Denis-Renaud en temps de guerre. Après les bombardements de Nantes en septembre 1943, Marie Denis se réfugie à Vallet. On peut lire dans son carnet :
• 6 janvier 1944 : « Après avoir été à demi sinistrée, je me suis repliée dans un petit pays à 25 kilomètres de Nantes. De là, je continue à mener mon affaire tant bien que mal. »
• 10 janvier 1944 « Il ne peut être question de réintégrer nos maisons, il faudrait faire pour cela de grosses réparations et notre quartier est très mal placé au point de vue stratégique, nous sommes entre les deux gares et tout près du port. Notre pauvre Nantes fait peine à voir, tout le centre est détruit et ce n’est que spectacle de tristesse et désolation. »
• 2 février 1944 : « L’activité des transports diminue tous les jours, les pneus, l’huile et les pièces de rechange vont manquer complètement, nous luttons toujours avec les gazos [véhicules à gazogènes utilisés par l’entreprise faute de gasoil], que d’ennuis avec toute cette mécanique. Le SAURER [camion] est actuellement en réparation, assez sérieuses d’ailleurs ; le vilebrequin est coupé, c’est du matériel qu’il faudra changer dès que ce sera possible, mais pour l’instant, il ne peut en être question. Il faudra surtout essayer de tenir pour maintenir ses droits après la guerre. »
• 22 février 1944 : « Le SAURER est réparé. »
• 18 mars 1944 : « Les gazos donnent toujours beaucoup de mal, vivement que nous retournions au carburant liquide ! Le travail ne manquerait pas mais que d’ennuis avec les réquisitions, je suis toujours à courir d’un bureau à l’autre. »
• 26 mars 1944 : « Tant qu’aux affaires, elles sont toujours aussi compliquées, je vis entre les réquisitions et les pannes, la situation se tend de plus en plus du côté des transports. »
• 14 avril 1944 : « Le SAURER est arrêté faute de charbon de bois, on attend un arrivage. »

René Denis conduisant un chariot

René Denis conduisant un chariot

Date du document : Années 1920

Après la vente de quatre de ses chevaux en mai 1940, l’entreprise possède en 1945 :
• Quatre voitures hippomobiles à deux chevaux et une à un cheval, 
• Un camion SAURER datant 1914, en mauvais état,
• Un camion DELAHAYE qui sera équipé d’un gazogène IMBERT en juillet 1943.

La fin de l’affaire familiale

Depuis le décès de son époux, Marie Denis gère l’entreprise de façon économe, comme l’illustrent les recettes de l’entreprise. En 1935, les recettes s’élèvent à 156 151 francs et progressent pour atteindre 526 816 francs en 1943. En 1945, ils atteignent 2 344 070 francs. Il faut toutefois prendre en compte une inflation importante.

En mai 1948, Marie passe commande d’un nouveau camion pour 50 000 francs auprès de la société Bernard qui tarde à livrer le véhicule.

Pierre Denis père décède le 19 janvier 1949 et l’entreprise ferme le 31 janvier 1949. La licence de transport est vendue à la société Drouin. De multiples raisons expliquent cet arrêt de l’activité : le décès de Georges en 1937, l’absence de René pendant cinq ans, la guerre, la transition tardive des camions à chevaux vers les véhicules motorisés, le remariage de Marie en 1946, le décès de son fondateur ou encore un déficit de 2% en 1948. Les locaux sont par la suite loués au Comité des Fêtes de Nantes pendant 20 ans.

Pierre Denis
2024

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Pierre Denis

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