D’une nécropole unique (1943-1971)…

Dès 1943, le Conseil municipal a pour projet de réaliser un nouveau cimetière pour résoudre le problème de saturation des quatorze cimetières nantais. L’objectif est de créer une nécropole unique de 200 hectares au nord de la ville de Nantes, s’étendant aussi sur la commune de Treillières et sur celle de la Chapelle-sur-Erdre. Ce nouveau cimetière doit permettre à terme de fermer les autres cimetière nantais pour les convertir progressivement en espaces verts, à l’exception de Toutes-Aides et de Saint-Jacques. Le transfert des tombes et des chapelles des douze cimetières est envisagé. 

La Ville de Nantes souhaite également réaliser un cimetière paysager qui soit à la fois de type « régulier » et de type « forestier ».

La création de cette nécropole suburbaine est déclarée d’utilité publique le 10 décembre 1948. Dès 1950, Charles Friésé est nommé architecte en chef du projet et en réalise les premiers plans. Il est accompagné de Paul Plantiveau, chef du service des plantations, qui coordonne la partie forestière du cimetière. La première tranche de travaux débute en 1955 dans le triangle sud de la nécropole unique.

…au quinzième cimetière de Nantes (1971-1979)

Bien que les travaux aient commencé le projet ambitieux d’une nécropole unique est finalement abandonné lors du Conseil municipal du 25 octobre 1971. En lieu et place, les édiles choisissent de créer un quinzième cimetière. Divers facteurs d’ordre économique et social justifient ce changement d’orientation. Malgré les subventions accordées à la Ville de Nantes pour la réalisation du nouveau cimetière, ce dernier reste un projet de grande ampleur et coûteux.

De plus, le transfert des corps des cimetières nantais à la nécropole unique est à la charge de la Ville de Nantes et s’ajoute aux coûts à prévoir pour la finalisation du projet. L’opinion publique remet également en cause les intentions du Conseil. Le transfert des monuments funéraires au sein du cimetière unique restant à la charge des familles, les usagers sont difficilement convaincus par ce projet. D’autant que ce dernier situé en périphérie bouleverse leurs habitudes.  

Enfin, au fil des années, les hectares acquis pour la création du nouveau cimetière sont cédés pour réaliser d’autres projets. L’emprise de l’autoroute A11 au sud du cimetière ou encore celle de la plaine de jeux des Basses-Landes à l’ouest, sont quelques exemples qui participent à la modification du plan d’origine de 200 hectares envisagé par Charles Friésé.

Pour ces différentes raisons, la réalisation d’une nécropole unique est abandonnée. Toutefois, le projet de créer un cimetière, qui plus est « forestier », reste en vigueur et se concrétise. Le 22 mai 1973, l’appellation « cimetière-parc » est arrêtée et, en 1975, la superficie du cimetière est ramenée à 84 hectares – de fait, le cimetière actuel ne fait que 25 hectares. Après avoir repoussé l’ouverture du cimetière pendant plus de 20 ans, le cimetière parc est enfin inauguré le 2 mars 1979.

La crémation : un nouveau rite funéraire

Dès les années 1970, le Conseil municipal envisage de mettre en place un crématorium au sein du nouveau cimetière en construction. Encore peu répandu à ce moment, la Ville de Nantes mise sur le développement de ce nouveau rite funéraire qu’est la crémation. Après plusieurs années d’études sur le sujet, un avant-projet est soumis au Conseil municipal en 1988. Dix ans après l’ouverture du cimetière, le crématorium est inauguré le 30 juin 1989. Seule infrastructure de la région à proposer des services pour la crémation d’un défunt, il joue un rôle important dans le développement de cette nouvelle pratique funéraire.

Avec la présence d’un crématorium au sein du nouveau cimetière, les espaces proposés aux usagers ont été aménagés pour s’adapter aux besoins liés à ce rite. Le cimetière parc possède plusieurs sites cinéraires pour disperser les cendres des défunts, dont trois jardins du souvenir, mais également des columbariums et des cavurnes pour accueillir les urnes. Le crématorium a profondément modifié le plan du nouveau cimetière ; il est le marqueur de l’évolution des rites funéraires contemporains. Aujourd’hui, cet équipement appartient à Nantes Métropole et est exploité par les Pompes Funèbres Générales.

Un cimetière paysager

Depuis son origine, le cimetière parc suit un plan paysager. Bien que le projet d’un cimetière unique ait été abandonné, la dimension paysagère a toutefois été conservée. Avec sa perspective monumentale, l’entrée réalisée « à la française » selon une composition classique, est l’héritage du premier projet de 200 hectares élaboré par Charles Friésé. Les carrés d’inhumation et les allées secondaires ont quant à eux été remaniés et réalisés « à l’anglaise », avec l’intégration d’allées sinueuses. Pour concevoir ce cimetière paysager, le Conseil municipal s’est appuyé sur des visites effectuées dans d’autres nécropoles de ce type, notamment à Menton ou à Sarrebruck.

Aujourd’hui, le plan d’aménagement du cimetière parc est structuré et suit une logique paysagère. Cela permet à ce lieu de remplir ses fonctions premières liées aux inhumations tout en étant un espace de promenade végétalisé. Les arbres plantés sont choisis avec attention pour s’épanouir dans les carrés d’inhumation, sans pour autant devenir gênants. Les jardiniers de la Direction Nature et Jardins, qui assurent toute l’année l’entretien du cimetière parc, veillent à ce que ce site s’inscrive  dans l’environnement naturel qui l’entoure. Une certaine continuité est recherchée entre les arbres au sein de la nécropole et les prairies verdoyantes qui entourent cette dernière. Cette logique paysagère propre au cimetière parc rend ce dernier unique.

Un arboretum remarquable

Le cimetière-parc a également pour particularité d’abriter une collection d’arbres remarquables, ce qui lui vaut son nom d’« Arboretum Cimetière parc ». En effet, l’arboretum de la nécropole regroupe plus de 1200 espèces différentes et plus de 5 500 arbres. Le cimetière abrite un patrimoine naturel important sans cesse enrichi, valorisé depuis 1990 grâce à un étiquetage précis.

Le choix de placer un arboretum au sein des carrés d’inhumation est assez peu répandu et souligne d’autant plus le caractère unique du cimetière parc. L’arboretum profite aussi à la faune comme les écureuils, les lièvres ou encore les insectes favorisant ainsi le développement d’une biodiversité. L’ensemble végétal évolue et change au fil des saisons, ce qui modifie continuellement l’aspect du cimetière.

Romane Trichet
Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2024