Temples
Il existe des protestants à Nantes à partir du début des années 1530, une communauté organisée autour d’un pasteur dès 1560 environ, mais aucun temple proprement dit avant 1805 !
Temple protestant de Nantes
Date du document : 1860
Des lieux de culte pour initiés
Les premiers lieux de culte attestés, vers 1560, sont des maisons particulières où se tiennent des « assemblées », toujours dans les faubourgs, à Saint-Donatien, Saint-Nicolas ou bien, pour très peu de temps mais plus officiellement, au Marchix, tout près de l’église Saint-Similien.
En 1566 semble-t-il, le culte se replie à Chantenay, au Plessis de la Musse, dans un appentis de bois utilisé jusqu’en octobre 1567.
La situation est pire après l’édit de Nantes de 1598, puisque le culte doit se tenir à Sucé, ce temple étant fermé avant même la révocation de l’édit de Nantes et détruit dès sa promulgation, en octobre 1685. Le protestantisme entre alors dans une clandestinité totale – ce que les calvinistes appellent « le désert » –, avec de rares possibilités parfois tolérées au cours du 18e siècle, à bord de vaisseaux ancrés dans le port ou dans la fabrique d’indiennes de Jean-Ulrich Pelloutier, au prix de pratiques catholiques de façade. Pelloutier lui-même fait baptiser à Sainte-Croix ses enfants qui n’en seront pas moins de bons calvinistes.
Trois temples successifs
Achetée en décembre 1804, l’ancienne chapelle des carmélites (actuelle salle du Cinématographe) devient un premier temple que la ville rachète en 1808 et met gratuitement à disposition des protestants. Le poids croissant de la communauté protestante au 19e siècle conduit cependant à la construction d’un nouveau temple, inauguré le 28 mars 1855 à l’angle de la rue de Gigant et de la rue de la Rosière d’Artois. Conçu par Henri-Théodore Driollet, architecte en chef de la ville de Nantes, l’édifice, de style néoroman entouré de deux tours carrées, contient un vestibule à l’entrée et une vaste salle octogonale sous une verrière en pavillon. Il est le produit d’un long travail collectif et d’une souscription nationale sous la direction du pasteur Benjamin Vaurigaud. Il est entièrement détruit par les bombardements du 23 septembre 1943. Les mesures d’alignement prévues rue de Gigant empêchent sa reconstruction au même endroit, son souvenir étant préservé par la dénomination de la place de l’Édit de Nantes.
Un édifice monumental place Édouard Normand
Des baraquements remplacent temporairement le temple, place Édouard Normand, sur le site de l’ancien théâtre de la Renaissance, détruit par un incendie en 1912. À partir de 1951, le pasteur Louis Matiffa porte le projet de reconstruction, épaulé par l’architecte protestante Victoire Durand-Gasselin. Celle-ci réussit, malgré un budget limité, à construire entre 1956 et 1958 un édifice monumental doté d’un balcon dominant un volume spacieux pouvant accueillir plus de 450 fidèles. L’excellente acoustique lui permet d’accueillir régulièrement des concerts. Une salle abrite un petit Musée du protestantisme. En sous-sol, la salle Coligny, administrée par la Ville, accueille des conférences, spectacles, réunions d’associations… Deux Églises d’expression africaine et malgache y célèbrent régulièrement leurs cultes. L’édifice compte aussi trois salles de réunion, des bureaux ainsi que deux appartements.
Vitrail multicolore
En 1978, le temple s’enrichit d’un vitrail non figuratif d’Yves Dehais, inspiré d’une esquisse d’un autre Nantais, Guy David. Celui-ci a déjà orné le hall de l’entrée d’une œuvre interprétant librement la crucifixion et la résurrection du Christ. L’ensemble est composé de quinze dalles de verres d’un mètre carré, assemblées par l’ouvrier verrier Paul Nicol pour former un ensemble multicolore sur la façade nord du temple.
Le temple et la paroisse sont administrés par un conseil presbytéral élu par l’assemblée générale de l’Église. Il est composé de 17 femmes et hommes, et du pasteur en fonction. La présidence du conseil est toujours assurée par un laïc. La paroisse de Nantes est membre du consistoire « Loire Océan », qui regroupe les pasteurs des Églises de Laval, Le Mans, Angers, Cholet et Saumur.
Charles Nicol
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(tous droits réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Dupré Karine, Richard Isabelle (éd.), Le livre du cinquantenaire du Temple de Nantes, 1956-2006, Temple protestant, 2006
Dupré Karine, « La construction du temple de Nantes », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n° hors série, 2008, p. 223-234
Friésé Victoire, « L’ancien temple protestant », Cahiers de l’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire, 1995, p. 47-52
Kahn Claude, Landais Jean, « Édifices religieux et beffroi communal – Le Temple protestant », dans Nantes et les Nantais sous le second Empire, Ouest éd., 1992, p. 87-90
Pages liées
Dossier : L'édit de Nantes de 1598
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Rédaction d'article :
Charles Nicol
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