
Ancien pont de la Casserie
Le pont de la Casserie reliait les rues de la Haute Casserie et celle de la Basse Casserie. Selon certains historiens, il était l’un des plus anciens ponts nantais sur l’Erdre avec le pont des Halles situé quelques mètres en amont.
Jusqu’au début du 19e siècle, l’Erdre est barrée par des chaussées et des ponts dans sa traversée de Nantes. Ils servent de passage de la vieille ville vers les quartiers Saint-Nicolas, Saint-Similien, vers Vannes et vers Rennes. Les poissonniers et autres commerçants y ont leurs boutiques, qui encombrent la chaussée.
Un ouvrage fragilisé
Reconstruit en 1495, le pont de la Casserie fait partie de ces franchissements habités. Comme sur le pont des Halles, des orfèvres y sont installés. Ils sont d’ailleurs responsables d’un incendie qui ravage l’édifice en 1680. Des immeubles habités s’appuient sur ces ponts, pas toujours bien étayés : le lit de la rivière est constitué d’une profonde couche d’alluvions. L’usure liée au temps pousse les autorités à réfléchir à la reconstruction du pont de la Casserie dès 1719. Il devient urgent d’établir un franchissement plus solide. Malheureusement, rien n’a encore été fait quand le pont de la Casserie s’écroule en 1741, faisant plusieurs victimes.
La catastrophe du 28 février 1741
En février 1741, plusieurs maisons s’appuyant sur le pont s’effondrent. L’événement est consigné par Brelet de la Rivellerie, recteur-curé de Saint-Nicolas, dans son registre paroissial : « À deux heures trois quarts après-midi, trois maisons de la rue de la Casserie à gauche en allant en ville, bâties sur la rivière d’Erdre, [...] sont écroulées tout à coup et ont écrasé dans leur chute plusieurs personnes [...]. » En se rendant sur les lieux, le clerc constate les dégâts. Ils sont si importants que les sauveteurs éprouvent de grandes difficultés à chercher des rescapés et à dégager les cadavres des victimes.
Alors qu’une équipe tente de se frayer un passage parmi les décombres, le recteur-curé reste en retrait, donnant l’absolution aux victimes et l’extrême onction aux mourants. Le sauvetage d’une jeune fille, plus de 24 heures après l’écroulement du pont, marque les esprits. Marie-Anne Mazeau, treize ans, est retrouvée saine et sauve dans les décombres de la maison où vivaient les demoiselles Manigon, deux protestantes qui n’ont pu réchapper à la catastrophe. Selon les dires de La Rivellerie, la jeune fille s’était rendue chez les sœurs afin de les aider à déménager leurs affaires alors que la menace d’un écroulement pesait sur les habitants. Le registre paroissial évoque le nom des disparus et des nombreuses victimes, dont certaines furent parfois retrouvées plusieurs semaines après la catastrophe, le courant ayant emporté leur corps vers la Loire : « Le mercredi quinze mars le nommé Porcher cordonnier et demeurant dans une des maisons, fut trouvé dans la rivière de Loire près le Port au Vin et enterré à St Nicolas, ainsi que sa femme qui fut trouvée le vingt-neuf avril vers la machine à la Fosse dans la rivière, comme il est reporté au dit jour ; la dite femme enceinte de quatre à cinq mois ; mais leur enfant âgé de trois ans et qui périt aussi avec eux n’a point été trouvé. »

Détail du plan Cacault
Date du document : 1757
La reconstruction du pont
Suite à cette catastrophe, les autorités décident la reconstruction du pont, qui s’achève en 1744. L’édifice est bâti sur les plans de l’architecte Rousseau. Le pont est finalement démoli en 1830 lors des travaux de canalisation de l’Erdre.

Plan d'élévation et coupe du nouveau pont de la Casserie
Date du document : 21-05-1741
Sa destruction entraîne des problèmes de circulation, et suite au mécontentement des habitants on décide de créer un franchissement pour piétons en 1841. L’édifice consiste alors en une simple passerelle en bois provisoire nommée pont d’Arcole qui s’use rapidement et est démolie en 1873.
Louis Le Bail, Antoine Pouponneau (Archives de Nantes)
2018
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Bibliographie
« Les Ponts habités, la ville sur l’eau », Les Cahiers de Science & Vie, n°178, Juin 2018, p.17
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Rédaction d'article :
Louis Le Bail, Antoine Pouponneau (Archives de Nantes)
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