Places
Les programmes d’extension et d’embellissement de Nantes au 18e siècle, puis l’urbanisme du 19e siècle, remodèlent l’héritage médiéval et recomposent la ville autour de places favorisant une sociabilité et une identité paysagère nouvelles. Un attachement symbolique fort justifie, au lendemain des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction à l’identique des places porteuses de cette identité urbaine. Cependant, la ville ne se réduit pas à l’image du centre : plus de 130 places singularisées par leur paysage, leurs dimensions ou leurs fonctions, contribuent à la vie du tissu urbain et à la construction de sociabilités nouvelles dans les quartiers périphériques.
Si Nantes n’a pas de grande place emblématique comme Bordeaux, Lyon, Montpellier, Clermont-Ferrand ou Nancy, elle dispose en revanche d’un système de places dont les fonctions sont complémentaires. Elles contribuent largement à l’attractivité du centre-ville. Ce sont des places de dimension moyenne. Seule la place de la Petite Hollande, issue des comblements de la Loire, est plus grande mais elle n’assure que des fonctions de marché et de parking.
Certaines places comme la place du Change, ancien carrefour de voies principales, révèlent encore par l’irrégularité de leur tracé ou quelque façade à pans de bois, un discret héritage médiéval. Les places des 18e et 19e siècles jalonnent le glissement de la ville vers l’ouest et révèlent le dédoublement du centre. Elles présentent une homogénéité dans leur forme et dans leur architecture : places en miroir de toilette associant un rectangle et un demi-cercle comme les places Royale et Graslin, places en hémicycle comme la place du Sanitat, places rectangulaires comme la place Saint-Pierre, places octogonales comme la place Mellinet… Cette monumentalité n’est guère orientée vers le fleuve comme dans d’autres villes portuaires. Si les aménagements des 18e et 19e siècles ont ouvert certaines places sur la Loire (Bouffay, Commerce), les comblements d’après-guerre les en ont éloignées. Seule la discrète place du Commandant L’Herminier évoque aujourd’hui cette ouverture sur le fleuve. Enfin, les places sont caractérisées par une fonction qui n’est jamais exclusive, d’où la difficulté d’établir une typologie des 133 places nantaises.
La monumentalité des places de centre-ville ne se limite pas à un simple rôle d’ornement. Elle est ou a été souvent représentative d’un pouvoir ou d’une fonction parfois disparus : pouvoir politique place Roger Salengro, pouvoir judiciaire place du Bouffay puis place La Fayette, commandement militaire place du Maréchal Foch, fonctions tertiaires dans l’architecture contemporaine de la place de Bretagne, fonction commerciale et correspondance centrale des transports urbains place du Commerce… Les places sont aussi des lieux de mémoire, ainsi des manifestations de masse comme celles de 1968 place Royale (renommée place du Peuple), place de la Duchesse Anne, place du Pont-Morand ou place Roger Salengro…
Les places du centre sont aussi parfois de simples places de quartier. Certaines s’intègrent aux cheminements piétonniers (place Sainte-Croix, place Fernand Soil). D’autres sont des places-parvis à la sortie d’une église, d’autres s’organisent autour d’un rond-point, d’autres sont des places de marchés.
Les places des quartiers péri-centraux combinent ces fonctions à différentes échelles. Les grandes places de l’ouest (Canclaux, Mellinet), au-delà de leur caractère ornemental, sont des pôles de répartition des flux de circulation, de même que la place de la République au sud. Certaines sont des têtes de pont à l’échelle de la Loire (Mangin-Pirmil) ou à celle de l’Erdre (place Chateaubriand – place de la Bonde). D’autres sont des places de quartier autour d’une église ou d’une école (Saint-Félix, Enfants nantais), d’autres seulement de modestes carrefours.
Dans les quartiers périphériques, les places témoignent des réussites ou des difficultés de la construction de l’espace urbain. Elles sont à la fois des centres d’animation, des centres administratifs ou commerciaux organisés autour ou en bordure d’un pôle de transports en commun (place Bellevue, place du Commandant Cousteau, dans l’écoquartier de la Bottière).
Comme les places historiques, certains espaces s’ouvrent à de nouvelles pratiques de la ville. Ainsi, l’aménagement piétonnier de l’ancienne confluence de la Loire et de l’Erdre dessine, sinon des places, du moins des espaces nouveaux de déambulation et de sociabilité.
Jean-Pierre Branchereau
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d'auteur réservés)
2018
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