École maternelle Joseph Blanchart
Située dans un parc arboré, dans une belle maison bourgeoise, l’école maternelle Joseph Blanchart bénéficie d’un environnement unique. Sa présence dans cette ancienne propriété privée ne remonte qu’aux années 1940. Auparavant, la bâtisse a eu d’autres destinations et est devenue un établissement public presque fortuitement.
Une maison d’industriels et de notables
L'école maternelle Joseph Blanchart est installée dans une maison bourgeoise de la seconde moitié du 19e siècle.
Jusqu’en 1843, les trois parcelles de terrain du 2 chemin du Moulin des Poules, sur lesquelles se trouvent alors une maison à dix ouvertures et son jardin, appartiennent à Michel Thébaud père, fabricant de biscuits et habitant du coteau de Misery.
La maison passe ensuite à Henry Thébaud, négociant, qui y habite jusqu’en 1864, date de sa destruction.
Une nouvelle bâtisse plus vaste (elle comporte 35 ouvertures) achevée en 1866, la remplace.
En 1882, la maison est vendue à Jean Gabriel Deville de Sardelys, receveur des finances, puis devient en 1908 la propriété de Samuel Burgelin. Celui-ci est alors à la tête des Brasseries de la Meuse situées dans le Bas-Chantenay.
Du foyer des marins à la crèche municipale
En 1913, l’association La Maison du Marin l’acquiert. Cette institution de bienfaisance est née en 1897 par la volonté d’armateurs nantais. La maison de la rue Blanchart devient un hôtel accueillant les marins et gens de mer en escale à Nantes. Elle est agrandie, passant à 45 ouvertures.
En 1932-34, la Ville de Nantes procède à l’échange de la propriété de la Maison du Marin, contre l’hôtel Musset situé 14 rue Joseph-Blanchart et 9-11 rue Babonneau (cet hôtel a aujourd’hui disparu). Elle y installe une crèche. La crèche répond aux besoins des mères bien souvent appelées à travailler dans les usines de ce quartier industriel. Celle-ci prend le nom d’Édouard Normand en hommage à cet ancien industriel devenu maire de Nantes de 1885 à 1888.
De la crèche à la maternelle
En 1941, la crèche Édouard Normand laisse place à une école maternelle. En effet, la crèche municipale peine à recruter des effectifs. Au contraire, les écoles primaires voisines (de la place des Garennes, du quai Ernest Renaud) sont saturées et en partie réquisitionnées par l’occupant. D'où l'idée de transfert de près de 260 enfants de moins de 6 ans dans cet établissement resté vacant et bénéficiant d'un parc.
Le projet de création de cette nouvelle école maternelle « de plein air » est voté lors du Conseil municipal du 20 décembre 1940 pour une ouverture effective l'année suivante.
Les écoles de plein air ont été expérimentées dès l’entre-deux-guerres. Elles répondent aux préoccupations hygiénistes de cette époque ; la Ville de Nantes avaient déjà créé une véritable école de plein air à La Montagne dans un château lui appartenant, le château d’Aux, qui bénéficie d’un vaste parc propice à des activités pédagogiques extérieures.
Dans une moindre mesure, et sur un terrain beaucoup plus modeste, l’école de la rue Joseph Blanchart remplit les mêmes critères : une habitation vaste à disposition et sans travaux importants, un parc arboré et isolé de la rue et donnant la possibilité d’activités extérieures. L’école maternelle ouvre à la rentrée 1941 et fonctionne pendant la guerre, d’autant que les bombardements endommagent l’école des Garennes et détruisent l’école du quai Ernest Renaud.
Restaurations et agrandissements
Même si l’école n’a pas souffert des conséquences des bombardements, son état exige une restauration : les façades du bâtiment principal sont ravalées et la conciergerie restaurée en 1952. En vue de l’élargissement de la rue de la Bourdonnais et de l’agrandissement de l’école devenue trop petite, la Ville acquiert en 1955 un terrain de 1272 mètres carrés, avec sortie sur la rue Joseph Blanchart.
Cet agrandissement ne suffit pas puisqu’en 1969, il est envisagé d’implanter des classes mobiles sur un terrain communal voisin. Comme ce terrain est séparé de l’école par une propriété privée, la Ville procède avec la propriétaire à un échange de terrains en vue d’assurer une communication.
En 1992, les écoles maternelles du quartier Chantenay peinent à contenir l’augmentation des effectifs. Malgré le manque de place, une classe supplémentaire est ouverte à la rentrée 1992. Outre le réaménagement de la salle de jeux en salle d’enseignement, une construction préfabriquée précédemment installée dans le groupe scolaire Louis Pergaud, est transférée à Joseph Blanchart. Ce bâtiment est remplacé par un nouveau bâtiment modulaire en 2020.
Un cadre atypique
Installée dans une ancienne maison d’habitation, l’école de la rue Joseph Blanchart échappe aux modèles de l’architecture scolaire. L’hôtel particulier qui l’abrite, de style néoclassique, a connu diverses extensions et raménagements. Pour autant, il conserve un certain cachet qui en fait une école atypique appréciée de ses occupants.
Son parc présente des essences d’arbre remarquables dont les plus anciennes remontent vraisemblablement à la deuxième moitié du 19e siècle.
Le parc, lieu de promenade et de contemplation pour ses anciens propriétaires, avait d’ailleurs été agrémenté de fabriques, serre et pavillon. En 1932 dans l’inventaire dressé par la Ville, il est mentionné « une petit fabrique en forme de temple antique situé sur un tertre », à la mode dans les jardins romantiques du 19e siècle
Sur une des annexes mitoyennes de la maison principale, on remarque un décor insolite : le fronton présente une inscription « FIAT LUX » qui renvoie à la citation de la Genèse « Fiat lux et facta est lux » : « Que la lumière soit, et la lumière fut ». Une inscription biblique dont le sens peut nous échapper aujourd’hui, à moins que l’on considère que ce petit bâtiment ait servi de chapelle du temps de ses anciens propriétaires.
Irène Gillardot, Salomé Pavy
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022
En bref...
Localisation : Joseph-Blanchart (rue) 94, NANTES
Date de construction : 1866
Typologie : architecture scolaire
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Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises
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Rédaction d'article :
Irène Gillardot, Salomé Pavy
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