Bandeau
Artisanes au 18e siècle à Nantes Anna Davis Philip (1862 – 1930)

922

École maternelle Joseph Blanchart


Située dans un parc arboré, dans une belle maison bourgeoise, l’école maternelle Joseph Blanchart bénéficie d’un environnement unique. Sa présence dans cette ancienne propriété privée ne remonte qu’aux années 1940. Auparavant, la bâtisse a eu d’autres destinations et est devenue un établissement public presque fortuitement.

Une maison d’industriels et de notables

L'école maternelle Joseph Blanchart est installée dans une maison bourgeoise de la seconde moitié du 19e siècle.

Jusqu’en 1843, les trois parcelles de terrain du 2 chemin du Moulin des Poules, sur lesquelles se trouvent alors une maison à dix ouvertures et son jardin, appartiennent à Michel Thébaud père, fabricant de biscuits et habitant du coteau de Misery.

La maison passe ensuite à Henry Thébaud, négociant, qui y habite jusqu’en 1864, date de sa destruction.

Une nouvelle bâtisse plus vaste (elle comporte 35 ouvertures) achevée en 1866, la remplace.

École Joseph-Blanchart

École Joseph-Blanchart

Date du document : 2021

En 1882, la maison est vendue à Jean Gabriel Deville de Sardelys, receveur des finances, puis devient en 1908 la propriété de Samuel Burgelin. Celui-ci est alors à la tête des Brasseries de la Meuse situées dans le Bas-Chantenay.

Du foyer des marins à la crèche municipale

En 1913, l’association La Maison du Marin l’acquiert. Cette institution de bienfaisance est née en 1897 par la volonté d’armateurs nantais. La maison de la rue Blanchart devient un hôtel accueillant les marins et gens de mer en escale à Nantes. Elle est agrandie, passant à 45 ouvertures.

En 1932-34, la Ville de Nantes procède à l’échange de la propriété de la Maison du Marin, contre l’hôtel Musset situé 14 rue Joseph-Blanchart et 9-11 rue Babonneau (cet hôtel a aujourd’hui disparu). Elle y installe une crèche. La crèche répond aux besoins des mères bien souvent appelées à travailler dans les usines de ce quartier industriel. Celle-ci prend le nom d’Édouard Normand en hommage à cet ancien industriel devenu maire de Nantes de 1885 à 1888.

Médaillon sculpté d’Édouard Normand dans le vestibule de l’école Joseph-Blanchart

Médaillon sculpté d’Édouard Normand dans le vestibule de l’école Joseph-Blanchart

Date du document : 2016

De la crèche à la maternelle

En 1941, la crèche Édouard Normand laisse place à une école maternelle. En effet, la crèche municipale peine à recruter des effectifs. Au contraire, les écoles primaires voisines (de la place des Garennes, du quai Ernest Renaud) sont saturées et en partie réquisitionnées par l’occupant. D'où l'idée de transfert de près de 260 enfants de moins de 6 ans dans cet établissement resté vacant et bénéficiant d'un parc.

Le projet de création de cette nouvelle école maternelle « de plein air » est voté lors du Conseil municipal du 20 décembre 1940 pour une ouverture effective l'année suivante.

Les écoles de plein air ont été expérimentées dès l’entre-deux-guerres. Elles répondent aux préoccupations hygiénistes de cette époque ; la Ville de Nantes avaient déjà créé une véritable école de plein air à La Montagne dans un château lui appartenant, le château d’Aux, qui bénéficie d’un vaste parc propice à des activités pédagogiques extérieures.

École de plein air du château d’Aux

École de plein air du château d’Aux

Date du document : sans date

Dans une moindre mesure, et sur un terrain beaucoup plus modeste, l’école de la rue Joseph Blanchart remplit les mêmes critères : une habitation vaste à disposition et sans travaux importants, un parc arboré et isolé de la rue et donnant la possibilité d’activités extérieures. L’école maternelle ouvre à la rentrée 1941 et fonctionne pendant la guerre, d’autant que les bombardements endommagent l’école des Garennes et détruisent l’école du quai Ernest Renaud.

Restaurations et agrandissements

Même si l’école n’a pas souffert des conséquences des bombardements, son état exige une restauration : les façades du bâtiment principal sont ravalées et la conciergerie restaurée en 1952. En vue de l’élargissement de la rue de la Bourdonnais et de l’agrandissement de l’école devenue trop petite, la Ville acquiert en 1955 un terrain de 1272 mètres carrés, avec sortie sur la rue Joseph Blanchart.

Ravalement de façade de l’école Joseph-Blanchart

Ravalement de façade de l’école Joseph-Blanchart

Date du document : 1952

Cet agrandissement ne suffit pas puisqu’en 1969, il est envisagé d’implanter des classes mobiles sur un terrain communal voisin. Comme ce terrain est séparé de l’école par une propriété privée, la Ville procède avec la propriétaire à un échange de terrains en vue d’assurer une communication.

En 1992, les écoles maternelles du quartier Chantenay peinent à contenir l’augmentation des effectifs. Malgré le manque de place, une classe supplémentaire est ouverte à la rentrée 1992. Outre le réaménagement de la salle de jeux en salle d’enseignement, une construction préfabriquée précédemment installée dans le groupe scolaire Louis Pergaud, est transférée à Joseph Blanchart. Ce bâtiment est remplacé par un nouveau bâtiment modulaire en 2020.

Un cadre atypique

Installée dans une ancienne maison d’habitation, l’école de la rue Joseph Blanchart échappe aux modèles de l’architecture scolaire. L’hôtel particulier qui l’abrite, de style néoclassique, a connu diverses extensions et raménagements. Pour autant, il conserve un certain cachet qui en fait une école atypique appréciée de ses occupants.

Vestibule d’entrée de l’école Joseph-Blanchart

Vestibule d’entrée de l’école Joseph-Blanchart

Date du document : 2016

Son parc présente des essences d’arbre remarquables dont les plus anciennes remontent vraisemblablement à la deuxième moitié du 19e siècle.

Parc de l’école Joseph-Blanchart

Parc de l’école Joseph-Blanchart

Date du document : 2021

Le parc, lieu de promenade et de contemplation pour ses anciens propriétaires, avait d’ailleurs été agrémenté de fabriques, serre et pavillon. En 1932 dans l’inventaire dressé par la Ville, il est mentionné « une petit fabrique en forme de temple antique situé sur un tertre », à la mode dans les jardins romantiques du 19e siècle

 

Entrée sur cour de l’école Joseph-Blanchart

Entrée sur cour de l’école Joseph-Blanchart

Date du document : 2021

Sur une des annexes mitoyennes de la maison principale, on remarque un décor insolite : le fronton présente une inscription « FIAT LUX » qui renvoie à la citation de la Genèse « Fiat lux et facta est lux » : « Que la lumière soit, et la lumière fut ». Une inscription biblique dont le sens peut nous échapper aujourd’hui, à moins que l’on considère que ce petit bâtiment ait servi de chapelle du temps de ses anciens propriétaires.

Irène Gillardot, Salomé Pavy
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En bref...

Localisation : Joseph-Blanchart (rue) 94, NANTES

Date de construction : 1866

Typologie : architecture scolaire

En savoir plus

Documentation

Pages liées

Nom des écoles

Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises

Tags

Architecture scolaire, universitaire et de recherche Bellevue - Chantenay - Sainte Anne Hôtel particulier Parc École

Contributeurs

Rédaction d'article :

Irène Gillardot, Salomé Pavy

Vous aimerez aussi

Ancien marché Lamoricière

Architecture et urbanisme

Les familles qui fréquentent aux beaux jours le square de la place René-Bouhier peuvent-elles s’imaginer qu’au même endroit s’élevait autrefois un marché couvert ? Une petite halle...

Contributeur(s) :Philippe Bouglé , Jean-Claude , Nicolas ...

Date de publication : 06/01/2022

1399

Escaliers et statue Sainte-Anne

Architecture et urbanisme

Le quartier de Sainte-Anne, dit aussi de l’Hermitage, offre un remarquable point de vue sur Nantes et sur la Loire. Il n’a pas toujours été nantais !

Contributeur(s) :Louis Le Bail

Date de publication : 08/04/2019

6478

Rue Urvoy-de-Saint-Bedan

Architecture et urbanisme

La rue  Urvoy-de-Saint-Bedan a été créée au 19e siècle en même temps que le développement du quartier Dobrée-Gigant. Par son tracé rectiligne, la rue rappelle la présence passée...

Contributeur(s) :Amélie Decaux

Date de publication : 20/04/2021

1620