
Philomène Barel (1894 – 1983)
Philomène Barel est née le 7 juillet 1894 dans la commune de Chantenay-sur-Loire, actuelle Nantes. Son père est huissier et sa mère s'occupe du foyer. Elle a une petite sœur prénommée Madeleine.
Première femme avocate de l’ouest
Après des études de droit, Philomène Barel prête serment le 18 juillet 1917 et elle est admise comme avocate stagiaire le 10 août 1917 au barreau de Nantes. Elle devient ainsi la première femme reçue comme avocate dans l'ouest de la France. Ayant accompli la durée obligatoire de son stage, elle est inscrite au tableau de l'ordre des avocats le 20 avril 1921. Alors que plusieurs avocates avaient vu leurs demandes d'intégration refusées par les barreaux d'autres villes, l'ordre des avocats de Nantes se montre, au contraire, enthousiaste à l'idée de recevoir une consœur. Un article paru le 18 septembre 1924 dans L’Ouest-Éclair s'étonne néanmoins de sa présence dans un tribunal, non comme prévenue mais comme avocate. Elle y est même qualifiée de « Thémis bon enfant », en référence à la déesse grecque de la Justice.

Portrait de Philomène Barel
Date du document : début du 20e siècle
Le 26 décembre 1933, elle épouse Yves Guinaudeau, un confrère nantais veuf. Originaire de Saint-Malo, Maître Guinaudeau est élu bâtonnier en 1939, une position qu'il occupe jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Durant le conflit, Maître Guinaudeau se sert de son rôle pour aider et sauver de nombreux accusés et il réussit même à faire casser la condamnation à mort d'un Français. Après avoir été conseiller municipal entre 1929 et 1935, Yves Guinaudeau est élu conseiller général de Legé en 1945, puis vice-président du conseil général de Loire-Inférieure en 1947. Au cours de sa carrière professionnelle, il est également président de la conférence des bâtonniers et vice-président de l'association nationale des avocats.

Plaque du cabinet Barel-Guinaudeau
Date du document : début du 20e siècle
Mais Yves Guinaudeau meurt le 9 janvier 1951, à leur domicile de la rue de la Paix, après un combat contre ce que la presse locale qualifie de « cruelle maladie ». Commentant dans une lettre à un confrère la seule photo où elle pose avec son mari, Philomène Barel dit qu'elle lui inspira la phrase suivante : « même âge, même profession, ils étaient bien faits pour s'entendre ».
Obtention de la Légion d’Honneur et honorariat
Désormais veuve, Philomène Barel poursuit sa carrière d'avocate. Fin 1964, elle est nommée dans l'Ordre national de la Légion d'Honneur, promotion qu'elle célèbre avec ses confrères et consœurs le 23 février 1965. Philomène Barel choisit de raccrocher sa robe le 30 juin 1972. Le conseil de l'Ordre lui confère l'honorariat le 5 octobre 1972.

Caricature des avocats de Nantes, détail
Date du document : 1937
Philomène Barel décède le 25 août 1983, dans la ville de Mayenne. Un dernier hommage lui est rendu le 30 septembre 1983 en l'église Sainte-Croix de Nantes, en présence de nombre de ses confrères et consœurs. Elle est inhumée aux côtés de son époux au cimetière du Pont du Cens à Nantes.
Cécile Gommelet
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En savoir plus
Bibliographie
Defois, Serge, Les avocats nantais au 20e siècle, socio-histoire d’une profession, Presses universitaires de Rennes, 2008
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Rédaction d'article :
Cécile Gommelet ,
Anecdote :
Isabelle Lacassagne-Rudler
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