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Observatoire du Petit-Port Marguerite Joubert-Lermite (1910-1943)

1867

Paul Griveaud (1847 – 1909)


Radical et franc-maçon, anticlérical et positiviste, Paul Griveaud est un représentant typique de la bourgeoisie progressiste de la seconde moitié du 19e siècle. Né le 27 février 1847 en Saône-et-Loire dans une famille farouchement républicaine, Paul Griveaud est un élève brillant. Ingénieur-architecte, il exerce sa profession en Belgique et en Roumanie mais, atteint par le typhus, il entre aux Ponts et Chaussées et s’installe en Loire-Inférieure où il ne tarde pas à se faire remarquer par son engagement laïc. En 1885, il intègre les services de la préfecture, incarnation de la France républicaine dans un département dominé par les notables de la droite catholique, avant de fonder un cabinet d’architecte à Chantenay.

Affiche du  <i>Guignol Chantenaysien</i> 

Affiche du  Guignol Chantenaysien 

Date du document : vers 1900

L’adhésion à la franc-maçonnerie est un passage obligé pour qui veut mener une carrière politique sous l’étendard républicain. Paul Griveaud adhère en 1883 à la loge Paix et Union du Grand Orient de France, mais la quitte en 1892 pour refonder Mars et les Arts, loge née avec le siècle et disparue en 1873 à la mort de son dernier et célèbre animateur, Ange Guépin. Mars et les Arts est une loge singulière qui ne dédaigne pas la lumière quand tant d’autres se complaisent dans la discrétion. Elle est en fait un club politique regroupant des républicains et des radicaux, mais aussi des socialistes comme leur chef, Charles Brunellière. C’est ici que Paul Griveaud trouve les soutiens qui lui permettent de conquérir la municipalité de Chantenay en 1900. Chantenay l’ouvrière, « la rouge », se dote ainsi d’un maire radical-socialiste dont on loue l’humanisme.

Lors de ses deux mandats (1900-1908), il fait feu de tout bois. La République s’empare des rues et boulevards : Danton, Macé, Blanqui, Zola, La Marseillaise s’inscrivent désormais dans le paysage urbain. Une politique sociale audacieuse se met en place (restaurants municipaux, bains publics, jardins ouvriers, bureau de bienfaisance…), financée par l’impôt, au grand dam de la bourgeoisie. Chantenay devient une vitrine de la République pour la gauche, et Paul Griveaud l’homme à abattre pour la droite. Mais les temps changent : le mouvement socialiste, divisé en 1900, s’est réuni en 1905 et le jeune PS-SFIO se sent capable de s’affirmer seul sur la scène politique. Lorsque Nantes entreprend d’annexer la commune ouvrière comme le lui permet la loi, Paul Griveaud s’y oppose farouchement, mais il est isolé. Les socialistes l’abandonnent, persuadés qu’ils peuvent emporter la ville de Nantes grâce aux suffrages des Chantenaysiens. En avril 1908, Chantenay perd son indépendance et Griveaud, sa notabilité. Pour les socialistes, il est temps de solder les comptes et de l’écarter coûte que coûte de la scène politique locale. Dès le mois suivant, l’ancien maire est exclu de la Ligue des droits de l’homme. En avril 1909, coup de grâce : il est exclu de la franc-maçonnerie, autant dire mis au ban de la bourgeoisie locale. Il ne survit que sept mois à cette humiliation.

Jean Guiffan
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteurs réservés)

 

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En savoir plus

Bibliographie

Archives municipales de Nantes, Le Chantenay de Griveaud, catalogue d’exposition, Ville de Nantes, Nantes, 2004

Patillon Christophe, Souchet, Jean-Luc, « Monsieur Griveaud », dans Chantenay. Histoires illustrées d'une ville devenue quartier, CDMOT, Nantes, 1993, p. 67-71

Pinson Daniel, « Radicaux et socialistes acèdent au pouvoir à Chantenay », dans L'indépendance confisquée d'une ville ouvrière : Chantenay, Arts-Culture-Loisirs, Nantes, 1982, p. 245-271

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Rédaction d'article :

Jean Guiffan

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