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Ancienne manufacture royale de Corderie Vezon

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Nom des écoles


Depuis 1884, le conseil municipal est habilité à choisir les dénominations des voies et des équipements appartenant à la commune. Mais, concernant les écoles, cette prérogative n’est utilisée  qu’à partir de 1935 avec la dénomination de l’école pratique de commerce et d’industrie Leloup-Bouhier.

La dénomination des écoles primaires communales entre 1835 et 1946

Le 28 juin 1833, la loi Guizot impose aux communes de plus de 500 habitants d’entretenir au moins une école primaire publique. Dès le mois de septembre, la municipalité conduite par Ferdinand Favre acte la fondation d’une école communale élémentaire pour garçons et fixe son implantation dans le faubourg de Vertais. La première école communale du quartier des Ponts accueille ses premiers élèves en octobre 1835.

Élévation principale de l’école communale de la rue Noire

Élévation principale de l’école communale de la rue Noire

Date du document : 1878

Pendant plus d’un siècle, pour de simples raisons pratiques de repérage, tout particulièrement en milieu urbain, les nouvelles écoles communales ouvertes dans la cité des ducs prennent systématiquement le nom de la rue ou du quartier dans lesquels elles sont implantées.

Ce n’est, en effet, qu’en 1935 que les élus locaux attribuent un nom spécifique à un établissement d’enseignement municipal : celui de Leloup-Bouhier à l’ancienne école primaire supérieure de garçons du boulevard de Launay, transformée en École pratique de commerce et d’industrie de garçons en 1904. Mais il faut attendre 1946 pour que trois écoles primaires soient officiellement dénommées. Il s’agit ici de trois établissements renommés afin de rendre hommage à trois anciens instituteurs, victimes des deux premières guerres mondiales : Alphonse Braud pour l’école Gutenberg, André Lermite pour l’école Evariste-Luminais et François Dallet pour l’école du boulevard des Poilus.

Porche d’entrée de l’école André Lermite

Porche d’entrée de l’école André Lermite

Date du document : 18-07-1952

Dénommer les rues, places et bâtiments publics : une prérogative municipale

Pendant la plus grande partie du 19e siècle, la dénomination des rues et places publiques est déterminée par le maire, par voie d’arrêté, au titre des pouvoirs de police générale qu’il exerce sur la voirie et la circulation ; ce dernier n’est nullement tenu de consulter le conseil municipal à cet égard. L’arrêté est néanmoins soumis, selon les époques, à l’approbation du ministre (jusqu’en 1852 pour les communes de plus de 2000 habitants) ou simplement du préfet.

Ce n’est que tardivement, à la faveur de la loi « municipale » du 5 avril 1884, que le conseil municipal se voit attribuer la faculté de prendre des décisions sur cette matière dans le cadre de la clause générale de compétence : « Le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune ». Le choix des odonymes est cependant soumis à l’approbation du préfet.

Il faut attendre près d’un siècle, en 1982, pour que les délibérations de la municipalité deviennent exécutoires de plein droit dès leur publication et leur transmission aux services de l’État qui n’en assurent plus, dès lors, que le contrôle de légalité. Ces dispositions sont intégrées au code général des collectivités territoriales institué par la loi n° 96-142 du 21 février 1996 actuellement en vigueur.

Par ailleurs, le code de l’éducation confirme que « la dénomination ou le changement de dénomination des établissements publics locaux d'enseignement est de la compétence de la collectivité territoriale de rattachement », soit la commune pour les écoles, le département pour les collèges et les régions pour les lycées. Une circulaire du ministère de l’Intérieur du 28 janvier 1988 précise certains critères de choix lorsqu’il s’agit de noms de personnalités : « Ceux-ci doivent témoigner de la reconnaissance publique de services exceptionnels rendus à la Nation ou à l’humanité, ou d’une contribution éminente au développement des sciences, des arts ou des lettres. Ils doivent constituer pour les jeunes générations des exemples particulièrement choisis et donc avoir une valeur éducative. »

Renommer et dénommer

Dénommer les écoles est donc une prérogative que la municipalité nantaise utilise tardivement et avec parcimonie jusqu’en 2009, date à laquelle un nom spécifique est systématiquement attribué aux nouvelles écoles.

Sur les 31 sites scolaires dont la dénomination a fait l’objet d’une délibération, 17 sont renommés et 14 reçoivent une dénomination originale.

Parmi les sites renommés, six le sont afin de rendre hommage à des personnalités locales ; six autres reçoivent un nouveau nom pour donner une autre image du quartier, tandis que des raisons pratiques de repérage motivent la décision de donner un nouveau nom à trois d’entre eux. Treize ont été renommés à la faveur d’une demande extérieure à laquelle le conseil municipal a répondu favorablement.

La première école à recevoir un nom spécifique dès sa création est l’école maternelle Molière entre 1956 et 1958. Ce choix est lié à l’histoire du site : l’ancien jeu de Paume où Molière et sa troupe ont joué en 1648 ; passage qui avait donné lieu à la pose d’une plaque commémorative au 19, rue Saint-Léonard en 1837.

École maternelle Molière

École maternelle Molière

Date du document : vers 1958

Mais ce n’est qu’à partir de 1969 que la municipalité choisit délibérément des noms pour ses nouvelles écoles : celles des ZUP Bellevue et Beaulieu-Malakoff. Le choix est ici opéré moins pour des raisons politiques que pour des raisons pratiques : « Les nouveaux groupes scolaires des grands ensembles d’habitations sont désignés provisoirement à l’aide de lettres et de chiffres. Afin de mieux les identifier, il serait évidemment préférable de leur attribuer un nom patronymique. » (CM du 19 mai 1969). Trois ans plus tard, la valeur éducative du choix du nom est prise en compte : « Outre cette considération d’ordre pratique, l’intérêt d’une telle dénomination réside aussi dans l’hommage rendu à la mémoire des personnalités choisies et dans l’exemple ainsi offert aux enfants. » (CM du 25 septembre 1972)

Après cette première vague, il faut attendre quatre décennies pour que la municipalité entame une politique de dénomination systématique de ses nouvelles écoles dans le sillage du fort développement urbain de Nantes à partir des années 2000. La dénomination de l’école Julien Gracq dans le nouveau quartier Bottière-Chénaie en 2009 inaugure cette série et ouvre la voie à des choix plus cohérents avec les lieux d’implantation.

École primaire Julien Gracq

École primaire Julien Gracq

Date du document : 01-04-2012

Quatre catégories de dénominations

À la rentrée scolaire 2022, la Ville de Nantes comptera 116 écoles (maternelle, élémentaire et primaire) réparties sur 84 sites. L’étude de la liste du patrimoine scolaire municipal a permis de classifier les dénominations en quatre catégories : les écoles dont la dénomination a fait l’objet d’une délibération du conseil municipal, celles qui portent le nom d’une personnalité correspondant à l’odonyme de la rue de leur implantation, les écoles portant le nom d’un lieu-dit, d’un concept,   ou d’un événement historique identique à l’odonyme de leur rue d’implantation, et enfin celles ayant le nom du micro-quartier de leur implantation.

Sur l’ensemble, seuls 31 sites scolaires ont fait l’objet d’une dénomination spécifique. Il s’agit soit de renommer, soit de dénommer et dans tous les cas, le nom d’une personnalité est attribué : André Lermite, Molière, Alphonse Braud, Lucie Aubrac, Jean-Zay, Alain Fournier, Leloup-Bouhier, Henri Bergson, Jean Moulin, Ange Guépin, Louis Guiotton, Alice Guy, Pauline Kergomard, Louise Michel, Aimé Césaire, Joséphine Baker, Jacques Prévert, Camille Claudel, Georges Sand, Paul Gaugin, Françoise Dolto, Georges Brassens, Louis Pergaud, Germaine Tillion, François Dallet, Maurice Macé, Julien Gracq, Jacques Tati, Sully, Charles Lebourg.

Vingt-deux sites portent le nom de la personnalité identique à leur rue d’implantation : Lamoricière, Léon Blum, Léon Say, Emile Péhant, Joseph Blanchart, Ampère, Maisdon-Pajot, Frédureau, Marie-Anne du Boccage, Jean Jaurès, Harouys, Felloneau, Gaston Serpette, Gustave Roch, Anatole de Monzie, Georges Lafont, Urbain Leverrier, Docteur Teillais, Gay Lussac, Ledru-Rollin, Sarah Bernhardt, Champenois.

Le nom de 20 sites se référant à un ancien lieu-dit, un concept, une activité ou un événement historique correspond à l’odonyme de leur rue d’implantation : Chêne d’Aron, Coudray, Garennes, Fonteny, rue Noire, Villa Maria, Agenêts, Jonelière, Chauvinière, Longchamp, Grand Carcouët, Plantes, Marsauderies, Linot, Bottière, Réformes, Mutualité, Fraternité, Stalingrad, Batignolles.

Le nombre de sites portant le nom de leur micro-quartier d’implantation s’élève à 10 : Maisonneuve, Beaujoire, Port-Boyer, Côte d’Or, Le Baut, Barberie, Mulotière, Châtaigniers, Dervallières-Chézine, Plessis-Cellier.

Les personnalités honorées

Sur les 52 personnalités honorées, 41 sont des hommes, 11 des femmes. Les noms choisis relèvent de quatre champs : le monde politique (15), la Résistance (5), les pédagogues (11) et les arts, sciences et lettres (21).

Vingt écoles portent le nom d’une personnalité locale. Onze ont le même nom que leur rue ou leur site de desserte : Lamoricière, Émile-Péhant, Joseph Blanchart, Maisdon-Pajot, Harouys, Frédureau, Felloneau, Gaston Serpette, Gustave Roch, Georges Lafont, Docteur Teillais ; les dix autres relèvent de la volonté de la Ville d’honorer ses concitoyens  : Leloup-Bouhier, André Lermite, Alphonse Braud, François Dallet, Maurice Macé, Louis Guiotton, Ange Guépin, Julien Gracq, Charles Lebourg.


Nathalie Barré
Archives de Nantes
2022

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