Mosquées
L’islam à Nantes est lié à l’arrivée de plusieurs vagues migratoires (Maghreb, Afrique noire, Turquie) dont la répartition spatiale est surtout fonction de l’offre de logements dédiés (HLM, foyers). La structuration de l’islam dans l’agglomération est ainsi imbriquée dans celle des quartiers d’habitat social : Nantes nord, Malakoff, Bellevue, Nantes-est, Sillon de Bretagne.
Mosquée Arrahma
Date du document : 21-05-2013
Première génération d'immigrés
Jusqu’en 1975, les besoins en termes d’espaces cultuels ne sont pas exprimés, les hommes célibataires venus d’Algérie, de Tunisie et du Maroc se placent souvent en position de retrait dans la société française, y compris sur le registre religieux, leur séjour étant alors vécu comme une période limitée dans le temps. En 1976, le rachat au diocèse de la chapelle désaffectée de Saint-Christophe près du stade Marcel Saupin permet la fondation de la mosquée El Forqane, la première de Nantes. Des lieux de prière vont s’improviser progressivement dans des espaces privés ou des équipements socioculturels en lien avec les élus et les professionnels du travail social avec qui les fidèles sont en contact.
Mosquée Mevlana et son centre culturel, à Bellevue
Date du document : 21-07-2012
Reconnaissance de la pluralité religieuse
L’augmentation du nombre de fidèles, la volonté d’une visibilité plus importante de la part des musulmans – les deuxième et troisième générations sont des citoyens français qui n’envisagent plus le « retour au pays» – conduisent à des demandes de constructions de véritables mosquées (la définition d’une «mosquée », à distinguer du seul lieu de prière, reste ouverte et fait l’objet d’un débat, notamment au sein du Conseil français du culte musulman). Ces projets sont portés par des associations qui se fondent soit sur les origines nationales, comme dans le cas des Turcs, soit sur la base d’un territoire partagé comme à Nantes-nord, ou encore sur l’appartenance à une organisation nationale, comme les musulmans de l’Association islamique de l’Ouest de la France du quartier de Malakoff liés à l’Union des organisations islamiques de France. À eux, selon la loi de 1905 qui fournit le cadre réglementaire et impose la séparation des registres cultuels et culturels, de récolter les fonds et de remplir la difficile mission de maîtrise d’ouvrage. Dans la négociation avec les associations, la Ville affirme petit à petit une doctrine, basée sur les notions de fraternité et d’équité mises en avant comme facteurs de cohésion sociale. Le rappel du socle laïc est chaque fois l’occasion de préciser qu’il engage en termes de reconnaissance de la pluralité religieuse, d’où le rôle facilitateur et la volonté d’accompagner une communauté religieuse où tout est à construire.
Mosquée Assalam, quartier Malakoff - Saint-Donatien
Date du document : 07-11-2012
Des formes architecturales diverses
À la fin des années 2000, trois nouveaux édifices privés sortent de terre : la mosquée Arrahma (La Miséricorde) à Nantes-nord, inaugurée en mai 2010 en limite des quartiers d’habitat social et proche du tramway (Alain Gharib, architecte) ; le complexe articulant la mosquée Mevlana et le centre culturel liés aux musulmans originaires de Turquie dans la Zac Monplaisir près du quartier de Bellevue (agence In Situ) ; et le centre Assalam (La Paix) édifié dans le cadre du Grand projet de ville Malakoff - Pré Gauchet (agence Laïdi et Chateigner) en remplacement de l’ancienne mosquée.
Salle de prières de la mosquée Assalam
Date du document : 07-11-2012
Ces chantiers longs, complexes et riches à la fois, conduisent les différents partenaires à s’accorder et à dialoguer : explicitation de la logique administrative et de la réglementation d’un côté, de la vie et de la dimension symbolique du lieu de l’autre. Ces trois mosquées donnent à voir la diversité des formes architecturales et urbaines créées par l’islam ici, entre le croisement des différents savoir-faire et des compétences, entre les cultures architecturales liées aux pays d’origine et celles des architectes des projets. Les choix de façade (utilisation de la pierre ou du béton), les formes des minarets (traditionnels ou revisités), le mobilier intérieur constituent autant de détails des projets porteurs de l’histoire spécifique qui se dessine.
Anne Bossé, Elisabeth Pasquier
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
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Bibliographie
Pasquier Élisabeth, « De l’islam invisible à l’islam visible », Place Publique Nantes Saint-Nazaire, n°20, mars-avril 2010, p. 24-29
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Rédaction d'article :
Anne Bossé, Elisabeth Pasquier
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