La création du marché en 1900 accentue le rôle central de la place Emile Zola dans la vie sociale du Haut-Chantenay et fait encore aujourd’hui sa réputation.
Vue aérienne de l'îlot du futur parking et de l'emplacement du marché de Zola entre la rue des Renardières et le boulevard de l'Égalité
Date du document : 1968
Vue aérienne de l'îlot du futur parking et de l'emplacement du marché de Zola entre la rue des Renardières et le boulevard de l'Égalité
Date du document : 1968
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Depuis le 29 juin 1900, le marché se déroule le jeudi matin. Jusqu’aux années 1970, celui-ci se déploie le long des boulevards de la Fraternité, de l’Egalité et Pasteur. Au début des années 1960, la circulation automobile ayant considérablement augmenté, le marché peut difficilement se maintenir sur les boulevards. La place assure en effet la jonction entre sept axes routiers. C’est pourquoi, en 1962, la ville acquiert un îlot compris entre la rue des Renardières, la rue Danton, le chemin du Prinquiau et le chemin des Lauriers afin de mettre en œuvre un triple projet : le transfert du marché hebdomadaire sur les terrains centraux de ce quadrilatère, l’élargissement de la rue des Renardières et enfin la liaison Croix-Bonneau - Zola, voie nouvelle prévue au plan d’aménagement de 1948.
Allée du marché de Zola
Date du document : 22-11-2012
Allée du marché de Zola
Date du document : 22-11-2012
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Après la démolition totale du bâti sur les terrains expropriés dont la clinique d’accouchement Chapron, le marché de Zola prend ses nouveaux quartiers en 1974. C’est aujourd’hui le troisième marché nantais en fréquentation derrière celui de Talensac et de la Petite-Hollande.
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2013
Témoignage (1/15) : « Voyez mes salades, elles sont belles et...
« Jusqu’aux années 60, le marché de Zola était installé dans les rues autour de la place. Je faisais toujours mes courses au marché. Des marchands tiraient leur charrette avenue Allard et boulevard Pasteur qui étaient encore pavés. Mon père pensait que...
Témoignage (2/15) : Le marché, je ne peux pas m'en passer!
« Tous les jeudis, je fais le marché de Zola dès sept heures et quart. J’en profite pour prendre un petit café avec les commerçants. Quand j’y vais à dix heures, je ne rentre pas avant midi parce que je croise tous les anciens clients de mon salon de...
Témoignage (3/15) : Souvenirs de friandises
« Quand on allait au catéchisme le jeudi, on traversait le marché de Zola et on bavait devant le marchand de barbapapa. Au bout d’un moment, il en a eu tellement marre de nous voir tous les jeudis, qu’il a fini par craquer et on a eu droit à une barbapapa !...
Témoignage (4/15) : Denise et Jean-Louis, marchands de primeurs
« Mon grand-père maternel a commencé à faire les marchés quand il est arrivé d’Espagne au moment de la guerre civile. Les Espagnols connaissaient bien les fruits et quand ils sont arrivés en France, ils n’avaient pas de métier alors ils se sont mis à...
Témoignage (5/15) : Vendeurs de primeurs
Nous n’étions pas producteurs. On achetait les fruits et on les vendait. Quand mes parents ont débuté, ils partaient au Champ-de-Mars avec une baladeuse pour aller chercher la marchandise. C’étaient des baladeuses de trois mètres de long avec deux grandes...
Témoignage (6/15) : Une journée de marché
Une journée de marché, ça débute de bonne heure, vers trois ou quatre heures du matin. On commençait par monter nos vannettes pour faire l’étalage. Les vannettes, ce sont les bancs que l’on met sur des tréteaux. Ensuite, on montait les poteaux et on bâchait...
Témoignage (7/15) : Zola, le marché des habitués
Dans la famille, on a toujours fait le marché de Zola. Tous les commerçants se connaissaient sur ce marché. On s’arrangeait avec certains pour acheter de la marchandise en commun. Il y avait beaucoup de primeurs mais au début, c’étaient soit des marchands...
Témoignage (8/15) : Petits changements au fil du temps
Le marché a été déplacé sur le parking en 1974 parce qu’avant il était sur la place. A ce moment-là, les primeurs étaient sur la rue du côté du marchand de meubles Hilligot. Au départ, ça râlait parce les commerçants n’aiment pas trop le changement. Ça...
Témoignage (9/15) : Chacun sa place !
On avait toujours le même emplacement. On avait un abonnement à l’année et on payait le droit de place tous les trimestres. Avec le temps, on connaissait bien le placier et il fallait mieux bien s’entendre avec lui. Si on respectait le nombre de mètres...
Témoignage (10/15) : Face aux supermarchés..
On a vu la concurrence des supermarchés arriver. C’est plus pratique pour le client de tout acheter au même endroit et de pouvoir stationner facilement. Sur les marchés, le stationnement, c’est toujours le problème. Quand j’habitais la Croix-Bonneau,...
Témoignage (11/15) : Willy, le marchand de mousse
« Mes parents étaient des camelots professionnels. Ils ont commencé leur activité avant la guerre, quand ils se sont mariés. Ils faisaient les marchés et les foires dans toute la France. Après la guerre, ils se sont stabilisés à Nantes. Ils s’approvisionnaient...
Témoignage (12/15) : Vendeur de mousse
On s’est mis à vendre de la mousse dès que ce matériau a été inventé. Avant, on trouvait des matelas en laine et puis la mousse est arrivée. On a commencé par vendre des éponges. Petit à petit, on s’est mis sur ce créneau-là et j’ai continué. Je vends...
Témoignage (13/15) : Bien installé à Zola
J’ai toujours eu un emplacement à Zola parce que mes parents faisaient ce marché depuis longtemps et les enfants qui reprennent le métier sont prioritaires. Quand on a commencé, on était sur le boulevard de la Fraternité, juste devant l’école. Les commerçants...
Témoignage (14/15) : Le marché de Zola, un repère
Zola est un beau marché, réputé, même s’il est moins grand aujourd’hui. Il a été restreint parce qu’à un moment, il y a eu moins de marchands. En tout cas, je trouve qu’il y a toujours une très bonne ambiance. On se connaît tous. On ne connaît pas le...
Témoignage (15/15) : Hiver comme été
L’hiver et pendant les vacances, on voit moins de monde. L’été, les gens sont en vacances et ils font les marchés sur la côte pour le folklore. Et l’hiver, dès qu’il fait froid ou dès qu’il pleut, on ne voit plus grand monde. On dit que les Nantais aiment...
Témoignage (1/15) : « Voyez mes salades, elles sont belles et bonnes! »
« Jusqu’aux années 60, le marché de Zola était installé dans les rues autour de la place. Je faisais toujours mes courses au marché. Des marchands tiraient leur charrette avenue Allard et boulevard Pasteur qui étaient encore pavés. Mon père pensait que le pavage les aidait car ça faisait sauter la charrette ! Le marché était très vivant. J’admirais tous les vendeurs qui racontaient des histoires et des boniments. C’étaient des poètes ! C’était à celui qui crierait le plus fort parce qu’il fallait crier plus fort que le voisin. C’était très drôle. « Oh, regardez mes belles salades ! » et ils partaient sur les salades et la façon de les planter ou n’importe quoi ! C’était très sympathique. »
Propos de Martine Convert recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2008 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/15) : Le marché, je ne peux pas m'en passer!
« Tous les jeudis, je fais le marché de Zola dès sept heures et quart. J’en profite pour prendre un petit café avec les commerçants. Quand j’y vais à dix heures, je ne rentre pas avant midi parce que je croise tous les anciens clients de mon salon de coiffure. Je croise les mêmes personnes selon les heures. Je peux me passer des grandes surfaces mais pas du marché ! J’ai connu le marché lorsqu’il était sur les boulevards de la Fraternité et de l’Egalité. Il était énorme ce marché ! Il s’étalait sur les deux côtés du trottoir jusqu’au cinéma « Le Modern ». Il y avait un secteur légumes, un secteur poissons, un secteur vêtements. Je me souviens de la « mère morue ». Tout le monde l’appelait comme ça parce qu’elle ne vendait rien d’autre. Il y avait madame Thibaud aussi qui vendait des gâteaux cassés au kilo. Aujourd’hui, il doit y avoir moitié moins de commerçants. »
Propos de René Lins recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (3/15) : Souvenirs de friandises
« Quand on allait au catéchisme le jeudi, on traversait le marché de Zola et on bavait devant le marchand de barbapapa. Au bout d’un moment, il en a eu tellement marre de nous voir tous les jeudis, qu’il a fini par craquer et on a eu droit à une barbapapa ! Il y avait aussi un marchand de sève de pin. Il avait des plaques de sève qu’il cassait avec un marteau pour en faire des petits morceaux et qu’il vendait dans des petits sachets. C’était pareil que pour la barbapapa, des fois on avait droit à un petit morceau ou on ramassait ceux qui tombaient. Beaucoup de camelots faisaient des démonstrations d’appareils comme à la Foire exposition. C’était un vrai spectacle ! Il y avait toujours des attroupements et on adorait. »
Propos de Marie-Hélène Edelin recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (4/15) : Denise et Jean-Louis, marchands de primeurs
« Mon grand-père maternel a commencé à faire les marchés quand il est arrivé d’Espagne au moment de la guerre civile. Les Espagnols connaissaient bien les fruits et quand ils sont arrivés en France, ils n’avaient pas de métier alors ils se sont mis à vendre des fruits avec une petite baladeuse pour nourrir leurs familles. Ils achetaient au Champ-de-Mars où il y avait beaucoup de grossistes espagnols comme les Saz, les Triaz… Mes parents ont pris la suite de mon grand-père après la guerre. Ils ne faisaient que les marchés nantais. A cette époque, les gens faisaient leurs courses au marché parce que c’était quand même moins cher. Il n’y avait pas encore de grandes surfaces, ce n’étaient que des petites épiceries. J’ai commencé à travailler sur les marchés avec mes parents à partir de 14 ans dès que j’ai eu mon certificat d’études. Ma mère voulait que je l’obtienne, c’était la condition avant de travailler. Ce n’était pas grand-chose mais pour eux, c’était important. J’ai donc appris le métier avec mes parents. On était beaucoup, comme ça, à travailler avec nos parents et à prendre la suite. Ensuite, ma femme a appris le métier avec moi.
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (5/15) : Vendeurs de primeurs
Nous n’étions pas producteurs. On achetait les fruits et on les vendait. Quand mes parents ont débuté, ils partaient au Champ-de-Mars avec une baladeuse pour aller chercher la marchandise. C’étaient des baladeuses de trois mètres de long avec deux grandes roues qu’ils tiraient avec les deux grands bras. Ils faisaient le marché avec. Après la guerre, ils se sont modernisés en achetant un camion. Au moment où j’ai pris la suite, l’approvisionnement se faisait au MIN. Quand j’ai commencé le métier, on trouvait des fruits de la région. Ensuite, l’arrivée des fruits d’Espagne a marqué une évolution qui a permis de vendre des fruits un peu avant la saison comme les melons, par exemple. Du temps de mes parents, on ne vendait des melons qu’en juillet et en août et ils étaient cultivés par des petits producteurs de Saint-Sébastien, Basse-Goulaine, Thouaré, Sainte-Luce. On ne trouvait pas de melons au mois de mai. J’ai aussi connu beaucoup de petits producteurs qui vendaient les fruits et légumes directement sur les marchés. Comme marchés, on faisait Jean-Macé le mardi et Pirmil, le mercredi. Le jeudi, c’était Zola. Le vendredi, nous allions place du 8 mai à Rezé et le samedi, c’était la Petite-Hollande. Le dimanche, on était à Notre-Dame-de-Mont. L’été, on faisait ce marché trois jours par semaine et celui de Piriac. On travaillait à deux. L’hiver, c’était suffisant et l’été, des petits jeunes venaient nous aider pour se faire de l’argent de poche.
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (6/15) : Une journée de marché
Une journée de marché, ça débute de bonne heure, vers trois ou quatre heures du matin. On commençait par monter nos vannettes pour faire l’étalage. Les vannettes, ce sont les bancs que l’on met sur des tréteaux. Ensuite, on montait les poteaux et on bâchait pour se protéger en cas de pluie. Pendant que ma femme finissait d’installer, j’allais au MIN pour acheter la marchandise. Je revenais vers sept heures et demi ou huit heures pour finir le déballage. Nous, on déballait tous nos fruits à la main pour ne pas les abîmer. C’est pour ça que l’on se levait de bonne heure parce qu’il nous fallait du temps pour faire la mise en place. Les clients arrivaient dès huit heures. Le marché se terminait vers midi et demi ou treize heures et on commençait le remballage. On chargeait le camion et on rentrait chez nous. Faire le commerce du fruit, ce n’est pas le plus facile parce que c’est un produit fragile. Et puis, il faut que les fruits soient vendus mûrs. On était là pour gagner notre vie mais on avait toujours le plaisir de satisfaire nos clients alors on choisissait de la bonne marchandise.
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (7/15) : Zola, le marché des habitués
Dans la famille, on a toujours fait le marché de Zola. Tous les commerçants se connaissaient sur ce marché. On s’arrangeait avec certains pour acheter de la marchandise en commun. Il y avait beaucoup de primeurs mais au début, c’étaient soit des marchands de légumes, soit des marchands de fruits. Nous, on n’a quasiment toujours fait que des fruits sauf vers la fin. L’étalage de mes parents s’appelait Galais mais ma mère était espagnole et il y avait beaucoup de marchands de fruits espagnols comme les Robilla, les de Castellano... Ensuite, ce sont les Algériens, les Marocains qui se sont spécialisés dans les primeurs. Eux aussi aiment beaucoup les fruits et ils savent les travailler. Quand il n’y avait pas d’école le jeudi, on voyait beaucoup d’enfants avec leurs mamans. On avait nos habitués, on voyait certaines personnes toutes les semaines. Certains clients préféraient se faire servir par ma femme et d’autres, par moi. Chacun avait ses habitudes. D’un marché à l’autre, ce n’était pas du tout la même clientèle. Zola, c’était un marché plus huppé que la Petite-Hollande et c’étaient surtout des gens du quartier que l’on connaissait bien. Les petites mamies avec leurs caddies, on les connaissait depuis longtemps.
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (8/15) : Petits changements au fil du temps
Le marché a été déplacé sur le parking en 1974 parce qu’avant il était sur la place. A ce moment-là, les primeurs étaient sur la rue du côté du marchand de meubles Hilligot. Au départ, ça râlait parce les commerçants n’aiment pas trop le changement. Ça s’est bien passé quand même parce qu’on était bien plus à l’aise pour travailler. Sur la rue, ça devenait compliqué parce que la circulation n’était pas bloquée et il y avait de plus en plus de voitures. Ensuite, l’autre aménagement important, c’était il y a une vingtaine d’années quand l’électricité est arrivée. Ça a été un vrai bonheur. Avant, quand on arrivait tôt le matin l’hiver, on avait tous notre petite bouteille de gaz ou un groupe électrogène pour nous éclairer mais ça faisait du bruit, surtout quand on arrive à quatre heures du matin.
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (9/15) : Chacun sa place !
On avait toujours le même emplacement. On avait un abonnement à l’année et on payait le droit de place tous les trimestres. Avec le temps, on connaissait bien le placier et il fallait mieux bien s’entendre avec lui. Si on respectait le nombre de mètres que l’on avait réservé, tout se passait bien. Quand un commerçant arrêtait son activité, on pouvait récupérer sa place. En général, c’étaient les plus anciens qui la reprenaient parce que certains emplacements sont mieux que d’autres. Les meilleures places sont celles situées à l’angle d’une allée. L’emplacement peut être transmis aux enfants qui reprennent l’activité des parents. Ils sont prioritaires. A notre époque, la plupart des marchands avaient repris l’affaire de leurs parents. Aujourd’hui, ça se fait moins, on arrive à une génération qui a moins envie de prendre la suite. Chez nous, nos deux fils travaillaient avec nous l’été pour se faire de l’argent de poche mais ils n’ont jamais voulu nous succéder.
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (10/15) : Face aux supermarchés..
On a vu la concurrence des supermarchés arriver. C’est plus pratique pour le client de tout acheter au même endroit et de pouvoir stationner facilement. Sur les marchés, le stationnement, c’est toujours le problème. Quand j’habitais la Croix-Bonneau, j’allais au supermarché de Chantenay. Je ne pouvais pas m’empêcher de regarder les fruits et légumes et je trouvais que c’était bien tenu. Le responsable du rayon était un petit gars d’origine arabe et il savait choisir ses fruits. Maintenant, ce sont les poissonniers qui attirent la clientèle sur les marchés. Ils vont chercher leurs poissons soit au MIN soit à la criée. C’est dur comme métier poissonnier, bien plus dur que les primeurs parce qu’il y a beaucoup de nettoyage. Et l’hiver, avec la glace, il faut avoir envie de le toucher le poisson ! Et quand ils rentrent chez eux, il faut tout relaver. On a arrêté en 2002. On était fatigués mais ça n’a pas été facile parce qu’on a fait ça toute notre vie et tous les deux ! On a aimé notre métier même si des fois c’était dur, surtout l’hiver. Et puis, ce n’était pas toujours facile de travailler en couple parce que non seulement on travaille ensemble mais quand on rentre à la maison, on ne parle que de ça parce qu’il faut préparer le marché du lendemain… »
Propos de Jean-Louis Galais recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (11/15) : Willy, le marchand de mousse
« Mes parents étaient des camelots professionnels. Ils ont commencé leur activité avant la guerre, quand ils se sont mariés. Ils faisaient les marchés et les foires dans toute la France. Après la guerre, ils se sont stabilisés à Nantes. Ils s’approvisionnaient chez des grossistes et ils revendaient ensuite la marchandise sur les marchés. Ils vendaient des toiles cirées, des jouets à Noël.... Pendant des années, ils ont déballé dans la rue du Calvaire qui était encore en reconstruction. Moi, j’ai commencé à travailler avec eux au début des années 1960. Ensuite, j’ai repris l’entreprise de mon père mais ma mère était encore sur les marchés à 90 ans ! Elle n’a jamais pris un jour de vacances de sa vie. Elle est décédée à 95 ans et je ne l’ai jamais vue s’arrêter. Elle serait même allée au marché la nuit ! C’était une passion ! Ma sœur travaillait avec mon père et moi, je travaillais avec ma mère. Le lundi, on allait à Pontchâteau et le mardi, on faisait Jean-Macé. Le mercredi, on était à Doulon, le jeudi à Zola, le vendredi à Rezé et le samedi, c’était Talensac. L’été, on faisait tous les marchés de la côte. On partait en caravane et on s’installait pendant trois mois à Saint-Nazaire.
Propos de Willy Charlopeau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (12/15) : Vendeur de mousse
On s’est mis à vendre de la mousse dès que ce matériau a été inventé. Avant, on trouvait des matelas en laine et puis la mousse est arrivée. On a commencé par vendre des éponges. Petit à petit, on s’est mis sur ce créneau-là et j’ai continué. Je vends de la mousse depuis une quarantaine d’années maintenant. Il y a plein d’usages avec ce matériau parce que l’on s’assoit ou l’on dort sur de la mousse. Les gens viennent avec une chaise, un berceau de bébé, un fauteuil et je coupe à la demande et sur-mesure. J’ai même des clientes qui viennent pour un petit bout de mousse à mettre dans leurs chaussures. Ça, j’en fais cadeau. Il y a différentes qualités de mousse, il faut savoir ce que l’on veut en faire. Certains clients veulent de la mousse dure, d’autres de la mousse molle… J’achète des gros blocs que je stocke dans un hangar qui me sert aussi d’atelier pour la découpe. Quand on a commencé, on se fournissait à Nantes parce que des usines en fabriquaient. C’est un matériau qu’il vaut mieux acheter sur place parce que comme c’est volumineux, il y a beaucoup de frais de transport. C’est un petit commerce. Je suis un bricoleur, un artisan, certainement pas un entrepreneur ou un homme d’affaires ! Je m’en sors parce que je prends des commandes sur les marchés et les gens passent ensuite à l’atelier récupérer la marchandise.
Propos de Willy Charlopeau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (13/15) : Bien installé à Zola
J’ai toujours eu un emplacement à Zola parce que mes parents faisaient ce marché depuis longtemps et les enfants qui reprennent le métier sont prioritaires. Quand on a commencé, on était sur le boulevard de la Fraternité, juste devant l’école. Les commerçants déballaient des deux côtés du trottoir et les voitures passaient au milieu. C’est pour ça qu’à un moment, la plupart des marchés nantais, qui étaient sur la rue, ont été transférés sur des places. Avec l’augmentation de la circulation, ce n’était plus possible. J’ai la même place depuis un moment, maintenant, parce que je suis abonné. Je paye tous les mois pour avoir mon emplacement. Sur le marché, il y a les abonnés et les passagers. Le placier distribue les places qui varient de trois ou quatre mètres selon les besoins. Les gens payent selon la longueur. L’heure d’arrivée sur le marché dépend de ce que l’on vend. Les primeurs et les poissonniers arrivent les premiers parce qu’ils sont d’abord obligés de passer au MIN pour faire leurs achats. Moi, j’arrive à sept heures et demi, ce qui n’est pas très tôt. Quand je venais avec ma mère, on déballait dès sept heures parce ce que des clients passaient de bonne heure.
Propos de Willy Charlopeau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (14/15) : Le marché de Zola, un repère
Zola est un beau marché, réputé, même s’il est moins grand aujourd’hui. Il a été restreint parce qu’à un moment, il y a eu moins de marchands. En tout cas, je trouve qu’il y a toujours une très bonne ambiance. On se connaît tous. On ne connaît pas le nom des gens mais on connait leur prénom, alors on les associe à ce qu’ils vendent. C’est un repère. Moi, on m’appelle « Willy la mousse ». J’ai un copain qu’on appelle « Thierry la morue » et un autre, « Stéphane la galette » ! Beaucoup de marchands sont là depuis longtemps comme le marchand de morue ou les marchands de chaussures. Ils ont pris la suite de leurs parents. Je pense que personne ne va reprendre leur place quand ils vont arrêter. On trouve de moins en moins de choses et ce sera de plus en plus comme ça parce que ceux qui arrêtent ne sont pas repris. C’est un métier qui est de moins en moins renouvelé. Un jeune ne veut pas se lancer parce qu’il n’est pas sûr de gagner sa vie. Par contre, quelqu’un qui prend la suite de ses parents se lance plus facilement parce qu’il connaît le métier et il a déjà une clientèle.
Propos de Willy Charlopeau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (15/15) : Hiver comme été
L’hiver et pendant les vacances, on voit moins de monde. L’été, les gens sont en vacances et ils font les marchés sur la côte pour le folklore. Et l’hiver, dès qu’il fait froid ou dès qu’il pleut, on ne voit plus grand monde. On dit que les Nantais aiment bien la pluie mais sur les marchés, ce n’est pas le cas. Dans le temps, qu’il pleuve ou qu’il neige, on déballait et il y avait toujours du monde. Maintenant, s’il fait mauvais, les gens restent chez eux ou vont au supermarché. Il faut dire que c’est plus facile : c’est chauffé, il y a de la musique, vous risquez de gagner une télé et il y a des parkings ! Aujourd’hui, il n’y a plus de parking sur les marchés et ça devient une contrainte sauf pour les gens du quartier qui peuvent venir à pied avec leur petit caddie ou à vélo. Maintenant, on voit surtout des petites grands-mères à la retraite. Elles n’ont pas un pouvoir d’achat extraordinaire mais elles viennent pour sortir de chez elles, pour discuter. Quelques dames viennent me voir depuis des années. Elles ne passent pas un jeudi sans venir me dire bonjour. Elles ne m’achètent pas grand-chose mais c’est vraiment sympa. Des gens me demandent pourquoi je ne suis pas à la retraite et je leur réponds que moi, j’ai besoin de ce contact. Je fais du social, si vous voulez. Et j’aime mon métier ! »
Propos de Willy Charlopeau recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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En bref...
Date de construction :
1900
Typologie :
architecture civile publique et génie civil
En savoir plus
Bibliographie
Archives municipales de Nantes, Autour de la place Emile-Zola, Ville de Nantes, Nantes, 2013 (coll. Quartiers à vos mémoires)
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