Maison Amieux-Carraud
Maurice Amieux (1807 Villar d’Arène – 1865 Toulouse) et Benjamin Carraud (1827 La Grave – 1889 Étel), issus tous deux du colportage et de l’épicerie, ouvrent, vers 1854, une nouvelle ère pour la conserverie nantaise, avant Charles Cassegrain et Arsène Saupiquet.
Maurice Amieux : un long parcours avant de s’établir dans l’ouest
Difficile de suivre le parcours de Maurice Amieux jusqu’à son installation à Nantes ! En lien avec la pratique des migrations saisonnières des colporteurs, il a probablement parcouru plusieurs fois le territoire national avant son mariage en 1831. Une fois marié, il poursuit ses pérégrinations : il est absent de La Grave pour la naissance de ses deux premiers enfants (Catherine Virginie en 1836 et Jean Maurice en 1839), puis répertorié comme marchand de toile, négociant et colporteur à Voiron en 1840. Il est installé à Aubusson lors de la naissance de son troisième enfant, Émile, en 1842, puis de nouveau signalé à Voiron en 1850 où il obtient un passeport pour Saint-Malo.
                Portrait de Maurice Amieux
Date du document : 19e siècle
Maurice Amieux cherche à s’établir « pour de bon ». Des cousins de son père, les Clot, originaires de Villar d’Arène, sont installés à Lorient où ils ont « réussi ». Mais il envisage aussi un moment Bruxelles ou Strasbourg. C’est le contact avec Aymon, et probablement Liothaud à Nantes qui l’oriente d’abord vers Rennes, où son interlocuteur lui trouve un local commercial.
Amieux et Carraud associés
À peine installé à Rennes, Maurice Amieux s’associe en novembre 1850 avec un autre « pays », Benjamin Constant Carraud, alors épicier à Montluçon. Celui-ci devient son gendre en 1851 en épousant sa fille Catherine Virginie. Pour les seconder et former à leur tour des jeunes du pays, ils font appel à des commis venant de La Grave, comme Berthet ou Raphaël Carraud.
C’est à Rennes qu’ils auraient réalisé leurs premières conserves de petits pois, en 1851. La même année, ils créent leur conserverie de sardines à Étel. La direction en est confiée un temps à Auguste Poyet, beau-frère de Maurice Amieux, avant qu’il ne s’installe comme marchand de comestibles 10 rue du Calvaire à Nantes à l’enseigne « Aux Frères Provençaux ». Les associés ouvrent un nouveau magasin à Rennes en 1853, qu’ils revendent à M. Juge en 1856.
Dans le même temps, l’association Amieux-Carraud apparaît de plus en plus dans les manifestes d’entrée au port de Nantes pour des activités de négoce. C’est à cette époque que Maurice Amieux et Benjamin Carraud prennent prudemment le virage de la conserve, laissant une activité florissante pour une nouvelle technique encore incertaine. Ils quittent Rennes pour Nantes où ils créent la Maison Amieux-Carraud, vraisemblablement entre 1854 et 1856. Son siège est place du Commerce.
Le choix de Nantes
Cette décision démontre l’importance du contenant, la boîte, pour réussir dans ce métier. Comme le rappelle un descendant de Maurice Amieux : « […] c’est à Nantes qu’il prospecte pour trouver un fabricant de boîtes en fer-blanc : il s’adresse à Anselme, ferblantier, rue de l’Echelle et à Flon, 2 rue Contrescarpe. Cette facilité à trouver à Nantes les fers-blancs venus d’Angleterre, a sans doute joué dans l’installation de Maurice Amieux à Nantes (Follenfant, 1954).
En 1860, Maurice Amieux et Benjamin Carraud sont à la tête de trois conserveries. Celle d’Étel pour les sardines et deux conserveries de légumes, l’une à Nantes et l’autre à Rennes. Les développements d’Amieux-Carraud s’orientent alors résolument vers la production et la commercialisation de conserves. En 1863, les premières marques sont déposées : Sardines et Petit-pois.
                Les deux premières marques de fabrique déposées par la Maison Amieux-Carraud en 1863
Date du document : 24/10/1863
Ils anticipent l’avenir, comme en témoigne l’achat, à partir de 1861, de nombreuses terres agricoles à Saint-Sébastien, autour de La Jaunaie, Le Fresne Rond, L’Ouche Quinet… Un bon nombre de ces parcelles seront revendues à Cassegrain après le décès de Maurice Amieux.
Des investissements sont également réalisés pour des locaux et une habitation pour la famille Amieux, père et fils, rue Haudaudine, où est alors transféré le siège de la société. Benjamin Carraud est domicilié au 47 chaussée de la Magdeleine.
Avec le décès brutal de Maurice Amieux lors d’un déplacement commercial à Toulouse en mars 1865, les jours de la Maison Amieux-Carraud sont comptés. Ses deux fils, Maurice et Émile, rejoignent un temps leur beau-frère en créant le 1er juin 1865 la société Amieux et Carraud pour la continuation de l’ancienne maison de commerce Amieux et Carraud. Cette société éphémère est dissoute le 13 janvier 1866 et entraîne la création de deux nouvelles entités : la Maison Carraud-Amieux de Benjamin Carraud et la société Amieux Frères de Maurice et Émile Amieux.
Laurent Venaille
Association La conserve des Salorges à la Lune
2025
En savoir plus
Bibliographie
Association généalogique des Hautes-Alpes, Amieux. Villar d’Arène, La Grave, Nantes, Étude de 1999
Fontaine Laurence, Le Voyage et la mémoire. Colporteurs de l’Oisans au XIXe siècle, Presses universitaires de Lyon, 1984
Webographie
    		Site internet de l'association La Conserve des Salorges à la Lune
			
		
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Rédaction d'article :
Laurent Venaille
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