« Le temps de la construction hâtive des immenses ZUP des années 1950-1970 qui ont tant prêté le flanc aux critiques justifiées, est aujourd’hui révolu. Municipalité et Office ont désormais opté pour de petits ensembles intégrés dans le tissu d’un quartier. L’accent a été mis sur la construction dans le centre ville et dans les quartiers proches du centre (…). Deux raisons à cette nouvelle orientation : d’une part enrayer l’exode des gens peu argentés vers les lointaines banlieues, et d’autres part favoriser l’intégration et la participation à la vie du quartier, priorité a d’ailleurs été donnée aux habitants du quartier pour l’accession aux logements neufs. » C’est ainsi qu’en novembre 1982, la politique du logement social de la municipalité Chénard est présentée aux Nantais dans la revue municipale Nantes, votre ville. Arrivée cinq ans auparavant, la nouvelle équipe a en effet débuté son mandat en affirmant de nouveaux choix d’urbanisme marqués par le refus des pénétrantes, la révision du Plan d’occupation des sols et une nouvelle orientation pour l’habitat social. 

Une nouvelle façon de penser les logements sociaux

Cette politique du logement a été déterminée à la suite de plusieurs constats : le dépeuplement du centre de Nantes (treize mille habitants l’ont en effet quitté entre 1968 et 1975) et la dégradation de l’habitat social. Pour faire face à cette situation, un vaste programme de réhabilitation et la construction de logements sociaux dans le centre sont décidés. La mise en œuvre de cette politique est, par ailleurs, influencée par le contexte de la crise pétrolière qui justifie l’accent mis sur l’isolation thermique tant pour les réhabilitations que pour les nouvelles constructions.

L’opération « Maisdon-Pajot » illustre cette nouvelle orientation. Ainsi, le 10 juillet 1980, le conseil municipal propose la mise à disposition de l’Office public d’HLM de terrains lui appartenant pour la construction de petits collectifs. « Ces propriétés sont disséminées sur l’ensemble du territoire communal, mais aucune ne se situe en zone périurbaine, loin des équipements collectifs indispensables à l’épanouissement social des familles. Elles sont, au contraire, bien intégrées à leur quartier respectif. »

Un terrain municipal, acquis en 1967 et situé entre les rues Maisdon-Pajot et Monte-au-Ciel, est alors cédé afin de permettre la construction de cent-soixante-neuf logements sur une surface de 10 356 m².

De nouvelles formes architecturales

Le projet est confié au cabinet d’architecture nantais Ruelland-Perche-Heraud. Le chantier débute en 1982 et les premiers locataires emménagent en 1984. Cette réalisation se caractérise par une recherche des formes qui se distingue des productions précédentes et par le soin tout particulier porté aux problèmes d’isolation dont une des composantes est l’utilisation d’un parement de briques Vaugirard.

 Ce matériau inspire la commission de dénomination des voies puisque le 12 décembre 1983, la cour intérieure de l’ensemble HLM est dénommée « Passage de la Ville-en-Brique » en référence à la rue de la Ville-en-Bois, toute proche.

Nathalie Barré
Archives de Nantes
2013