Bandeau
Collège Aristide-Briand Habitat de la Prairie-au-Duc

Jérôme « Jean-Baptiste » Amieux (1851-1910)


Dans la seconde moitié du 19e siècle, Jérôme « Jean-Baptiste » Amieux est à la tête d’une des trois conserveries nantaises portant le nom « Amieux ». L’utilisation de ce nom le conduit à être assigné en justice par ses cousins éloignés, fondateurs de la société Amieux Frères, pour contrefaçon.

Le cousin éloigné

Jérôme, dit « Jean-Baptiste », Amieux (1851, Villar d’Arène – 1910, Nantes) est cousin issu de germains avec Maurice Amieux, le fondateur des conserves Amieux-Carraud à Nantes. Ils ont le même arrière-grand-père, Jean-Baptiste Amieux.

Il est le dernier d’une fratrie de huit enfants. La première trace dans les archives de sa présence à Nantes date de 1876, sur les listes électorales. Il est alors domicilié et employé comme commis chez Jean-Baptiste Jacquier à la Ville-en-Bois à Chantenay.

Il reste à Nantes jusqu’en 1880. En 1881 et 1882, il est gérant de l’usine « Le Guillou de Penanros » sur l’Île Tristan à Douarnenez. Il revient ensuite à Nantes où il se déclare « fabricant de conserves » à partir de 1884 jusqu’en 1902.

Entête commercial de Jean-Baptiste Amieux

Entête commercial de Jean-Baptiste Amieux

Date du document : 1901

Conserveur à Saint-Clair

Jean-Baptiste Amieux s’installe à Chantenay dans des locaux loués, au n°20 de l’avenue Saint-Clair, près de l’église construite en 1858. Les bureaux donnent sur l’avenue Saint-Clair. L’usine, une construction en bois de 450 mètres carrés, ainsi que les magasins, sont derrière les bureaux et vont jusqu’à la cure. L’ensemble est complété par une maison sur le chemin Guilbaud.

Détail du plan de Chantenay de 1902

Détail du plan de Chantenay de 1902

Date du document : 1902

Pendant neuf ans, il va y développer son activité. Il exploite l’homonymie avec Amieux Frères pour bénéficier de leur image et de leur notoriété. Il va jusqu’à prendre comme devise « Nul ne fait mieux ».

En 1890, Jean-Baptiste Amieux se rapproche de Louis Beudin, négociant et fabricant de conserves à Paris. Cette association lui permet de pouvoir revendiquer, comme les grandes maisons, « Paris et Nantes » sur ses produits et sur ses documents. En 1891, il passe des accords de commercialisation avec J. Fraisse qui vient tout juste de reprendre l’affaire Carraud-Amieux. La même année, le 16 novembre 1891, il achète un terrain à Saint-Clair, chemin du Petit-Saint-Joseph. 

L’usine de Saint-Clair part en fumée

Le 21 août 1892, un incendie entraîne la destruction complète de son établissement, des matériels et des stocks, et la mise à pied du personnel, 50 femmes et 15 hommes occupés dans l’usine. Jean-Baptiste Amieux évalue sa perte à 90 000 francs.

Extrait du « Phare de la Loire » du 22 août 1892 évoquant l’incendie de l’usine de Jean-Baptiste Amieux

Extrait du « Phare de la Loire » du 22 août 1892 évoquant l’incendie de l’usine de Jean-Baptiste Amieux

Date du document : 22/08/1892

Bien assuré, il reprend son activité dès 1894 dans une nouvelle usine, sur son propre terrain, au 2 chemin du Petit-Saint-Joseph : construction d’une maison en 1895, d’une fabrique de conserves alimentaires en 1896, puis d’un magasin en 1897, et de nouveau d’une maison en 1900.

Le 28 mai 1897, Jean-Baptiste Amieux s’associe à un négociant de Chantenay, Ferdinand Gelas, originaire de La Grave. La raison sociale devient Jean-Baptiste Amieux et Cie.

Entre 1898 et 1899, la société dépose de nombreuses marques. Sans visuels, elles sont souvent inspirées des modes de l’époque : « Les Tzarines sauce impératrice », « Bœuf primé », « Le Rabelais », « Les Sublimes », « Les Victorieuses », « Villeneuve La Lande ». Notons l’étonnante « Sardines des femmes de France » associée à « American Ladies club sardines » et le « Nec plus ultra », pour faire face à l’injonction de ne plus utiliser sa devise « Nul ne fait mieux ». Nec plus ultra, la rime est moins riche avec Amieux !

Deux marques de fabrique déposées par Jean-Baptiste Amieux et Cie.

Deux marques de fabrique déposées par Jean-Baptiste Amieux et Cie.

Date du document : 1898-1899

Le 12 juin 1899, la société formée entre Jean-Baptiste Amieux et Ferdinand Gelas est dissoute.

Plus de 10 ans de procédures « Amieux contre Amieux »

Négligence ou tentatives amiables infructueuses, les frères Amieux de la société Amieux et Cie ont laissé leur cousin lointain entretenir et développer la confusion entre les deux entreprises pendant sept ans, avant de porter leurs différends devant le Tribunal de Commerce de Nantes en 1891 pour concurrence déloyale.

Leurs griefs sont les suivants :
- L’utilisation par Jean-Baptiste Amieux du patronyme Amieux associé à la devise « Nul ne fait mieux » alors qu’ils l’utilisent eux même depuis longtemps avec la devise « Notre devise est comme notre nom : Toujours a mieux ».
- L’utilisation des mentions, selon eux inexacte, « Nantes et Paris » sur les produits ou documents commerciaux.
- La mention de Chantenay-lès-Nantes dans des documents commerciaux, désignation fantaisiste imaginée par les Frères Amieux et qui ne correspond pas aux usages géographiques ou administratifs. Cette mention renforce les risques de confusion.
- L’utilisation de la dénomination « fleur » et « fine fleur » imaginée par eux pour désigner la première qualité des principaux légumes en complément ou remplacement de l’appellation classique « extra fins », ainsi que certains éléments graphiques de leur étiquette par Louis Beudin sur les produits de Jean-Baptiste Amieux.

Petits pois Amieux-Frères avec la mention « Se méfier des imitations »

Petits pois Amieux-Frères avec la mention « Se méfier des imitations »

Date du document : Fin 19e siècle

Un premier jugement est rendu le 23 janvier 1892 par le Tribunal de Commerce de Nantes, confirmé en cour d’appel de Rennes le 18 novembre. Sur la plupart des points, M. Amieux et Cie obtient gain de cause. En avril 1893, une convention est établie entre les deux parties pour exécuter les dispositions de l’arrêt de la cour d’appel de Rennes. Elle comprend un accord sur les éléments de marque pour éviter toute contestation, mais aussi l’engagement à « remettre à l’administration des postes et télégraphes et des chemins de fer toutes correspondances ou envois portant seulement le nom d’Amieux sans désignation plus explicite ». La confusion était si bien entretenue que courriers ou colis pouvaient arriver à Saint-Clair ou rue Chevreul.

Les termes de cette convention sont plus ou moins bien respectés par Jean-Baptiste Amieux puis par la Société formée avec Gelas. D’où une sommation de la part d’Amieux et Cie en 1897, restée sans effets, et un nouveau un passage au Tribunal de Commerce de Nantes le 28 mai 1898. Et de nouveau à la Cour d’Appel de Rennes le 16 mars 1899 avec des conclusions encore plus fermes avec astreinte, insertion dans les journaux et dépens.

La fin des activités industrielles de Jean-Baptiste Amieux

En 1904, fatigué, lassé de ses combats commerciaux et juridiques avec les frères Amieux, ou alléché par une offre de reprise intéressante, Jérôme « Jean-Baptiste » Amieux vend son terrain avec usine, maisons et magasins à Amieux Frères. Il se retire au 29 rue Littré où il décède en 1910.

Laurent Venaille
Association La conserve des Salorges à la Lune
2025

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

Vous aimerez aussi

Groupe scolaire de la Contrie

Architecture et urbanisme

Le groupe scolaire de la Contrie est inauguré en 1937. Son histoire s'inscrit dans le développement des écoles publiques nantaises de l'entre-deux-guerres et de l'après-guerre.

Contributeur(s) :Nathalie Barré , Yvonne Luce , Jacques Patron ...

Date de publication : 06/03/2019

3394

Saupiquet

Société et culture

Le 20 décembre 2024, la dernière usine Saupiquet de France ferme à Quimper. Une nouvelle page se tourne pour l’entreprise fondée à Nantes en 1877 par Arsène Saupiquet.

Contributeur(s) :Brigitte Blesteau , Brigitte Haye , Laurent Venaille ...

Date de publication : 03/02/2025

1087

Abel Soreau (1845-1909)

Personnalité nantaise

Dans le monde des collecteurs folkloristes des 19e et 20e siècles, Abel Soreau est sans doute l’ecclésiastique le plus prolifique ayant étudié le département de la Loire-Inférieure....

Contributeur(s) :Hugo Aribart et Hervé Dréan

Date de publication : 29/01/2025

955