Cités HBM du quartier des Ponts
La politique du logement de l’entre-deux-guerres est conduite dans le souci d’offrir un logement décent à la classe ouvrière et de régler le problème de l’insalubrité. En décembre 1912, la loi Bonnevay promulgue la création des Offices Publics d’Habitat à Bon Marché (OPHBM). Cette loi règle les modalités d’intervention des communes et de l’État pour l’aménagement, la construction et la gestion des HBM. Le 21 février 1913, Paul Bellamy, maire de Nantes, crée un OPHBM, le deuxième après celui de la Rochelle, et inaugure ainsi une période d’initiative municipale en matière de logement.
Un programme réalisé dans le cadre de la loi Loucheur
Promulguée le 13 juillet 1928, la loi Loucheur encadre un programme quinquennal de construction de 260 000 logements dont plus d’un cinquième à loyer modéré. En offrant des prêts à des taux attractifs, ce nouveau cadre législatif impulse un vaste plan de construction de logements sociaux sous la houlette de l’OPHBM.
Dès 1928, la municipalité entend profiter dans la plus large mesure possible des avantages de cette loi pour remédier à la crise du logement qui sévit à Nantes. Le concours financier apporté par la Ville permet à l’OPHBM de mettre sur pied deux programmes de construction de logements sociaux à l'échelle de la ville. Le premier encadre l’édification de deux cités-jardins et de 300 logements entre 1928 et 1930, tandis que le second vise la construction de 600 logements entre 1931 et 1933.
Trois cités vont ainsi voir le jour dans le quartier des Ponts au cours de cette décennie, deux au cœur même du faubourg et la troisième, plus excentrée, en bordure du boulevard Gustave-Roch.
Les cités Conan-Mériadec et Babin-Chevaye
Le 3 octobre 1928, le conseil municipal prend l'initiative de remettre à l'Office divers terrains communaux susceptibles d'être utilisés pour l'application, à bref délai, de la loi Loucheur. Les terrains ainsi cédés doivent obligatoirement servir à la construction de logements HBM.
Un terrain communal de 1 930 m², situé rue Conan-Mériadec, est alors cédé afin d’édifier un immeuble d’une cinquantaine de logements. Cette opération, confiée à l'architecte André Chauvet, symbolise un nouveau modèle de construction d’habitat social : le passage d'une conception individuelle du logement, qui était la règle du mouvement HBM, vers un modèle collectif.
Cité HBM Conan-Mériadec
Date du document : 2021
L'habitat collectif doit toutefois répondre à certaines nécessités : « Il semble raisonnable de ne prévoir que deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, l'entassement des enfants ayant de graves conséquences en cas d'épidémie et les mères de famille ne pouvant, sans excès de fatigue, gravir chaque jour, un trop grand nombre d'étages pour accéder à leur logement. » L'architecte ne suit pas cet avis et propose un immeuble de trois étages, dessiné autour d'une cour centrale, et qui présente les traits de l'architecture domestique du début du 20e siècle : forme des baies, utilisation de la brique et du pan coupé, dessin des toitures et charpentes. Au total, l'immeuble abrite 55 logements composés pour la plupart de quatre pièces, sans sanitaires individuels. Les toilettes sont partagées sur le palier, tandis que la douche est prise dans l'établissement de la rue Michel-Rocher.
Le programme de construction de l’Office de 1932 complète cette première initiative avec la construction d’un autre immeuble sur une partie du terrain de l'ancienne Raffinerie de l'Ouest, non utilisée lors de la construction des bains-douches. D'une superficie de 865 m², ce dernier forme un quadrilatère presque régulier entre les rues Michel-Rocher, Conan-Mériadec et le boulevard Babin-Chevaye. Achevée en 1935, la construction de cet immeuble collectif à cour est menée à bien par l'architecte Henry Fleury. Composée de 42 logements, la cité présente une typologie analogue à sa voisine de la rue Conan-Mériadec, mais avec une décoration beaucoup plus simple.
Cité HBM Babin-Chevaye
Date du document : 2018
La cité Gustave-Roch
En mai 1930, un terrain de 8 000 m² est acquis en bordure du tout nouveau boulevard Gustave-Roch. Conçu par l’architecte Gérard Guénault, le programme prévoit la construction de la cité sur deux zones. La première, constituée d’une longue barre, percée d’un porche colossal et longeant toute la longueur de la parcelle sur le boulevard, est destinée à la construction d'un immeuble collectif en HBM améliorées de 56 logements et de sept magasins en rez-de-chaussée. La seconde concerne un groupe de quatre immeubles collectifs en HBM ordinaires de 126 logements : trois maisons collectives implantées parallèlement à l'intérieur du terrain et une quatrième construite en bordure de la voie ferrée. La conception initiale prévoyait également une crèche-garderie qui ne verra finalement pas le jour. Un terrain de jeux prendra sa place.
Plan initial de la cité HBM Gustave-Roch
Date du document : 25-01-1932
Les travaux démarrent en 1935 mais sont ralentis, dans un premier temps, par les hausses importantes des prix de la construction consécutives aux mesures sociales du Front populaire, puis pendant la guerre, par les bombardements de septembre 1943. Le chantier de la seconde zone est achevé en 1947. À l’instar des autres cités HBM conçues au cours des années 1930, les 174 logements (au lieu des 182 initialement prévus) de la cité Gustave-Roch ne sont pas équipés en sanitaires.
Vue aérienne du quartier des Ponts du nord vers le sud
Date du document : 1958
En 1935, le projet de construction de la cité Gustave-Roch parachève le programme de l’Office dans le quartier. La construction de cette dernière, concomitante à celle de l’Hermitage sur la Butte Sainte-Anne, révèle une volonté de conduire des projets à plus grande échelle à partir du milieu des années 1930.
Nathalie Barré – Archives de Nantes
2022
En savoir plus
Bibliographie
Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021
La construction d'un patrimoine de l'Office public d'H.B.M. à Nantes Habitat : 1913-1993, HALGAND (Marie-Paule) ; PASQUIER (Elisabeth), Nantes Habitat, 1993
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Rédaction d'article :
Nathalie Barré
Témoignage :
Daniel Enfrein ; Dominique Hervouët
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