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Henri Michel (1947-2018)


Arrivé au FC Nantes en 1966, le jeune Aixois Henri Michel va peu à peu devenir une des stars du football français, par sa classe, son élégance, sa ténacité. À l’issue de sa carrière de joueur, il marquera aussi l’histoire du football tricolore, en étant l’entraîneur de la sélection française médaille d’or aux JO de Los Angeles et de l’équipe de France qui monta sur la troisième marche du podium du Mondial de 1986.

« Nous avons choisi ce joueur car toutes les compétences du football nous disent que c’est le meilleur joueur de sa génération. Nous espérons qu’il fera une longue et brillante carrière ». Ce 13 juin 1966, devant la presse nantaise, Jean Clerfeuille, président du FC Nantes est fier de présenter Henri Michel, 18 ans, très intimidé par les questions des journalistes. Le dirigeant du club qui vient de décrocher son deuxième titre de champion de France ignore encore que le jeune à ses côtés est la future légende des légendes du FC Nantes. Quand le jeune provençal débarque un mois plus tard dans la Cité des Ducs, personne ne lui prédit un tel destin. Pourtant, le jeune Henri Michel s’est fait déjà remarquer dans le club d’Aix-en-Provence où à peine junior, il s’est frotté aux joutes rugueuses de la deuxième division. Sa facilité à dompter le ballon impressionnait beaucoup, ce qui n’étonnait pas ses coreligionnaires du lycée Mignet à Aix dont il était une star des cours de récré.

Peu à peu il s’est consacré totalement à sa passion, le football. Déçu d’échouer au printemps 1965 en finale de la Coupe Gambardella, il s’est consolé en enfilant pour la première fois un maillot tricolore, au sein de l’équipe de France juniors.

Il choisit plutôt le FC Nantes que Marseille ou Saint-Étienne

Le nom d’Henri Michel commence à circuler dans les arcanes des clubs professionnels. L’Olympique de Marseille et surtout l’AS Saint-Étienne lui proposent un contrat. Mais les dirigeants nantais se montrent les plus persuasifs, bénéficiant des relations amicales entre Louis Fonteneau, alors vice-président du FCN, et Germain Reynier président du club d’Aix. La forte personnalité de l’entraîneur José Arribas rassure également des parents inquiets de lâcher la bride à un gamin de 18 ans, débordant de vie.

Dès son intégration dans l’équipe nantaise, Henri Michel comprend que toute gloire naissante a pour corollaire une nécessité de résultat et un comportement exemplaire. Si d’emblée José Arribas perçoit le diamant brut qu’il a en main, il s’irrite de son insouciance et de son goût pour la fête. La première saison sera pénible pour le jeune Aixois. « Je l’ai promené à tous les postes, dira José Arribas. Ce fut une saison d’apprentissage malgré le fait qu’il savait presque tout ». Et le bilan de fin de saison ne fut guère tendre : « Il a joué très en dessous de sa valeur. » Verdict implacable.

Pourtant dès la deuxième saison, il s’impose dans l’équipe, impressionnant ses partenaires pourtant plus âgés. Malheureusement pour Henri Michel, l’équipe perd peu à peu les éléments qui ont gagné les titres de 1965 et 1966. Les recrutements sont décevants et le FCN rentre dans le rang, victime même d’un terrible naufrage en finale de Coupe de France en 1970 contre Saint-Étienne (5-0) Henri Michel qui avait choisi Nantes pour gagner des trophées se demande s’il a fait le bon choix. Les huées du public nantais, agacés par son style si facile qui frise la nonchalance, lui donne même des envies de départ...

« J’ai bâti l’équipe autour d’Henri Michel » (José Arribas)

Cette finale perdue est un électrochoc. Le FCN se remet en question et se structure. Robert Budzynski devient directeur sportif. Coco Suaudeau se voit confier le poste de joueur-entraîneur de l’équipe réserve. De jeunes joueurs émergent alors que le jeune Patrice Rio est recruté. Dès la saison 1971-1972, le capitanat est confié à Henri Michel. Commence alors une décennie de rêve pour le club, avec un chef de file indiscutable sur le terrain. José Arribas, pourtant avare de compliments superflus, déclarera plus tard : « J’ai bâti l’équipe autour d’Henri Michel et ma satisfaction est grande de l’avoir vu devenir un patron, dans tous les sens du terme. » Le joueur est alors le parfait relais de l’entraîneur.

Au sein de l’équipe, Henri Michel apporte un talent naturel, une élégance, des qualités physiques hors norme et une aura qui semblent attirer tous les ballons vers lui. Henri incarne le foot et le FCN s’incarne en Michel. Il est l’incontestable et combatif chef d’orchestre qui construit le troisième titre de champion de France des Canaris en 1973. Une consécration un peu ternie par la finale de Coupe de France imperdable mais pourtant perdue face à Lyon cette même année.

Enfin une coupe de France !

Il est quatre ans plus tard l’artisan majeur du titre de champion de France 1977, alors même que Jean Vincent a succédé à son mentor José Arribas. De nouvelles générations éclosent, bénéficiant de l’expérience d’un Henri Michel indiscuté mais jamais rassasié de victoires. L’une d’elles lui tient à cœur : ramener enfin une Coupe de France sur les bords de Loire. Ce sera fait en 1979, même si la victoire contre Auxerre fut longue à se dessiner. La campagne européenne de la saison suivante lui semble l’occasion là aussi de casser un plafond de verre et de briller enfin face aux grands du continent. Il y croit fermement, jusqu’à la désillusion de la demi-finale à Valence au printemps 1980.

Une profonde déception qui n’est pas sans rappeler celles que Henri Michel connaît sous le maillot de l’équipe de France (58 sélections). Il n’aura pas réussi à sortir les Bleus d’une léthargie lancinante, à peine entamée par le mondial 1978. Sans doute regrette-t-il amèrement d’avoir joué les bons petits soldats, acceptant d’évoluer à des postes peu valorisants et dans des schémas de jeu inadaptés.

Henri Michel s’est parfaitement coulé dans le moule autrement valorisant voulu par José Arribas, comprenant instinctivement que la technique individuelle, si brillante soit-elle, n’avait de sens que si elle servait le groupe. C’est d’ailleurs de cela que les supporters s’enthousiasment, partageant la fierté de voir évoluer le meilleur joueur de sa génération au sein du meilleur collectif de France.

Fidèle à des principes, fidèle à Nantes : Henri Michel fera les seize années de sa carrière de footballeur sur les bords de Loire. Très souvent sollicité, il choisit toujours in fine le FCN. Et c’est avec le maillot canari qu’il va glaner un nouveau sacre dans le championnat de France 1979-1980. Ce sera son dernier. En 1982, dans une étonnante discrétion, il quitte le FC Nantes.

Médaille d’or aux JO de Los Angeles

D’autres défis attendent Henri Michel. Celui de succéder à Michel Hidalgo à la tête de l’équipe de France en 1984, à l’issue de l’Euro. Entre-temps, on lui confie l’équipe olympique, sans trop se faire d’illusions. Erreur : il va brillamment gagner la médaille d’or à Los Angeles, en battant en finale le Brésil ! Exploit toujours inégalé, souvent minimisé.

Fort de cet incroyable succès, il est nommé officiellement sélectionneur des Bleus, tout juste sacrés champions d’Europe. Deux ans plus tard, il emmène l’équipe de France, pourtant affaiblie par la blessure de Michel Platini, jusqu’à la troisième place du Mondial mexicain. Jamais une telle performance n’avait été réalisée depuis 1958. Mais les lendemains de gloire sont parfois semés d’embûches. Éric Cantona l’insulte. Et une petite série de mauvais résultats donnent l’occasion à ses détracteurs de le virer sans ménagement. Il en sortira profondément blessé et ne retrouvera jamais, excepté au Maroc, les succès passés lors de ses différents contrats avec une dizaine de clubs d’Afrique et du Proche-Orient.

Généreux, talentueux et charismatique

Henri Michel aimait la vie. « Excessif dans l’effort, dans la bêtise, dans la fête et dans le travail. Tout cela est vrai mais ça s’appelle la générosité, non ? », disait-il. Un demi-dieu ne parvenant pas toujours à tacler ses démons. Une passion sans limites de la vie au risque de la perdre. En avril 2018, il s’éteint dans sa ville natale d’Aix-en-Provence. Au-delà de la biographie qui lui est consacrée et de la statue érigée au stade de La Beaujoire, il reste pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer ou simplement de le voir jouer l’incarnation d’un sportif généreux, talentueux et charismatique. Par sa classe, son élégance, sa ténacité, Henri Michel a gravé à jamais le « jeu à la nantaise » dans l’histoire du football français.

Denis Roux
2023

Henri Michel Digest

FC Nantes
Championnat de France : 533 matchs (81 buts)
Coupes nationales : 71 matchs (10 buts)
Coupe d’Europe : 37 matchs (4 buts)

Palmarès
Champion de France 1973, 1977, 1980
Vainqueur de la Coupe de France 1979

Équipe de France
58 sélections (4 buts)

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En savoir plus

Bibliographie

Chaumier Denis, La Légende du FC Nantes, Hugo Sport, 2023, 231 pages

Etienne Jacques, Michel. Football, quand tu nous tiens, Alta, 1977, 127 pages

Roux Denis, Henri Michel. Jouer pour vivre, Offset 5, 2019, 160 pages

Roux Denis, Dictionnaire du FC Nantes, Hugo Sport, 2021, 333 pages

Thibert Jacques, Les Coqs du football, Calmann-Lévy, 1972

Verret Bernard, Le Chant des Canaris, Leader, 1992

Pages liées

FC Nantes

Stade de la Beaujoire - Louis-Fonteneau

Tags

Sport Sportif

Contributeurs

Rédaction d'article :

Denis Roux

Témoignage :

Henri Michel

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