26 juillet 1946 : le Grand Prix de Nantes
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de Grands Prix automobiles explose en France. Dans ce contexte, Nantes organise en juillet 1946 sa propre course. Une course dont on se souvient encore aujourd’hui… mais plutôt pour les dangers qu’elle présentait que pour sa dimension sportive.
Dès septembre 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, est organisé un Grand Prix (GP) automobile à Paris. Celui-ci rencontre un franc succès en rassemblant près de 60 000 spectateurs. La réussite de ce GP de Paris entraîne, dès l’année suivante, l’explosion du nombre de courses automobiles dans toute la France : Marseille, Perpignan, Dijon… et Nantes.
Le 26 juillet 1946, l’Automobile Club de l’Ouest organise un Grand Prix automobile au nord de Nantes, dans le quartier de la Morrhonnière, autour de l’hippodrome du Petit-Port. Cette course est organisée au profit du centre d’accueil de la Turmelière (qui par la suite a été renommé centre Jean-Baptiste Daviais, fondateur de la Fédération des amicales laïques de la Loire-Inférieure et résistant, mort en déportation en 1944). Dès l’été 1946, ce dernier a accueilli 400 enfants nantais pour les vacances.
Couverture du programme officiel pour le circuit de Nantes pour les Courses Internationales d’Automobiles et de Motos.
Date du document : 1946
Le déroulement catastrophique de la course
Malgré un circuit de 4 kilomètres présenté comme étroit et bombé par les témoignages, le Grand Prix de Nantes attire des concurrents renommés. Parmi eux : Wimille, Pozzi, Trintignant…
Plan du circuit du Grand Prix de 1946
Date du document : 1946
Ce GP accueille deux courses : la Coupe du circuit de Nantes, réservée aux petits cylindrés, et le Prix des 24 Heures du Mans, dédié aux voitures plus grosses. La première est, selon les archives, la plus intéressante sportivement pour les spectateurs. En effet, on peut y observer un duel sous pression entre Amédée Gordini roulant sur Simca-Gordini 11, et Charles de Cortanze en Peugeot-Darlmat. De Cortanze sort finalement de la route au dernier tour, laissant sa deuxième place à Eugène Martin et la victoire à Gordini.
La deuxième course, réunissant les plus gros cylindrés, est celle que l’on retient, mais pas pour ses performances sportives. La veille de la course, Jean-Pierre Wimille domine les essais et obtient la pole position en 2’18’’6 , il bat aussi le record du tour en 2’11’’0 à bord de son Alfa Roméo 308. Le 28 juillet, 16 concurrents prennent le départ de la course. En effet, dès le troisième tour, Robert Mazaud est victime d’un grave accident, dont il décède peu de temps après le choc. Un sur-accident est également provoqué par un concurrent voulant éviter le corps de son adversaire qu’il aperçoit au dernier moment. Aussi, la course est marquée par de très nombreux problèmes moteurs ou mécaniques contraignant certains pilotes à l’abandon. L’un de ces incidents matériels coûte même la vie à une spectatrice décédée après avoir été percutée par un pneu perdu par un véhicule. Ces multiples dysfonctionnements blessent également plusieurs policiers.
Au final, sept concurrents parviennent à finir la course. La première place est remportée par « Raph » (de son vrai nom Georges-Raphaël Bethenod de Montbressieux) qui réalise les 45 tours en 1h47’28’’4 à bord d’une Maserati 6CM. Il est suivi par Pierre Levegh qui, avec sa Talbot-Lago T150C boucle les 45 tours en 1h48’15’’9. Le podium est complété par Louis Rosier qui réalisera 44 tours au volant d’une Talbot-Lago 150SS.
Louis Rosier dans sa voiture, une Talbot-Lago 150SS
Date du document : 28 Juillet 1946
La couverture médiatique et la fin des Grand Prix à Nantes
Ce Grand Prix de Nantes a largement été couvert par la presse régionale et notamment par Ouest France et La Résistance de l’Ouest qui mettent surtout l’accent sur la dangerosité du circuit au profit de la performance sportive. Roger Labric, envoyé spéciale de l’Action Automobile, considérera même qu’il est temps que ce genre « d’épreuves-kermesses » cessent, car elles nuisent grandement à l’image du sport automobile.
Départ du Grand Prix de 1946
Date du document : 28 Juillet 1946
Suite aux nombreux incidents et aux vives critiques qui perturbèrent ce Grand Prix, Nantes n’accueillera plus ce genre de manifestation.
Lorette Jacquet, Patrick Durand
2023
En savoir plus
Bibliographie
Durand Patrick, « Le Grand Prix de Nantes 1946 », AMP MAG Nantes, décembre 2008 (réactualisé en décembre 2016)
Webographie
Grand prix automobile de l'ouest et 24 Heures du Mans sur le site de l’INA
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Rédaction d'article :
Lorette Jacquet, Patrick Durand
Anecdote :
Patrick Durand
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