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Fabricants de cycles Désiré Colombe (1859 - 1902)

1619

Entreprise Peignon-Costumier


Du 19e siècle au 21e siècle, la famille Peignon a marqué l’histoire avec son entreprise. Costumes, masques, grosses têtes, la maison Peignon-Costumier fournissait tout le nécessaire pour se parer en vue des nombreuses festivités nantaises.

Une famille à l’origine de la maison Peignon-Costumier

Les origines de la maison Peignon-Costumier remontent aux années 1850 lorsque Marie-Françoise Peignon se lance dans la création de costumes. Cette couturière de formation débute son activité par la confection d’un déguisement représentant le personnage de Pierrot. Selon la légende, elle le réalise à partir des rideaux de son lit.

Les costumes de madame Peignon ont un réel succès auprès de la bourgeoisie nantaise. Les commandes affluent en prévision des nombreux bals masqués. Marie-Françoise Peignon fonde officiellement la maison Peignon-Costumier en 1853. L’entreprise de location de costumes se situe alors à son domicile, rue d’Erlon, dans le quartier du Marchix.

Quelques années plus tard, la demande croissante pousse Marie-Françoise à faire appel au plus jeune des ses fils, Eugène. Sculpteur de formation, ce dernier rejoint l’entreprise dès 1864 avec son épouse Esther Bonnet. Tout en développant l’affaire, Eugène met à profit son savoir-faire pour fabriquer une multitude d’accessoires en papier mâché.

Portrait de Marie-Françoise Peignon

Portrait de Marie-Françoise Peignon

Date du document :

Il réalise aussi des masques et des grosses têtes caricaturales selon un processus bien défini. Après avoir esquissé un croquis du sujet, il modèle une sculpture en terre glaise de laquelle il tire un moule en plâtre. Plusieurs couches de papier de récupération encollées sont ensuite appliquées à l'intérieur du moule. Une fois sec, le cartonnage est démoulé puis peint selon l’effet souhaité. Ce processus donne alors vie à des personnages grotesques donnant parfois dans la satire politique. Il est encore employé actuellement pour la création des grosses têtes du carnaval de Nantes.

Moules en plâtre servant à la création des masques

Moules en plâtre servant à la création des masques

Date du document : 2023

À la mort d’Eugène en 1894, Esther prend la direction de la maison, aidée de sa fille et de son gendre, Adeline et Jean Rivière. Au début des années 1920, Jeanne Jameaux, leur fille, s’implique dans la confection et la location des costumes jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle l’activité est quasiment suspendue. Après-guerre, les fêtes et le théâtre reprennent leur essor dans l’ouest de la France. C’est dans ce contexte que Simone Chesné, la fille de Jeanne, reprend le flambeau à la tête de l’entreprise.

À la fin des années 1950, la transmission familiale persiste avec Nicole, la fille aînée de Simone, qui rejoint sa grand-mère et sa mère. Nicole Parent explique ainsi que les femmes de sa famille n’ont pas souffert du sexisme. Elles ont toutes été « chef d’entreprise ».

Un savoir-faire qui a marqué les esprits

La maison Peignon-Costumier était particulièrement prisée des Nantais pour son savoir-faire. Les différents costumes, directement inspirés de modèles historiques, étaient confectionnés dans l’atelier de l’immeuble 1-3 rue d’Erlon. Ce dernier se déployait du rez-de-chaussée au premier étage du bâtiment. Il pouvait accueillir jusqu’à 20 employés, comprenant des tailleuses pour la confection et la retouche des costumes, et des lingères pour le repassage et l’amidonnage.

Afin de produire des pièces réalistes, la famille Peignon a amassé une véritable collection d’objets et de vêtements d'époque. Pour parfaire les ensembles, une grande diversité d’accessoires était proposée aux clients. On pouvait trouver entre autres, des casques, des armures, des lances, des boucliers ou encore des épées factices.

Collection de masques caricaturaux sur le thème des légumes

Collection de masques caricaturaux sur le thème des légumes

Date du document : 2023

Au sein de la maison Peignon, les Nantais bénéficiaient d’un service sur-mesure ! En effet, à chaque nouvelle location, les mensurations des clients étaient prises pour ajuster le costume à leur carrure. Une attention particulière était portée aux accessoires qui pouvaient être personnalisés. Les yeux des masques étaient ainsi percés au dernier moment pour pouvoir les adapter au visage de la personne. De la ouate pouvait même être ajoutée entre les yeux pour rendre la pièce plus confortable.

Collection de masques caricaturaux.

Collection de masques caricaturaux.

Date du document : 2023

Un succès qui dépasse les frontières nantaises

Les Nantais avaient de nombreuses occasions de venir « chez Peignon », notamment lors des bals masqués, de la Mi-Carême et du Carnaval. Toutefois, ils n’étaient pas les seuls à passer commande. Les costumes Peignon ont ainsi été portés dans les milieux théâtraux, cinématographiques et télévisuels. À Nantes, on les retrouve dans le cadre de plusieurs revues, telles que Le Clou ou La Cloche, dans les représentations des théâtres Vasse et Graslin. La maison Peignon-Costumier a par ailleurs habillé les 250 figurants du film Chouans de Philippe de Broca. Des grosses têtes représentant des sortes de nains sont aussi visibles dans le film La Reine Blanche réalisé par Jean-Loup Hubert.

La renommée de l’entreprise a même dépassé les frontières nantaises. L’atelier a donc honoré des commandes dans toute la France en expédiant les costumes dans des malles estampillées au nom de la marque.

Collection de masques caricaturaux fantastiques

Collection de masques caricaturaux fantastiques

Date du document : 2023

L’histoire continue

Au tournant des années 1990, l’entreprise subit de plein fouet la baisse d’intérêt pour la location de costumes de la part du public et la nouvelle concurrence tarifaire d’ateliers de confection d’Europe de l’Est. Cela impacte fortement la maison Peignon-Costumier qui ferme au début des années 2000. Une grande partie des costumes se retrouve alors liquidée lors d’une grande vente aux enchères en 2011.

Suite à la fermeture du commerce, Nicole Parent et son mari André constituent un musée privé dans les locaux de la rue d’Erlon. Les costumes, cartonnages, accessoires et pièces de collection sont ainsi rassemblés de façon à conserver la mémoire de « l’épopée Peignon-Costumier ».

On note actuellement la conservation de masques et cartonnages divers au sein des collections du musée d’Histoire de Nantes, preuve de l’importance de la maison Peignon au sein de l’histoire nantaise.

Jeanne Garnier
Association Nantes Événements Musiques Organisations (NEMO)
2023

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En savoir plus

Bibliographie

Comité des fêtes et de Bienfaisance de Nantes, Le carnaval de Nantes en 500 cartes postales et photographies anciennes, Nantes, 1984

Hervouët Philippe, « Les étonnants masques de la collection Peignon », La revue 303, Arts, recherches et créations, 1996, pages 26-41

Pajot Stéphane, Personnages pittoresques de Nantes et Loire-Atlantique, Mémoire et racines, Éditions d'Orbestier, 1999

Prouteau Eva, « Une épopée masquée, la maison Peignon », La revue 303, Arts, recherches et Créations, n°173, 2022, pages 36-43

Filmographie

Hervouët, Philippe (réalisation et commentaires) ; Reby Jacques (voix), Carnavals et mi-carêmes [Images animées] : Nantes à travers la fête : 1922-1995, Nantes, Association pour la mémoire cinématographique de Nantes [prod.], cop. 1991 ; Nantes : Société nantaise d'éditions et de réalisations [distrib.], 1998

Pages liées

Mi-Carême

Parcours Sur les pas des carnavaliers nantais

Le Clou

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Hauts Pavés - Saint Félix Loisir

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Rédaction d'article :

Jeanne Garnier

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