École primaire Alphonse Braud
Depuis la loi Guizot de 1833, chaque commune se doit de se doter et d’entretenir au moins une école primaire publique de garçons. Mais jusqu’au début des années 1850, la commune ne rémunère que deux instituteurs dont un pour l’école de garçons, sans éprouver le besoin de construire. Les années 1850 voient la création d’une première école communale de filles ouverte en 1859. L’année suivante, la municipalité relance le projet de construction d’une école communale de garçons.
Une école communale de garçons (1864)
La création de cette école nécessite tout d’abord de trouver un terrain. En 1855, la municipalité Dubigeon envisage de réunir les maisons d’école de filles et de garçons sur un même terrain, mais le projet est ajourné faute de moyens. Il est relancé en 1859 et est suivi de premières démarches en 1860, au moment où la commune vise l’acquisition d’une propriété qui pourrait répondre aux besoins.
La propriété en question appartient à mme veuve Vallin et est située au lieu-dit de la Brianderie, sur le coteau nord entre Sainte-Anne et Chantenay. Elle contient « une maison d’habitation vaste [qui] peut facilement au moyen de quelques changements des dispositions intérieures, contenir les frères [enseignants] nécessaires aux deux paroisses [de Saint-Martin et de Saint-Clair] qui forment la commune de Chantenay. Il n’y aurait donc que des classes à construire, et si le conseil approuvait l’acquisition pour en faire la maison d’école de Chantenay, maison mère d’où les frères iraient faire la classe à Saint-Clair, il y aurait avantage évident et économie réelle pour la commune. » (2Z69 délibération du Conseil municipal du 11 octobre 1860).
La vente a lieu en décembre 1860, puis les plans du bâtiment sont dressés par l’architecte Gilée, le même qui réalisa l’école de filles. Cependant, le projet reste encore deux ans en suspens au point que la vente a bien failli être remise en question. Les travaux ne sont entrepris qu’en 1864. À noter que comme pour l’école de filles, c’est une congrégation religieuse, celle des frères Lamennais, qui assure l’enseignement, mais le Conseil municipal se veut plus méfiant qu’en 1855. En février 1862, il « décide que jamais sous quelque prétexte que ce soit, un pensionnat ne soit fondé dans la maison d’école ».
École primaire Alphonse Braud
Date du document : 12-10-2022
L’école de la rue Gutenberg est conçue selon un programme simple : un corps de bâtiment central abrite les logements de fonctions tandis que les huit classes sont réparties symétriquement dans deux ailes en retour d’équerre. Le bâtiment central préexistait à la création de l’école : il s’agit d’une maison bourgeoise qui figure sur le cadastre napoléonien de 1835 qui fut successivement la propriété de François Bouvais de la Fleuriais puis d’Émile Vallin. Cette habitation devient le logement des enseignants dès 1862 – 2 ans avant l’ouverture de l’école ! –, ce qui ne fait que renforcer l’image d’une maison d’école assimilée à une maison bourgeoise. Un préau formé par un mur de clôture sur rue vient fermer la cour intérieure. Une vaste parcelle composée d’un bassin et de parterres organisés sur un plan orthogonal, est mise à la disposition du directeur.
Des abords à réaménager (années 1930)
En 1925, il est signalé que l’école de la rue Gutenberg connaît une baisse de fréquentation « par suite du danger d’accès à cet établissement, résultant du voisinage de la ligne de tramways se dirigeant vers le boulevard de la ceinture ». Si l’argument justifie les travaux, il est possible d‘invoquer d’autres causes à la baisse des effectifs : concurrence des nouvelles écoles chantenaysiennes construites avant guerre, classes creuses de l’immédiate après-guerre... Toujours est-il que le projet de dégagement de l’entrée est étudié par Étienne Coutan pour sécuriser l’accès à l’établissement. Il consiste en un nouvel alignement de la rue, afin de créer un dégagement, et par la même occasion, en « l’aménagement d’une vaste cour pour les enfants » à l’emplacement des jardins du directeur de l’école. En 1930, le mur de clôture sur la rue Gutenberg est reconstruit. L’école devait ouvrir sur la rue et sur une esplanade plantée qui n’a jamais été réalisée. En 1934, la Ville fait l’acquisition d’un terrain sur la rue Philippe de Cabrol, qui permet de créer un second accès indépendant aux ateliers situés dans l’arrière cour.
Entrée principale de l’école primaire Alphonse Braud
Date du document : 12-10-2022
Le souvenir des guerres et l’hommage au résistant Alphonse Braud (1946)
Une première plaque en hommage aux anciens élèves victimes de la Première Guerre mondiale avait été apposée sur le bâtiment principal.
Plaque commémorative de la Première Guerre mondiale de l’école primaire Alphonse Braud
Date du document : 12-10-2022
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’école est renommée à la demande du Syndicat des instituteurs. Après délibération du Conseil municipal de la séance du 8 février 1946, l'école primaire « de la rue Gutenberg » est dénommée « école Alphonse Braud », du nom de l’instituteur résistant, enseignant dans l’établissement, déporté en juillet 1942 et mort à Auschwitz. Il avait été arrêté le 22 juin 1941 dans l’école pendant sa classe. Une plaque commémorative visible de la rue est apposée à l’entrée.
Plaque commémorative en hommage à Alphonse Braud de l’école primaire Alphonse Braud
Date du document : 12-10-2022
Une école arrivée à saturation (fin des années 1990)
En 1994, l’école manque de locaux face à des effectifs qui ne cessent d’augmenter. Elle compte alors trois classes primaires et deux classes maternelles. Une des deux structures préfabriquées installées à l’école maternelle Maisdon Pajot est réaffectée à l’école Alphonse Braud, permettant l’ouverture d’une sixième classe. En 1997, la question de la fréquentation des écoles Alphonse Braud et Réformes nécessite une refonte de la carte scolaire. La particularité de l’école est qu’elle réunit dans une très petite structure, des enfants de la petite section au CM2 et les parents d’élèves, très attachés à cette disposition, refusent une réorganisation spécialisant les écoles et faisant de leur établissement une école élémentaire.
Un permis de construire est déposé le 25 mars 1998 concernant la restructuration partielle des logements de fonction de l’école. Le projet est porté par l’architecte Dominique Dubois. Il comprend, au rez-de-chaussée, une salle d’infirmerie, une salle informatique ainsi qu’une BCD. Le bureau de direction ainsi qu’une salle attenante sont aménagés au premier étage du logement.
Nouvelle extension (les années 2000)
Au début des années 2000, l’école primaire Alphonse Braud connaît un regain de fréquentation, lié au rajeunissement de la population du quartier Bellevue-Chantenay. L’évolution des effectifs scolaires – 109 enfants en 1988, 154 enfants en 2001 – avait déjà conduit la Ville à installer un bâtiment préfabriqué. Il s’avère donc nécessaire d’agrandir et de restructurer en partie cet équipement scolaire, qui conserve sa structure pédagogique de six classes. Un permis de construire concernant l’extension et la restructuration de l’école Alphonse Braud est déposé le 14 août 2002 et délivré par arrêté en date du 10 janvier 2003. Le projet, conçu par le cabinet d’architectes nantais Alain Mussard, consiste en une extension abritant le pôle « maternelle » avec la création de deux classes, d’une salle de repos, de sanitaires et d’un nouveau restaurant scolaire pour 70 couverts. Il est également prévu l’aménagement d’une infirmerie et de nouveaux espaces pédagogiques dans les locaux existants. Les travaux ont eu lieu en 2004-2006.
Salomé Pavy, Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022
En bref...
Localisation : Gutenberg(rue) 34, NANTES
Date de construction : 1863
Auteur de l'oeuvre : Gilée père (?) ; Gilée fils (architecte)
Typologie : architecture scolaire
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Webographie
Biographie d'Alphonse Braud sur le Maitron
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Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises
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Rédaction d'article :
Salomé Pavy, Irène Gillardot
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