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Groupe scolaire Jean Zay


Le groupe scolaire Jean Zay (EP3) appartient à l'ensemble des neuf établissements scolaires qu'il était prévu de construire dans le cadre du programme initial de la ZUP de Bellevue.

La troisième école publique de Bellevue

Le 6 juin 1966, le Conseil municipal de Nantes approuve l’avant-projet du groupe scolaire EP3. Par délibération du 26 mai 1967, la Ville approuve l’acquisition des parcelles nécessaires à la construction de cette cité scolaire destinée à accueillir une partie des enfants de Bellevue, la plus importante des ZUP nantaises, alors en construction.

Situé au cœur d'un îlot résidentiel, l’équipement est pensé d’emblée comme un complexe d’envergure : il doit comprendre deux écoles primaires mixtes respectivement de dix classes et de douze classes, deux écoles maternelles de quatre classes chacune, deux cantines, des logements de fonction et un gymnase. À noter que les deux écoles élémentaires « mixtes » sont conçues pour accueillir ensemble filles et garçons, avant même la loi de 1975 qui officialise la mixité et la rend obligatoire.

L’architecte d’opération Marcel Favraud, également architecte en chef de la ZUP, assure le suivi du chantier en 1968 : l’établissement ouvre ses portes à la rentrée de cette même année. Mais tout n’est pas fini. « La veille de la rentrée, on goudronnait encore la cour » témoignait en 1998, Anina Aouizerat, directrice de la maternelle Jean Zay II dans le journal l’AdN. « Avec quarante cinq enfants par classe, on n’avait accueilli que les grands et les moyens. [...] il n’y avait pas de dortoir, l’école avait été prévue pour quatre classes mais fonctionnait avec cinq. Les petits étaient couchés dans la salle de jeux. »

Une construction industrialisée

Comme il faut construire dans l’urgence, la réalisation du groupe scolaire EP3 est prévue pour se faire « sur la base d’une construction industrialisée qui permettrait d’obtenir des délais d’exécution réduits. » (délibération du Conseil municipal du 6 juin 1966).

La production de masse inhérente au projet de ZUP implique le recours plus systématique à des éléments issus de la préfabrication industrielle, posés à l'aide de grues de grande taille et selon des procédés normatifs. La construction consiste à assembler des pièces préfabriquées de grande taille, associant le gros œuvre et le second œuvre. Ce mode de construction par assemblage est particulièrement économique, d'autant qu'il permet de recourir à une main d'œuvre peu qualifiée, à la différence des chantiers classiques où les différents corps de métier sont convoqués.

Contrairement aux autres écoles du quartier qui adopte la barre comme module standard, l’établissement EP3 est construit selon un plan-masse en plots. De forme compacte, les deux bâtiments des écoles élémentaires sont disposés isolément sur la parcelle. Leur distribution intérieure diffère de celle de la barre-type, puisque les couloirs et escaliers forment une circulation centrale qui dessert les classes et espaces de vie répartis de part et d’autre du bâtiment.

Les bâtiments étaient initialement peints en blanc. En 2018, des travaux de peinture sur les façades extérieures ont fait entrer la couleur dans les lieux.

1% pour la décoration des écoles

Comme l’ensemble des écoles de la ZUP, Jean Zay a bénéficié du 1% artistique et culturel. Ainsi, selon la loi, 1% du coût total hors taxes de la construction est dévolu à une ou des œuvres d’art contemporain. Les artistes Jarhee Seund et Joël Dabin y interviennent en 1969. Leurs œuvres nous sont parvenues : l’une intitulée Les danses campagnardes réalisée par Joël Dabin est visible dans le hall de l’école maternelle Jean Zay 1.

La seconde œuvre de Jarhee Seund intitulée Scripta manent, est présentée de la manière suivante « motif sur structure spatiale reproduisant la forme d’une feuille de papier ployée recouverte d’éléments picturaux et sur laquelle est inscrit, mêlé au dessin, le mot "étude" en écriture chinoise, coréenne et japonaise ». Elle se situe dans l’une des deux cours de récréation de l’école élémentaire.

Un nom donné presque volontairement

Les nouveaux groupes scolaires des grands ensembles d’habitations sont désignés provisoirement à l’aide de lettres (EP pour école primaire) et de chiffres (1 à 3). Afin « de mieux les identifier, il serait évidemment préférable de leur attribuer un nom patronymique. » suggère le Conseil municipal.

Aussi, quand l’Union départementale des délégués cantonaux profite de la tenue de leurs congrès national à Nantes en juin 1969 pour proposer que l’établissement EP3 soit dénommé école Jean Zay, la proposition est accueillie favorablement.

Jean Zay, radical-socialiste, député du Loiret puis conseiller général, a été ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, sous le Front Populaire. On lui doit notamment l’institution des trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage ou encore le sport à l’école.

Actuellement le groupe scolaire Jean Zay accueille plus de 400 enfants. Des locaux sont également dévolus aux associations péri-éducatives.

Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022

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En bref...

Localisation : Yves Kartell (rue) 15bis, 19, NANTES

Date de construction : 1968

Auteur de l'oeuvre : Favraud Marcel (architecte) ; Jarhee Seund (artiste) ; Dabin Joël (artiste)

Typologie : architecture scolaire

En savoir plus

Documentation

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Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises

Tags

Architecture scolaire, universitaire et de recherche Art Bellevue - Chantenay - Sainte Anne Laïcité École

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Rédaction d'article :

Irène Gillardot

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