
Ancien domaine des Renardières
Dans le premier tiers du 19e siècle, le domaine des Renardières est la propriété de Pierre Ogereau, directeur d’une usine de corroierie prospère. Ce dernier est le commanditaire de la construction du château au sein d'un vaste parc boisé, traversé par le ruisseau des Renardières et circonscrit par les actuelles rues des Renardières et de la Ferme-du-Rû et le boulevard de la Fraternité.
La propriétié des industriels Pilon
La propriété reste entre les mains de la famille Ogereau jusqu’en 1900, date à laquelle Eugène Pilon, un des trois dirigeants de l’usine de fabrication de noir animal, Pilon frères et Cie, l’acquiert. Ce dernier agrandit l’habitation principale et ajoute une conciergerie en 1903. En 1916, le domaine appartient à Charlotte de Saint-Gervais qui « tient cette propriété d’Eugène Pilon et de Marie-Paule-Augustine de Bernabé de Saint-Gervais ». Ses deux filles Claude et Arlette Séguin de la Salle en héritent en 1938. Elles y demeurent toutes deux avec leurs époux respectifs Jean-Marie d’Herault de Beaufort et le baron André-François Neyron de Saint-Julien, colonel d’infanterie en retraite. Trois ans plus tard, les deux familles lotissent une partie du parc à l’angle de la rue de la Ferme-du-Rû et de la rue des Renardières où sept maisons avec jardins sont construites.

Château des Renardières
Date du document : Avant 1908
Un projet de parc municipal
À partir de 1945, la Ville de Nantes « en quête d’une propriété située à proximité de Nantes pour l’affecter spécialement à l’organisation des kermesses » envisage l’acquisition de « cette propriété, entourée d’un mur de clôture, d’une surface approximative de 3 à 4 hectares, qui comporte deux entrées, l’une chemin du Rû, l’autre chemin des Renardières ».

Plan de l'emprise du domaine des Renardières
Date du document : 1945
La même année, cette dernière est signalée comme étant « de plus en plus à l’abandon » et la description suivante en est faite : « Le parc est planté d’arbres nombreux et traversé par un ruisseau actuellement à sec. Les constructions se composent d’une maison principale à un étage et mansardes au-dessus. Il semble y avoir environ huit pièces au rez-de-chaussée et autant au premier étage. Il existe en outre une conciergerie à chaque entrée et des maisons d’habitation en bordure du boulevard de la Fraternité. Le tout forme une très belle propriété. Ce parc nous paraît convenable pour le fonctionnement des kermesses. Les organisations d’enseignement libre l’utilisent déjà fréquemment pour organiser leurs fêtes ».

Mur d'enceinte du domaine
Date du document : années 1930
L’idée est finalement abandonnée mais la municipalité souhaite néanmoins acquérir cette propriété et l’inscrit sur le plan municipal d’aménagement comme « Espace libre public à créer ». Le responsable des espaces verts encourage ce projet « qui dotera les quartiers de Zola d’un espace vert important et très utile pour les nombreux enfants de ces quartiers ». Ce projet, mis de côté pendant quatorze ans, ressurgit en 1959 lors du décès de colonel Neyron de Saint-Julien. La Ville engage alors une procédure d’acquisition mais elle doit renoncer en raison d’une évaluation très élevée, « les finances locales étant sollicitées par des tâches plus urgentes ».

Vue aérienne du domaine des Renardières
Date du document : 1958
Le morcellement du domaine
La servitude sur l’ensemble de la propriété est alors levée. En 1961, cette dernière est divisée en trois lots suite à un partage successoral ainsi qu’à une donation à la Société civile Saint-Clair. Ce morcellement signe la disparition du domaine des Renardières du paysage du quartier. Dès 1962, André Vandermern, gérant de la Société civile immobilière résidence Zola dépose une demande de permis de construire en vue d’édifier un ensemble immobilier de 200 logements en bordure de la rue de la Ferme-du-Rû. Les cinq immeubles sont achevés en 1966 et l’un d'eux a été construit sur l’emplacement du château détruit un an auparavant. La plupart des arbres de l’ancien parc ont toutefois été préservés.

Chantier de construction des immeubles de la rue de la Ferme du Rû
Date du document : 1965
En 1969, la Société civile Saint-Clair cède son terrain à la société sportive et culturelle « Saint-Clair ». Trois ans auparavant, un gymnase et des locaux avaient été construits à cet emplacement, permettant à l’association de transférer ses activités de la salle de la rue Danton vers le parc des Renardières.

Immeubles de la rue de la Ferme du Rû
Date du document : 2013
La construction, en 1981, d’un immeuble de 22 logements en bordure de la rue des Renardières par la Caisse nationale de retraite des ouvriers du bâtiment et des travaux publics achève l’urbanisation de l’ancien domaine des Renardières.
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2013
En savoir plus
Bibliographie
Archives de Nantes, Autour de la place Émile Zola, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2013
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Rédaction d'article :
Nathalie Barré
Témoignage :
Michel, Lucie
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