Confréries
Les plus anciennes confréries nantaises, Notre-Dame de la Chandeleur, de Toussaint, de la Passion du Sauveur et Rédempteur, ainsi que Saint-Pierre et Saint-Paul, sont fondées dans la seconde moitié du 14e siècle. Puis les créations se font de plus en plus nombreuses : leur nombre passe d’une vingtaine vers 1500 à près de trente-cinq à la fin du 17e siècle.
Des associations à but funéraire…
La confrérie est une association de personnes qui s’engagent à remplir en commun certains rites religieux et funéraires. Elle est placée sous l’invocation de saints patrons à qui l’on demande d’être les intercesseurs à l’heure de la mort. Installée dans une chapelle d’église avec son propre chapelain, elle est dotée de statuts acceptés par l’évêque et dirigée par des prévôts élus. A l’exception de la confrérie Sainte-Véronique fondée en 1412 et réservée à l’élite aristocratique ainsi qu’à la confrérie Saint-Pierre et Saint-Paul qui ne réunit avant 1397 que des membres du clergé, les autres sont le plus souvent ouvertes à tous et mixtes même si une sélection se fait par le montant des droits d’entrée et des cotisations.
Le nouveau confrère s’engage à participer au service funéraire des défunts, veille du corps puis cortège vers le lieu d’inhumation, et à soutenir la dépense de messes pour le salut de leur âme ainsi que l’entretien du luminaire et de la chapelle. La fête annuelle en l’honneur du saint patron est obligatoire, elle comprend procession, messe solennelle et se termine souvent par un repas pris en commun. Le chapitre de la confrérie accueille les nouveaux confrères et choisit les nouveaux prévôts ; le banquet peut se terminer par des réjouissances honnêtes. Les pauvres ne sont pas oubliés, une part de la nourriture leur est distribuée.
Bannière des forgerons
Date du document : 1661
…reconnues par les autorités d’Ancien Régime
Les confréries sont les lieux majeurs de la sociabilité urbaine d’Ancien Régime. Les plus anciennes participent à la procession du Saint-Sacrement qui est la grande fête municipale. À côté de leur rôle religieux et funéraire, certaines confréries servent de cadre à des institutions charitables ou professionnelles : confrérie de Toussaint qui administre l’aumônerie située sur les Ponts de 1362 jusqu’au milieu du 18e siècle, confrérie de la Contractacion dont la chapelle Notre-Dame d’Espagne au couvent des cordeliers abrite les réunions des marchands espagnols de 1430 à 1733, confrérie de Saint-Jacques et de Saint-Christophe, établie par les marchands de soie et de laine à l’église des carmes en 1588.
Extrait du fragment de bannière de la Congrégation des portefaix de la Grande bande de Nantes, soie brodée sur toile
Date du document : 1687
Des associations pieuses les remplacent peu-à-peu et déclinent
À partir du milieu du 16e siècle, le clergé, inspiré par le vent de réforme du concile de Trente, favorise le développement de nouvelles confréries, dites de dévotion, comme la confrérie du Saint-Sacrement fondée à Saint-Nicolas en 1613 ou la confrérie de la Charité fondée à la cathédrale en 1653. Leur succès s’explique surtout par les indulgences – une forme de « remise de peine » pour l’Au-delà – qui leur sont liées mais leur rôle social recule. Les confrères sont de plus en plus des femmes et moins des hommes qui fréquentent de nouveaux lieux de sociabilité.
Leur déclin est sensible au 18e siècle, elles subissent de multiples critiques des autorités civiles et d’une partie du clergé de sensibilité janséniste et hostile à la théologie des indulgences ; certaines disparaissent comme les confréries de Notre-Dame-de- Consolation et Notre-Dame-de-Bon-Secours en 1768. Celles qui subsistent tendent à devenir de simples associations pieuses dirigées non plus par des laïcs mais par des prêtres. La Révolution leur porte un coup fatal, elles disparaissent en même temps que les congrégations avec la loi du 18 août 1792. Après la Révolution, d’antiques confréries renaissent, de nouvelles sont fondées, mais leur rôle social a disparu, sauf à retenir la réapparition du terme pour des « confréries » autour du vin ou de la saucisse…
François Macé
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Durand Yves (dir.), Histoire du diocèse de Nantes, Beauchesne, Paris, 1985 (Histoire des diocèses de France, 18)
Guyvarc'h Didier, « Les associations viennent de loin », Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°68, automne 2018, p. 8-10
Maître Léon, Les confréries bretonnes : leur origine, leur rôle, leurs usages et leur influence sur les moeurs au moyen âge, Impr. V. Forest et E. Grimaud, Nantes, 1876
Saupin Guy, « Les confréries de dévotion à Nantes au siècle des saints », dans Églises de l’Ouest, églises d’ailleurs. Mélanges offerts à Marcel Launay, Les Indes savantes, Paris, 2009, p. 197-212
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François Macé
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