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Pauline-Isabelle Lefèvre-Utile (1830-1922) Rapport à la Bretagne

1378

École élémentaire des Garennes et Maison du Dix


Dans le contexte de laïcisation de l'école des années 1870, la Ville de Nantes lance un grand programme de construction d'écoles publiques. La construction de l'école des Garennes sur la butte Sainte-Anne, inaugurée en 1877 pour l'école des garçons et 1878 pour celle des filles, participe à cette politique volontariste.

Deux écoles publiques éminentes

Avant 1875, la création des écoles publiques se fait en profitant de bâtiments existants. Puis, un modèle standardisé est élaboré par les services de la Ville sous la houlette de l’architecte en chef Antoine Demoget : l'école-type doit pouvoir accueillir 300 élèves dans 4 classes de 75 mètres carrés (10 x 7,5 mètres) avec une hauteur sous plafond de 4,20 mètres ; si la configuration du terrain le permet, les classes sont disposées en croix et un jardin est prévu pour le directeur. Onze écoles sont ainsi mises en service entre 1877 et 1880, dont celles des Garennes.

À Sainte-Anne, le choix du site relève de considérations pratiques. La Ville possédant les terrains formant la place des Garennes fait l’économie d’une acquisition, en profitant de cet espace et de ses abords. Tout au plus est-il prévu de dégager un espace supplémentaire pour l’école de garçons en prenant sur les terrains de la carrière Miséry en possession de la Ville.

Autre considération hygiéniste cette fois : le site en hauteur est dégagé et aéré. « La place des Garennes en effet, par sa position élevée, son amplitude au milieu des rues étroites et tortueuses de ce quartier populeux, est d’avance désignée pour recevoir tout établissement scolaire. » (Conseil municipal du 12 février 1878) 

Enfin, certaines préoccupations d’ordre politique ont pu contribuer au choix de ce site. Implantées de part et d’autre de l’avenue Sainte-Anne, l’école de filles et l’école de garçons incarnent l’institution communale et laïque. Ces deux établissements, par leur importance, viennent contrebalancer l’école catholique située à côté de l’église Sainte-Anne, autour de laquelle s’est structuré tout le quartier quelque 40 ans plus tôt. 

Des symboles républicains en nombre

La marque de la IIIe République est affichée en façade : monumentalité de l’entrée, présence des armoiries de la Ville et de l’inscription en bandeau du nom d’école communale de garçons ou de filles. Le tout s’est doublé au fil du temps de nouveaux symboles, y compris dans la période récente : depuis 2020, toutes les écoles affichent un panneau normé du ministère de l’Éducation nationale, avec leur nom et la mention « République française ».  Autant d’éléments qui renforcent le poids de l’institution, au moins symboliquement.

D’autres plaques apposées en façade participent de l’action publique, comme les plaques commémoratives. Sur la façade de l’école des Garennes, figure une plaque anniversaire du centenaire de l’école « en hommage aux femmes et aux hommes qui ont lutté pour une école publique et laïque. La Ville de Nantes, 26 novembre 1977 ».

Des réaménagements aux destructions

De la fin du 19e siècle et jusqu’à 1914, les effectifs ne cessent d’augmenter. L’agrandissement de l’écoles des filles est rendu difficile par l’étroitesse de la parcelle, sans réserve de terrain. Aussi, c’est plus par densification que s’opère l’augmentation des capacités d’accueil. En 1902, un étage supplémentaire est construit avec trois nouvelles classes.

Profitant d’un peu plus de terrain en fond de cour, l’école des garçons procède par extension. Entre 1895 et 1910, l’école de garçons accueille quatre nouvelles classes. Une des ailes existantes est prolongée, puis doublée par un bâtiment d’enseignement supplémentaire, parallèle au premier et de même facture. En 1912, une cantine scolaire vient compléter ces aménagements.

Si la Première Guerre mondiale a des conséquences durables sur la vie des enfants, elle n’affecte pas directement les édifices ou leur site. En revanche, la Seconde Guerre mondiale est beaucoup plus dommageable. En 1942, l'école des garçons est occupée par l'armée allemande, entraînant diverses dégradations. L'utilisation de l'école des filles est alors partagée : le matin par les filles et l'après-midi par les garçons. Lors des bombardements du 23 septembre 1943, le bâtiment de l'école des garçons est partiellement endommagé. Quant à l’école de filles, elle est en partie détruite, entraînant de nouvelles répartitions des enfants dans les écoles voisines déjà surchargées.

De l’école à la maison de quartier

L'école devient mixte à la fin des années 1970 ; filles et garçons sont regroupés dans les classes de l'école des garçons. Du même coup, l’ancienne école de filles est réaffectée et occupée de 1980 à 2001 par le syndicat d’enseignants, la FEN. En 2006, l’ancienne école est reconvertie en maison de quartier dans laquelle se trouvent quatre salles d'activités (arts plastiques, danse, salle du club des anciens, multi-activités) et une salle de spectacle de 150 places.

Les bureaux des associations sont regroupés dans les étages du pavillon d'entrée. La cour peut servir de lieu de spectacle. La couverture des préaux, transformée en terrasses, est devenue accessible et permet de desservir les salles à l'étage. La « maison du Dix » (car adressée au 10 place des Garennes) est inaugurée le 14 décembre 2006.

Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022

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En bref...

Localisation : Garennes (place des) 7, 10, NANTES

Date de construction : 1877

Auteur de l'oeuvre : Demoget Antoine (architecte communal) ; Agence Drodelot (architecte)

Typologie : architecture scolaire

En savoir plus

Bibliographie

Association Butte-Sainte-Anne, Une histoire du Dix, 10 place des Garennes [En ligne], 2007, [Consulté le 23 novembre 2022], article en ligne disponible ici

Documentation

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Nom des écoles

Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises

Tags

Architecture scolaire, universitaire et de recherche Armoiries et décorations Bellevue - Chantenay - Sainte Anne Laïcité École

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Rédaction d'article :

Irène Gillardot

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