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Sophie Trébuchet (1772 –1821) Île puis quartier Gloriette

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Anciens bains-douches de la rue Michel-Rocher


En 1908, la municipalité de Gabriel Guist’hau se préoccupe d’améliorer l’hygiène et de lutter contre la formation de foyers d’infection et la propagation des maladies contagieuses, qui frappent prioritairement la population ouvrière, en lançant un programme de bains-douches et de lavoirs publics dans les communes récemment annexées de Doulon et Chantenay et dans les quartiers populaires nantais, Hauts-Pavés-Marchix et Madeleine-Les Ponts.

Un premier projet

Faisant le constat que les bains et lavoirs du quai de la Maison-Rouge, qui datent des années 1850, sont vétustes et trop à l’étroit sur leurs 933 mètres carrés, la mairie conclut à la nécessité de les reconstruire. Un nouvel emplacement est recherché sur le 4e canton.

« Nous avons été assez heureux pour trouver, dans la partie populeuse du canton, à proximité des usines et d’un bras de la Loire, dans lequel il serait facile d’établir une prise d’eau, un immeuble pour lequel nous avons pu obtenir une promesse de vente. » Il s’agit des anciennes Raffineries de l’Ouest, situées rue Conan-Mériadec, à l’angle du boulevard Babin-Chevaye, mises en vente suite à la dissolution de la société. L’acquisition des 4 700 mètres carrés de l'ancienne usine est finalisée en 1911. Initialement, on prévoit sur le site un pôle d’équipements publics : bains et lavoirs, sapeurs-pompiers, commissariat de police « destiné à remplacer le poste de la rue des Olivettes », dispensaire et justice de paix.

Plan des façades principale et postérieure du premier projet de bains et lavoirs rue Michel-Rocher

Plan des façades principale et postérieure du premier projet de bains et lavoirs rue Michel-Rocher

Date du document : 12-08-1908

Un an plus tard, la Ville décide de remanier, en les agrandissant, les projets de bains-douches rues Noire et de l’Arche-Grande-Biesse. Les plans des nouveaux bains-douches du quartier des Ponts sont établis par Étienne Coutan, le directeur du service d’architecture de la Ville. La façade est traitée dans un style associant régionalisme et modernité, les intérieurs empruntent à l’esprit art déco.

Entrée des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Entrée des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Date du document : 1932

Une réalisation d’Étienne Coutan

Mis en sommeil par la Première Guerre mondiale, le projet ne redémarre qu’en 1923. Le programme se compose de 28 cabines au rez-de-chaussée, autant au premier étage, vestibule, salle d’attente, caisse, avec galerie d’accès, lingerie et sanitaires. Les travaux sont mis en adjudication. C’est la maison Rineau Frères de la Prairie-au-Duc qui emporte le marché des installations d’hydrothérapie, de chauffage et de ventilation.

Façade arrière des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Façade arrière des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Date du document : 29-01-1932

En 1925, tandis que les bains-douches de la rue Noire viennent d’ouvrir, ceux du quartier des Ponts s’achèvent. Reste à effectuer le revêtement en mosaïque des sols et des murs intérieurs. Coutan fait le choix de la renommée maison Odorico Frères de Rennes. Dallage et revêtements sur murs sont traités en granito agrémenté de points décoratifs et de galons en mosaïque romaine.

Quant aux motifs sculptés de la façade de l’édifice – armes de la Ville et de la Bretagne – ils sont confiés au sculpteur nantais Alexandre Desmarchix.

Le 17 juillet 1926, c’est l’inauguration. Le journaliste de L’Ouest-Éclair ne tarit pas d’éloges sur « ce nouvel Hammam muni de tout le confort désirable. Il compte cinquante-six cabines aménagées d’une façon très moderne (…) L’élégance de la construction est remarquable ; le choix de matériaux assure une propreté facile à entretenir. » Enfin, ajoute le plumitif, « la situation même de ce nouvel établissement, au sein d’un quartier très populeux, c’est une idée à laquelle on ne saurait trop applaudir ». D’autant que « les tarifs sont minimes. »

Intérieur des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Intérieur des bains-douches de la rue Michel-Rocher

Date du document : 23-10-1928

Ils le resteront jusqu’à la fermeture, un peu plus de 50 ans plus tard, en 1978 exactement. Le confort moderne et la salle de bains équipent de plus en plus les logements des Nantais. La Ville prend la décision de fermer les bains-douches de la rue Dupleix, sur la butte Sainte-Anne, et ceux de la rue Michel-Rocher à compter du 27 novembre.

Philippe Bouglé
2022



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En savoir plus

Bibliographie

Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021

Pages liées

Dossier : le quartier République – Les Ponts

Dossier : Les bains et lavoirs publics de Nantes

Tags

Architecture civile publique Bain et lavoir Ile de Nantes Mosaïque Santé et hygiène

Contributeurs

Rédaction d'article :

Philippe Bouglé

Témoignage :

Louis Bousseau ; Robert Letoux

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