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Ancienne tenue de Malvoisine


Malvoisine correspond aujourd’hui à la partie ouest de l’actuel lycée Georges Clemenceau. Ancienne propriété rurale, le passé de cette tenue voisine du couvent des Minimes est lié à la religion et à l’enseignement.

Étymologie

Le nom de Malvoisine pourrait venir de « Malvoisie » qui est un cépage qui tire son nom de « Malvasia, petite île de Grêce célèbre pour ses vins. […] sorte de vigne […] voisine des muscats » comme l’indique Olivier de Serre dans son ouvrage Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs, publié en 1600. Cette origine est probable compte tenu de la présence de vigne dans le faubourg Saint-Clément attestée depuis le Moyen Âge. Cette toponymie fait également penser au terme « Mauvoisin » signifiant « Mauvais voisin ». Un nom qui aurait également du sens quand on se penche sur l’historique de la propriété. En effet, le couvent des Minimes voisin s’est toujours opposés à l’installation d’une autre communauté religieuse sur cette tenue.

Les Ursulines

Dès 1624, les frères Minimes installés à Richebourg depuis 20 ans s’opposent à l’installation des Bénédictines sur la tenue de Malvoisine ; finalement les Filles du Calvaire s’installent l’année suivante sur des terrains de la paroisse Saint-Nicolas. L’histoire se répète quand les Ursulines, dirigées par la prieure Marguerite de Berty, viennent s’installer en 1628 à Malvoisine. À cette date, la propriété est décrite comme étant composée d’une maison, d’un jardin et d’une tenue. Elle est possédée par Guillaume Martin, sieur de la Vernade, « conseiller du roi et receveur général des finances du pays de Bretagne » et son épouse Angélique Lefevre, fille de Guillaume Lefevre, sieur de Malvoisine, conseiller du roi, juge et magistrat criminel à Nantes.

Les Visitandines

En 1630, la municipalité permet aux Visitandines de s’installer à Malvoisine, propriété des Ursulines, qui délaissent à cette période la vieille maison pour un bâtiment neuf. Les sœurs de la Visitation y demeurent trois années, mais trop à l’étroit, elles émettent le désir de déménager ; en 1633 elles trouvent en la propriété de la Mironnerie (actuellement rue Gambetta) un lieu idéal pour leur établissement. L’année suivante, après un long procès avec les frères Minimes et une autorisation du Parlement, les Ursulines finissent par vendre la propriété le 4 août 1634 au « sieur de la Renaudière ». Lui-même revend Malvoisine au clergé le 20 juin 1642 pour y établir un séminaire. Les contrats « d’aquests » de cette période nous apprennent l’existence d’un ancien chemin aujourd’hui disparu qui longeait le sud de la propriété, allant du couvent des Minimes à la ruelle Saint-François.

Le séminaire

L’évêque Gabriel de Beauvau fait installer le séminaire à Malvoisine à partir de 1648 après avoir fait appel à la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice fondée à Paris en 1642. Deux Sulpiciens viennent à Nantes pour s’occuper des « ordinands » (ceux qui reçoivent l’ordination). Le bâtiment où sont reçus les séminaristes devient insuffisant et il est envisagé d’en construire un plus spacieux mais la municipalité s’oppose à ce projet. Sans soutien de l’évêque, « ils quittèrent Nantes et retournèrent à Paris » d’après Joseph Grandet. Le successeur de Gabriel de Beauvau, l’évêque Gilles de la Baume Le Blanc de la Vallière, s’empresse de rétablir le séminaire en son état lorsqu’il est fait évêque en 1668. La maison de Malvoisine est démolie et de nouveaux bâtiments sont enfin construits en 1694 « par les soins de M. des Jonchères-Couperie, archidiacre de la Mée et chanoine, supérieur dudit séminaire » ainsi qu’une chapelle.

Détail du plan de la ville et des faubourgs de Nantes dressé par David Delafond en 1723

Détail du plan de la ville et des faubourgs de Nantes dressé par David Delafond en 1723

Date du document : 1723

Lorsque la Révolution française éclate, de jeunes ecclésiastiques du séminaire de Nantes adressent une lettre à messieurs les officiers municipaux et jurent d’être fidèles à « la Nation, à la Loi et au Roi ». Mais l’établissement ferme en mai 1791 et devient bien national ; on y enferme même des prêtres jusqu’en juillet, date à laquelle le département de Loire-Inférieure décide qu’ils doivent être transférés au château des ducs.

Le Lycée

Le décret du Premier Consul du 1er vendémiaire de l’an 12 (24 septembre 1803) faisant suite à la loi du 11 floréal de l’an 10 (1er mai 1802) instituant les premiers lycées pose les premières base de la création du lycée de Nantes (actuel lycée Clemenceau). Il ouvre ses portes le 1er avril 1808 dans les anciens locaux du séminaire et du couvent des Ursulines vidés de leurs occupants pendant la Révolution française. Devenu Collège royal à la Restauration, puis lycée impérial lors du Second Empire, des plans datant de 1857 conservés aux Archives nationales permettent de connaître la nouvelle destination des bâtiments de l’ancien séminaire : la chapelle sert de réfectoire pour les petits enfants.

Détail du plan du Lycée impérial de Nantes

Détail du plan du Lycée impérial de Nantes

Date du document : 1857

Les bâtiments du 17e siècle sont devenus vétustes et une reconstruction est projetée à la fin des années 1880. Tous les anciens bâtiments du séminaire sont démolis et il ne demeure aujourd’hui qu’un vieux pan de mur à l’ouest du lycée dont on peut encore apercevoir les anciennes fenêtres du premier étage, à présent murées.

Quelques photographies datant d’avant la démolition de l’ancien lycée en 1890 permettent toujours d’admirer ces bâtiments aujourd’hui disparus.

Kevin Morice
Archives de Nantes
2025

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En savoir plus

Bibliographie

Bourgeon Jean, La vie est dans le pré : portrait d'une commune rurale avant et pendant la Révolution, ACL, 1986

Catta Étienne, La Visitation Sainte-Marie de Nantes, 1630-1792 : la vie d'un monastère sous l'Ancien Régime, J. Vrin, Paris 1954

Faillon M., Vie de M. Olier, fondateur du Séminaire de Saint-Sulpice, volume 3, Paris, 1873

Lallié Alfred, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, volume 1, B. Cier, Nantes, 1893

Revue des provinces de l'Ouest, volume 5, 1857

Recueil des déclarations, édits, lettres patentes et arrêts du conseil d’État du Roi, 1666

Ressources Archives départementales de Loire-Atlantique

G 258 : Obéissances féodales de la paroisse Saint-Clément de Nantes (1475-1762)

110 J in-8°294/163 : Journal de la correspondance de Nantes du 26 juin 1790

Archives des Ursulines de l’Union Romaine (Beaugency)

Nantes 1B3/5 Malvoisine

Webographie

Plans des bâtiments du lycée impérial de 1857 aux Archives nationales Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Pages liées

Lycée Clemenceau

Ancien couvent de la Visitation

Séminaire

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Malakoff - Saint-Donatien Urbanisme Couvent Lycée Catholicisme

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Kevin Morice

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