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Michel Noury (1912 - 1986) Ancres de tirant

1294

Faubourg de Pont-Rousseau


Sur la rive occidentale de la Sèvre, Pont-Rousseau dépend de la paroisse de Rezé. Avant la Révolution, c’est un faubourg de type rural, éloigné de plus d’une centaine de mètres du pont et éclaté en deux petits hameaux.

Plan du faubourg de Pont-Rousseau

Plan du faubourg de Pont-Rousseau

Date du document : 06-08-1796

L’un s’étire le long de la route commerciale qui lie Nantes à la Rochelle, l’autre est regroupé autour du chemin qui mène au bourg de Rezé. Les maisons qui forment un front le long des chemins y sont en majorité en rez-de-chaussée. Elles dissimulent les jardins et autres parcelles cultivées situées à l’arrière.

Un développement lié aux circulations sur le pont

Le développement du hameau est essentiellement dû à la présence du pont qui enjambe la Sèvre et dont l’étroitesse et, souvent, le mauvais état oblige les marchands à patienter dans les auberges locales.

Perspective cavalière du faubourg de Pont-Rousseau

Perspective cavalière du faubourg de Pont-Rousseau

Date du document : 05-02-1711

Le bourg vit donc du passage des marchands, de celui des paroissiens des îles de Loire et des hameaux épars qui viennent au moins une fois par semaine entendre la messe à la chapelle Saint-Eutrope – chapelle édifiée au 15e siècle qui permet aux habitants de faire leurs ablutions hebdomadaires sans se rendre au bourg de Rezé –,, et de la tenue de foires instaurées au 17e siècle.

Cette situation propice a attiré différentes professions : des marchands de vin en gros, des marchands d’eau de vie, des tonneliers, des celliers, des maréchaux et beaucoup de petits boutiquiers qui vendent toutes espèces de marchandises à l’usage des habitants des campagnes voisines.

Une surveillance de la Ville de Nantes

Comme sur le quartier de Dodane, l’importance économique de la route explique l’étroite surveillance dont celle-ci fait l’objet. Cette surveillance est exercée par la Ville de Nantes bien que Pont-Rousseau ne soit pas dans les limites de la ville qui s’arrêtent à la porte de Dodane. Ainsi, le 14 janvier 1678, le maire et les échevins de la Ville de Nantes, se rendent « au delà du pont de Pont-Rousseau, sur la route de la Rochelle, pour voir et visiter ledit chemin, et savoir ce qui est nécessaire estre fait et réparé aux pavés, et de la quantité du rocq qu'il faut pier et escarper, pour rendre ledit chemin accessible et fasible pour le passage des gens de pied et de cheval, mesme des charrettes à bœufs qui y passent journellement et à toute heure, en très grand nombre chargées de vins et eaux de vie, dont il s'en est rencontré qui ont péry, attendu que le passage est extrêmement mauvais... ».

La transformation du hameau au 18e siècle

L’agrandissement de la chaussée, décidé en 1753, est à l’origine de la transformation du hameau. En 1766, il est arrêté que le tracé de la route est modifié à cause des sources qui minent continuellement le terrain et des « sinuosités qui la défigurent ». La chaussée cessera d’être pavée au profit d’un empierrement solide réalisé « par une personne de l'art intelligente et de confiance sous les ordres du Bureau et de l'inspection de l'architecte-voyer ; que cette dépense à demeure sera d'un moindre entretien que des pavés ; par ce moyen, la communauté, à mesure qu'elle empierrera cette nouvelle banlieue pourra faire servir le vieux pavé qu'elle en tirera, soit à rétablir provisionnellement l'ancienne banlieue, pour que la voie publique ne soit pas interrompue, soit à rétablir avec du pavé neuf les ponts de Pirmil, de la Magdelaine, de l'Hôpital et autres dans la même direction ».

Le chantier est confié au sieur Cacault, sous la surveillance du Bureau de Ville et l'inspection de l'architecte-voyer. Pour réaliser les travaux, la chapelle Saint-Eutrope est détruite et déplacée en arrière du front urbain. La Ville acquiert l’ancien four banal ainsi qu’un terrain adjacent pour la reconstruire à l’arrière du front urbain.

Dix ans après ces premiers travaux, Ceineray propose un alignement pour les maisons qui bordent la chaussée. Il en résulte un premier alignement qui oblige les particuliers à reculer leur maison, leur fournissant l’occasion de les modifier.

L’aménagement d’un port et de cales

Un petit port avait été aménagé autour du pont qui enjambe la Sèvre. Tout d’abord informel et utilisant les grèves d’échouage, il est pourvu de deux cales au 18e siècle. En 1741, Nicolas Portail signe le plan de la première cale en tablier bâtie sur la rive nantaise à la place d’une maison expropriée. Puis, en 1780, la seconde est bâtie sur un terrain privé de la rive rezéenne en compensation de la disparition d’un petit chemin ayant appartenu à Madame veuve Bascher lors de l’agrandissement de la chaussée. La cale de la Verdure au sud du pont est prolongée en 1895.

Les cales sont utilisées pour les activités quotidiennes plus que pour l’industrie. Elles accueillent le linge des lavandières et les régates.

Pont-Rousseau

Pont-Rousseau

Date du document : début du 20e siècle

Sur la rive rezéenne, il ne semble pas y avoir eu de cales : la rive restée naturelle forme une grève d’échouage jusqu’à nos jours. Puis peu à peu, le manque d’usage a laissé place à une végétation plus importante qui rend difficile l’accès à la rive.

Pont Rousseau, la Sèvre

Pont Rousseau, la Sèvre

Date du document : début du 20e siècle

Durant le 19e siècle, le hameau grossit et perd peu à peu son caractère rural aux portes de Nantes avec la construction d’imposants immeubles et maisons.

Une partie de ces bâtiments conserve des passages vers les tenues à l’arrière du front. Des usines s’installent et l’urbanisation se met en place.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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