Séminaire
En 1649, l’évêque Gabriel de Beauvau, prélat réformateur, fait appel à la Compagnie des prêtres de Saint- Sulpice fondée à Paris en 1642 par Jean-Jacques Olier pour créer le nouveau séminaire conforme aux décisions du concile de Trente, qui datent déjà de presque un siècle : ce délai n’a rien d’exceptionnel dans la France de l’Ouest.
Le séminaire, à cette époque, accueille les futurs prêtres pendant deux ou trois ans pour des retraites spirituelles et pour apprendre le plain-chant, le cérémonial, la pédagogie du catéchisme, etc. Leur hébergement se fait au faubourg Saint-Clément, dans la maison de la Malvoisine achetée pour l’occasion. Les cours de philosophie et de théologie sont dispensés dans le tout proche collège des oratoriens.
Cette complexe formule subit les effets des dissensions théologiques, vives notamment autour de la question janséniste et d’une vision plus ou moins pessimiste de la foi. Le clergé diocésain et une « communauté de Saint-Clément » remplacent en 1673 les sulpiciens, rappelés pour de bon en 1728. Entre- temps, l’Église a durci sa condamnation des Jansénistes (1713), et le diocèse a rompu avec les Oratoriens et mis fin aux fonctions du directeur Jean de La Noë-Ménard, pourtant auteur du catéchisme diocésain.
Le séminaire de Nantes forme alors une vingtaine de prêtres par an, mais il est complété, de manière non négligeable, par le séminaire des Irlandais qui assure à partir de 1695 à la Touche (sur le site de l’actuel Musée Dobrée) la formation de réfugiés, puis de leurs descendants : en 1765, la communauté irlandaise revendique 60 prêtres exerçant dans les paroisses, à l’Hôtel-Dieu et sur les vaisseaux, ceux de la Compagnie des Indes en particulier !
La rupture révolutionnaire
Devenu bien national, le séminaire diocésain devient en 1793 l’hôpital de la Fraternité, puis constitue une partie des bâtiments du nouveau lycée impérial.
L’évêque Jean-Baptiste Duvoisin acquiert donc en 1807 une nouvelle propriété, la maison Saint-Charles, toujours à Saint-Clément, de nouveau confiée aux Sulpiciens. Cet apparent retour à l’Ancien Régime est pourtant éphémère : dès 1824, le séminaire compte 133 étudiants. Un deuxième immeuble est acquis en 1826 (devenu ensuite École nationale supérieure de mécanique puis IUT), en attendant la construction en 1850 de locaux de style néoroman par l’architecte Théodore Nau pour une centaine de séminaristes (actuel lycée Livet). La loi de séparation des Églises et de l’État, en 1905, conduit à l’expulsion de la centaine de séminaristes, et à une instabilité qui dure jusqu’à la construction, à partir de 1913, d’un nouveau Grand séminaire, à l’initiative de l’évêque Pierre-Émile Rouard et d’une société civile, L’Association nantaise.
Photographie aérienne, boulevard des Américains
Date du document : 1956
Dans ces locaux édifiés au nord-ouest de la ville, sur la propriété de la Saulzinière achetée à la famille Lelasseur, l’architecte François Bougouin associe le béton pour l’ossature et des mosaïques pour la décoration intérieure de la chapelle, bénite en 1937. Les séminaristes en profitent relativement peu : les lieux sont en partie occupés par un hôpital militaire américain en 1917-1918 et, à peine achevés en 1937, réquisitionnés par l’armée allemande pendant toute l’Occupation. La chute du nombre des vocations conduit à partir de 1972 à des regroupements interdiocésains, Nantes finissant cependant par accueillir tous les futurs prêtres des Pays de la Loire à partir de 1996, ainsi que des étudiants de la Réunion, de Maurice et de Rodrigues, ce qui donne un aspect international à la communauté encadrée désormais par des prêtres diocésains avec la collaboration d’enseignants laïcs.
44 infirmières posant devant le bâtiment principal du Grand Séminaire
Date du document :
En 2013, sur un total d’une petite quarantaine de séminaristes, les Nantais sont une douzaine, d’origines sociales très diverses. Beaucoup ont déjà eu une expérience professionnelle, fait parfois des études supérieures poussées. Leur vocation s’est souvent précisée à partir de leur participation à des mouvements de jeunesse comme le scoutisme, ou aux Journées mondiales de la jeunesse. C’est un contraste évident avec les générations préconciliaires qui, jusqu’aux années 1960, passaient par les « Petits séminaires » aujourd’hui disparus.
Depuis 1983, les bâtiments abritent en outre des bureaux de l’évêché.
Marcel Launay
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Biraud E., Poutet Yves, «Le clergé séculier à Nantes à la fin du 17e siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, vol. 55, n°48, 1965
Durand Yves (dir.), Histoire du diocèse de Nantes, Beauchesne, Paris, 1985 (Histoire des diocèses de France, 18)
Launay Marcel, «Restauration du clergé et formation sacerdotale au 19e siècle : le Grand séminaire
de Nantes (1807-1914) », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n°141, 2006, pp. 207-221
Launay Marcel, «Les séminaires nantais ou la tradition du pastiche, 1850-1937", Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n° hors série, 2008, pp. 185-195
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Rédaction d'article :
Marcel Launay
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