
Geneviève Vix (1879 –1939)
Geneviève Brouwer, plus connue sous son nom d’artiste Geneviève Vix, est une cantatrice française née le 31 décembre 1879 à Nantes. Descendante du peintre hollandais Adriaen Brouwer, ce n’est pourtant pas à l’art pictural que la jeune fille se destinera.

Portrait de Geneviève Vix
Date du document : 1875-1914
La formation au Conservatoire
Dans un premier temps, elle suit les cours du Conservatoire de Nantes. Geneviève Vix y obtient un premier prix de chant et, suivant les conseils d’un ami, elle décide de continuer ses études au Conservatoire national de Paris. Elle y est décrite dans les quotidiens L’Écho de Paris et La Fronde en 1902 comme une jeune femme qui « écoute de façon très sérieuse » tout en étant « rieuse et enjouée ». Elle est « grande, mince » et ses yeux « lui ont valu d’être baptisé […] du nom de la "Femme au regard d’aigle" ». Le talent de la jeune femme est de nouveau reconnu en 1904 lorsqu’elle obtient un premier prix d’opéra et un second prix d’opéra-comique aux concours du Conservatoire. A cette occasion, un journaliste du Figaro dit de l’artiste qu’elle est « toujours intéressante par l’accent, de même que par les attitudes et l’aisance naturelle. Il lui reste d’autant moins à apprendre qu’elle semble devoir à sa personnalité, surtout, le meilleur de son talent. » Ces distinctions lui permettent de faire ses débuts à l’Opéra de Paris dans le rôle-titre de Daria de Georges Marty.
Les premières années à l’Opéra-Comique
A partir de 1906, elle entre à l’Opéra-Comique, alors dirigé par le librettiste et dramaturge Albert Carré, où elle reste plusieurs saisons. Parmi les œuvres dans lesquelles la soprano a tenu un rôle, on peut citer des opéras de Jules Massenet (dont Thaïs, Manon, Cendrillon, Werther), Georges Bizet (Carmen), Gabriel Dupont (La Glu) ou encore Giacomo Puccini (Tosca, Madame Butterfly). En 1908, elle chante également Geneviève au théâtre des Variétés dans l’opéra bouffe de Jacques Offenbach Geneviève de Brabant. Dans Le Jongleur de Notre-Dame de Massenet, elle interprète le jongleur Jean, rôle pourtant écrit pour un ténor. En 1911, elle participe à la première représentation de L’Heure espagnole de Maurice Ravel dans le rôle de Concepcion, l’une de ses plus célèbres créations.
En septembre 1913, alors qu’elle regagnait Paris pour jouer dans les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, elle tombe gravement malade et doit arrêter de chanter quelques mois. Elle remonte sur scène en décembre, heureuse de retrouver la salle Favart : « Ma première visite a été pour mes camarades de l’Opéra-Comique qui ont été charmants pour moi et que j’ai été très heureuse de revoir. C’est une grande et douce famille que notre Opéra-Comique… » (Comœdia, 1913)

Portrait de Geneviève Vix en Manon
Date du document : 1906
L’ambassadrice de la culture française à l’étranger
La réputation de la soprano ne s’arrête pas aux frontières françaises. En 1914, elle quitte l’Opéra-Comique pour se rendre à l’étranger et y interpréter l’ensemble de son répertoire. Elle est ovationnée en Italie, en Égypte, en Espagne et aux États-Unis. Elle fait également une longue tournée en Amérique du Sud où elle chante en français aux côtés du ténor italien Enrico Caruso. En décembre 1915, elle explique au quotidien Excelsior à quel point la bourgeoisie brésilienne et argentine apprécie la culture française : « La musique française est une récréation pour les élites, et j’ai vu combien en même temps elle était populaire. En interprétant mes maîtres, en chantant les mélodies inoubliables de Saint-Saëns, Debussy, des Duparc, des Gabriel Dupont, des Charpentier, des Massenet, des Fauré, etc, j’ai pu me rendre compte de la puissance de l’action qu’ils exercent sur la sensibilité esthétique de ces étrangers doués de culture, raffinés, ou riches d’un instinct qui éduque à lui seul leur personnalité. » Geneviève Vix prend très à cœur sa mission de promouvoir les œuvres françaises à l’étranger, notamment pendant la Première Guerre mondiale, comme elle le dit dans Comœdia en 1920 à propos d’une tournée en Espagne : « Nous étions en pleine guerre. Il était de mon devoir de soutenir nos compositeurs. On ne connaissait que Manon, et le public des dilettantes ignorait les ouvrages qui ont beaucoup de succès à Paris. » Pendant cette période troublée, la soprano n’hésite d’ailleurs pas à chanter pour des concerts de bienfaisance, en particulier pour les soldats blessés au front.
Les autres projets artistiques de « La Vix »
La carrière de Geneviève Vix ne se résume pas qu’à l’art lyrique. Elle prend également part à d’autres projets artistiques afin de diversifier ses activités, au gré de ses envies et opportunités. Ainsi, en 1926, la cantatrice participe à la revue de Sacha Guitry et Albert Willemetz Vive la République ! au théâtre Marigny. En 1927, elle se lance dans la comédie en interprétant un rôle dans la pièce de théâtre écrite par Alfred Savoir Les Deux Amis : « C’est le hasard qui m’a poussée vers la comédie. […] Depuis longtemps, à chaque printemps qui est la morte-saison du répertoire lyrique, je rêvais d’être l’interprète d’auteurs dramatiques à la mode. » (L’Intransigeant, 1927) En 1937, l’artiste s’éloigne de la scène pour se tourner vers les caméras. De nouveau, elle collabore avec Sacha Guitry afin d’interpréter le rôle de la comtesse Diepchinska dans le film Désiré.

Portrait de Geneviève Vix
Date du document : 1875-1914
La vie privée de la cantatrice
Geneviève Vix s’est mariée une première fois en 1909 avec un espagnol, M. de Cardevar. Deux ans plus tard, elle demande le divorce après avoir découvert que son mari l’a dépouillée de ses meubles et bijoux alors qu’elle le croyait fortuné. En 1921, elle épouse un prince russe, Cyrille Narischkine. Elle a également entretenu une liaison avec le roi d’Espagne Alphonse XIII.
En plus de l’art lyrique, l’artiste s’intéresse à des domaines très divers. Par exemple, en 1910, elle est invitée par l’aviateur Dickson à monter avec lui dans son aéroplane. Geneviève Vix découvre avec émerveillement ce loisir : « Si mon amour de l’art ne m’avait pas accaparée, j’aurais été certainement très attirée par ce sport merveilleux qu’est l’aviation. » (Femina, 1910)
Le 25 août 1939, l’artiste nantaise s’éteint. Amoureuse de Paris, celle que les habitués de l'Opéra-Comique surnommaient affectueusement « La Vix » n’aura pourtant jamais délaissé sa ville natale, profitant de chaque occasion pour venir jouer au théâtre Graslin et rendre visite à ses proches. Elle aura marqué le début du 20e siècle par sa beauté souvent vantée, mais surtout par ses dons de comédienne. En 1931, lorsqu’un journaliste lui demande le secret de son talent, elle répond : « Il n’y a pas de talent sans sincérité. Je joue mes rôles comme si je les vivais, simplement, naturellement, exactement, comme si vraiment j’étais "dans la peau de mes personnages". Les sentiments que j’exprime, je les ressens… Et mes gestes suivant mes pensées ou mes paroles, comme des réflexes. C’est à cette facilité d’être "naturelle" que je dois mes plus grands succès. »
Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2020
En savoir plus
Bibliographie
Dartois Geneviève, « Geneviève Vix, une gloire nantaise de la Belle Époque » In Les Annales de Nantes et du pays nantais, Société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n°252, 1994, pages 11-12
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Rédaction d'article :
Noémie Boulay
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