
Amours nantaises de Jules Verne
« Toutes les jeunes filles que j’honore de mes bontés se marient toutes invariablement dans un temps rapproché » écrit Jules Verne à sa mère en 1854, sur un ton on ne peut plus désabusé. Depuis 1847 en effet les déceptions sentimentales ne lui ont pas manqué.
Caroline, Herminie et les autres
La première aimée est sa cousine Caroline Tronson qui, en 1847, le dédaigne pour le quadragénaire Emile Dezaunay. La déception est vive, et ses parents décident d’envoyer Jules Verne à Paris pour qu’il n’assiste pas au mariage. Cet amour a été abondamment raconté, commenté et même romancé. Au point d’éclipser la plus passionnément aimée.

Acrostiche du recueil de poèmes de Jules Verne
Date du document :
« Blonde et charmante, ailée et transparente », Herminie Arnault Grossetière a inspiré à Jules Verne d’ardents poèmes, où sa plume se mêle à celle de Hugo :
Etre à nous deux un monde, un ciel, une patrie,
Vivre ignoré de tous dans un lieu de ton choix,
Y cacher un bonheur à faire envie aux rois.
Oh ! Ce serait le ciel ! En veux-tu ?
Malheureusement cette « demoiselle (…) fait tout ce qu’elle peut pour ne pas le savoir » et épouse le 19 juillet 1848 Armand Terrier de la Haye. De Paris, où ses parents l’ont une fois de plus éloigné, Jules Verne exprime son désespoir dans une lettre à sa mère, sous la forme d’un rêve fantastique : « il fallait que mon cœur débordât ! » La blessure est profonde et définitive. En révolte contre sa ville natale, il s’installe à Paris.
D’autres déceptions, d’amour-propre, suivront. Sa mère va en effet tenter à plusieurs reprises, mais toujours en vain, de le marier. Ses ambitions littéraires n’inspirent pas confiance. Non plus que le ton badin sur lequel il fait sa cour : Laurence Janmar ne goûtera guère qu’il lui glisse à l’oreille, à propos d’un corset trop serré : « Ah ! Que ne puise-je pêcher la baleine sur ses côtes ! ».
Son « âme inquiète » n’oubliera pas ce que ces belles indifférentes lui ont inspiré « de douleur, de furie ». Le mariage de convenance et mal accordé avec Honorine de Viane ne saura pas non plus l’en guérir.
« Je suis très maladroit à exprimer des sentiments d’amour. Ce mot-là seul "amour" m’effraye à écrire », avouera Jules Verne dans une lettre à Hetzel en 1866. Plus qu’une indifférence ou une froideur naturelles, cette incapacité traduit sans doute la détresse d’un cœur irrémédiablement blessé : « c’est pour ton refus que j’ai gardé mes pleurs ! », avait-il écrit dans un poème à Herminie.
Agnès Marcetteau-Paul
2005
En savoir plus
Bibliographie
Martin Charles-Noël, « Les amours de jeunesse de Jules Verne », Bulletin de la société Jules Verne, 1974
Marcetteau-Paul,Agnès, Jules Verne : le poète de la science, Timée éditions, Boulogne-Billancourt, 2005
Bibliographie de Jules Verne sur le site du musée Jules Verne
Webographie
Repères biographiques sur Jules Verne sur le site du musée Jules Verne
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Agnès Marcetteau-Paul
Vous aimerez aussi
Végétation de l'Erdre
Géographie et biodiversitéLes amateurs des vieilles cartes postales le savent bien : il n’y a pas bien longtemps, l’Erdre accueillait une abondante végétation, qui ne laissait aux bateaux, en certains endroits...
Contributeur(s) :Louis Le Bail
Date de publication : 10/12/2020
2257
Coton
Société et cultureLes toiles de coton envahissent le marché européen dès la seconde moitié du 17e siècle. Blanches ou teintes, transportées à bord des navires qui commercent avec l’Asie, notamment ceux...
Contributeur(s) :Krystel Gualdé
Date de publication : 12/05/2020
1780
Chantrerie
Architecture et urbanismeJusqu’à la fin du 18e siècle, la Chantrerie est une grosse ferme, une métairie dont les revenus servent à entretenir la chorale de la cathédrale et son Grand Chantre. Le vin constitue...
Contributeur(s) :Louis Le Bail
Date de publication : 20/11/2020
2694