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Le Pays nantais dans l’œuvre de Rabelais


Originaire de Touraine, François Rabelais, écrivain né à Seuilly à la fin du 15e siècle, évoque plusieurs fois Nantes et ses environs dans sa série littéraire Gargantua et Pantagruel publiée entre 1532 et 1564.

Les pèlerins de Saint-Sébastien

En 1534, deux ans après la publication du roman Pantagruel qui met en scène le géant éponyme, paraît le livre Gargantua qui relate l’histoire du père de Pantagruel. Le chapitre 38 s’intitule « Comment Gargantua mangea en sallade six pelerins ». Le géant se saisit d’une laitue et emporte en même temps six pèlerins qui s’étaient cachés sous des laitues géantes comme des pruniers. Il y est indiqué que les pèlerins viennent « de Saint-Sebastian près de Nantes ». La paroisse de Saint-Sébastien était un lieu de pèlerinage pour les personnes implorant la protection du saint pour lutter contre les épidémies de peste. Au chapitre 45, Grandgousier, père de Gargantua et grand-père de Pantagruel, interroge le pèlerin Lasdaller : « qu'alliez-vous faire à Saint Sébastien ? ». Le pèlerin lui répond qu’ils allaient offrir leurs « votes contre la peste », ce à quoi Grandgousier demande si les pèlerins estiment que « la peste vienne de Saint-Sébastien ? », Lasdaller répond affirmativement.

Lors de la scène où Gargantua mange les cinq premiers pèlerins par inadvertance, et le sixième volontairement (le géant le prend pour un limaçon), ce dernier frappe une dent creuse de Gargantua qui crie de douleur. Il déloge à l’aide d’un cure-dent « messieurs les pèlerins » qui s’enfuient, et il perce à l’occasion une « bosse chancreuse » (maladie vénérienne) au « pauvre garçon » qui souffrait de ce mal « depuis le temps qu'ils eurent passé Ancenis. ». Ancenis, ville des bords de Loire est le troisième lieu du Pays nantais, après Saint-Sébastien et Nantes, à être évoqué par François Rabelais dans son œuvre.

Gravure de Gargantua par Gustave Doré

Gravure de Gargantua par Gustave Doré

Date du document : 1873

Riche et bien marchande

La première partie de la série littéraire, Pantagruel, est remaniée et éditée en 1542 par François Juste. C’est dans cette nouvelle édition que Nantes apparaît, accompagnée de Rouen, dans une comparaison avec deux villes fictives : « que c'estoit en Laryngues et Pharingues, qui sont deux grosses villes telles comme Rouen et Nantes riches et bien marchandes. » Les phrases suivantes évoquent de nouveau la peste, maladie souvent évoquée dans l’œuvre de Rabelais.

Les ponts et les cloches de Nantes

1552 est l’année de parution de la quatrième partie de l’histoire de Gargantua et Pantagruel : Le Quart Livre qui fait suite à Pantagruel, Gargantua et au Tiers Livre. L’auteur mentionne de nouveau Nantes et en particulier les piliers des ponts de bois avant leur reconstruction en pierre, comme le pont de Pirmil en 1564. Une comparaison est faite avec les dards (armes de jet) lancés par le géant Pantagruel :
 « Le noble Pantagruel en l’art de jetter & darder estoit sans comparaison plus admirable. Car avec ses horribles piles & dards (lesquelz proprement ressembloient aux grosses poultres sus lesquelles sont les ponts de Nantes, Saulmur, Bergerac, & à Paris les ponts au change & aux meusniers soustenuz, en longueur, grosseur, pesanteur & ferrure) ».

Au 16e siècle, le tablier en bois de l’ancien pont de Pirmil est régulièrement emporté par les crues de la Loire, et de nombreux travaux sont nécessaires pour entretenir ce pont : il est rare que le pont de Pirmil tienne plus de dix ans sans devoir être réparé ou « refait ».

Lors de la parution en 1564 de la cinquième et dernière partie Le Cinquième Livre, Pantagruel arrive à la première étape d’un voyage à l’Île Sonnante où l’on entend des cloches sonner en permanence. Encore une occasion pour Rabelais d’évoquer la ville de Nantes : « c'estoit l'Isle Sonnante, et entendismes un bruit de loing venant, frequant et tumultueux, et nous sembloit à l'ouir que fussent cloches grosses, petites et mediocres, ensemble sonnantes comme l'on faict à Paris, à Tours, Gergeau, Nantes et ailleurs, es jours des grandes festes, plus approchions plus entendions ceste sonnerie renforcee. ». 

Restitution de la ligne des ponts au 16e siècle

Restitution de la ligne des ponts au 16e siècle

Date du document :

Le souvenir de Rabelais à Nantes

Dans le faubourg de Richebourg, plusieurs ruelles mènent à la chapelle de l’Immaculée Conception, autrefois chapelle au Saint-Antoine-de-Padoue ; il s’agit sans doute des chemins créés vers la fin du 15e siècle lors de l’afféagement du domaine de Château-Gaillard autrefois couvert de vignes. Une de ces voies pris le nom de rue Saint-Antoine mais sera débaptisée lors de la Révolution française et prendra le nom de rue Rabelais. 

Un peu plus loin à l’est du quartier Richebourg, une avenue perpendiculaire à la rue d’Allonville est dénommée « Avenue de la Devinière » ; si son étymologie ancienne est « Divinerie » ou « Devinerie » qui évoque plus probablement des divinités, son nom actuel n’est pas sans rappeler la propriété de la Devinière où vécu Rabelais pendant son enfance à Seuilly en Indre-et-Loire.

Enfin, le souvenir de l’écrivain demeure également dans le quartier médiéval de Nantes, où un débit de boisson, portant son nom, rue du Bouffay propose des breuvages qui plairaient sans doute à l’écrivain que le poète Pierre de Ronsard décrivait comme un « galant buvant nuit et jour ».

Kevin Morice
Archives de Nantes
2025

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En savoir plus

Bibliographie

Rabelais François, Gargantua, 1534

Rabelais François, Pantagruel, 1542

Rabelais François, Le Quart Livre, 1552

Rabelais François, Le Cinquième Livre, 1564

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Pont de Pirmil

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Littérature

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Rédaction d'article :

Kevin Morice

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