Les frégates dans la Marine 

Le terme de « frégate » désignait auparavant toute embarcation modeste. À partir du 16e siècle, sont désignés comme tels, les bateaux à trois mâts, se distinguant par leur rapidité. Les frégates prennent un caractère militaire au siècle suivant. Ce sont désormais des navires de guerre, légèrement armés et rapides. Les premiers sortent de l’arsenal de Brest en 1638. 

Au fil des siècles, les dimensions des frégates augmentent, ainsi que leur armement qui se voit de plus en plus fourni. De nos jours, on appelle communément une frégate, un navire qui pourrait également être qualifié de destroyer. C’est-à-dire :

• un navire de guerre de taille moyenne,
• qui peut naviguer peu importe les conditions météorologiques, 
• qui peut attaquer et défendre, 
• qui peut être intégré au sein d’une force aéronavale ou être isolée,
• qui dispose de moyens de lutte antiaérienne, anti-sous-marine et/ou anti-surface. 

Une frégate de défense antiaérienne

Le Chevalier Paul est une Frégate de Défense Aérienne (FDA) française. Elle joue un rôle essentiel dans un groupe aéronaval, qui peut être composé d’un porte-avion et de bateaux chargés de le défendre et d’assurer son ravitaillement. 
 

Les Frégates de Défense Aérienne ont en effet pour objectifs : 

• la lutte et la défense antiaérienne, notamment de navires peu ou pas défendus,
• la protection aéronavale,
> de mener des opérations aériennes depuis la mer.

Plus concrètement, ces frégates disposent d’armes mais aussi d’un puissant système de détection composés de radars qui permettent de contrer les attaques aériennes. Elles sont donc essentielles au sein d’opérations interarmées.
 

Le Chevalier Paul, une collaboration franco-italienne

En 1992, la France et l’Italie initient un programme de construction de navires militaires. Dans ce cadre, au début des années 2000, on choisit de remplacer les lance-missiles français le Suffren et le Duquesne par deux frégates de type Horizon : le Chevalier Paul et son navire jumeau, le Forbin. Deux autres sont construites pour la marine italienne. 

La construction du Chevalier Paul démarre en août 2005 au chantier DCNS (actuel Naval Group) de Lorient, spécialisé dans la construction de navires de défense. Il est mis à l’eau en juillet 2006. Après avoir réussi ses divers essais en mer, la frégate est admise au service actif de la Marine nationale en juin 2011, sous l’indicatif D621.

D’une longueur de 152 mètres pour une largeur de 20 mètres, le Chevalier Paul et son jumeau, le Forbin, sont les uniques représentants des unités françaises de type Horizon ainsi que les plus grandes frégates de la Marine nationale. Elles peuvent atteindre les 7000 tonnes en charge, embarquer 195 membres d’équipage et atteindre les 30 nœuds (soit 55km/h). Le port d’attache du Chevalier Paul est Toulon.

Le Chevalier Paul a notamment participé à l’Opération Harmattan en 2011 destinée à faire respecter la résolution de l’ONU instaurant un embargo sur les armes à destination de la Lybie, alors en pleine guerre civile. La frégate est alors chargée de la protection de porte-hélicoptères et de piloter les opérations aériennes.

Nantes, marraine du Chevalier Paul

Suite au désarmement du navire-atelier Jules Verne, dont Nantes était marraine, la Ville se rapproche de l’Association des Villes Marraines des Forces Armées pour obtenir le droit de parrainer le Chevalier Paul. Le conseil municipal du 3 décembre 2010 approuve cette décision : 

« Ce parrainage entre dans la tradition de la ville, patrie de Jules Verne, dont le port a vu naître de nombreux navires qui ont porté le nom de notre cité aux quatre points cardinaux. « Nantes la maritime » continue d’allier son riche passé avec sa volonté d’ouverture au Monde ».

En 2012, Nantes devient officiellement la marraine de la frégate. À cette occasion, le navire est amarré au quai de Cheviré du 16 au 19 mars 2012. Les samedi et dimanche 17 et 18 mars, le public est invité à visiter la frégate. La convention de parrainage est signée à l’Hôtel de Ville, au cours d’une cérémonie officielle, le 17 mars 2012, à 16h15.

Le parrainage militaire tire ses origines de l’Ancien Régime, lorsqu’il permettait le financement, en partie, de la marine royale par des villes. Aujourd’hui, c’est un lien symbolique et culturel qui les unit.

Le parrainage militaire a en effet été, depuis, étendu à l’ensemble des unités opérationnelles des corps d’Armée. Une unité militaire ne peut avoir qu’une seule marraine, pour toute la durée de son existence. Le parrainage militaire est un processus volontaire et complexe, au vu du nombre limité d’unités. Pour les collectivités où l’Armée n’est plus présente en raison de la fermeture des casernes (comme Nantes depuis 2010) le parrainage militaire permet de conserver un lien entre le territoire et l’institution militaire.

En 1986, la Marine nationale crée une association des villes Marraines. Elle rassemble désormais près de 170 collectivités. 

Un nom légendaire

Le nom du Chevalier Paul rend hommage à Jean-Paul de Saumeur, aussi appelé Capitan Pol ou Chevalier Paul. Ce corsaire, devenu officier de la Marine royale au 17e siècle, s’est notamment distingué durant la guerre franco-espagnole entre 1635 et 1659.

Les origines de Jean-Paul de Saumeur sont inconnues. Selon la légende, il serait né en 1598 sur mer, sur une barque à proximité de Marseille. Il serait le fruit d’une union illégitime entre une lavandière et le marquis Paul de Fortia, gouverneur du château d’If. Celui qui se faisait appeler Capitan Pol s’illustra notamment sur la Méditerranée, mer de sa légendaire naissance. Il décède en 1667 à Toulon, laissant derrière lui le souvenir d’un marin renommé.

Léa Grieu
Direction du Patrimoine et de l’Archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2025