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14 août 1834 : Victor Hugo, une journée à Nantes


L’auteur français est lié à Nantes par sa mère Sophie Trébuchet, née rue des Carmélites en 1772. À l’âge de 32 ans, il entreprend un voyage vers la Bretagne pour y rejoindre sa maîtresse Juliette Drouet. C’est l’occasion pour Victor Hugo de se rendre dans la ville natale de sa mère, où vit encore une de ses tantes au couvent des Ursulines. Une lettre et quelques notes permettent de retracer la journée que l’écrivain et sa maîtresse ont passé à Nantes le 14 août 1834.

Un contexte d’infidélité

C’est pour rejoindre Juliette Drouet que Victor Hugo quitte Paris le 5 août 1834 pour Saint-Renan, près de Brest. Après être passés par Carnac, Locmariaquer, Auray et Vannes, les deux amants arrivent à Nantes le 14 août vers 3 heures du matin.

Portrait de Mademoiselle Juliette Drouet par Léon Noel

Portrait de Mademoiselle Juliette Drouet par Léon Noel

Date du document : 19e siècle

Ils séjournent à l’Hôtel de France, place Graslin, et après avoir dormis quelques heures, Victor Hugo indique dans une lettre envoyée à sa femme Adèle qu’il est allé visiter « toute la ville ». En ces jours d’été le bulletin météorologique indique un « beau temps chaud ». C’est sous un beau soleil que l’écrivain part visiter la cité des ducs de Bretagne.

Reproduction d’une lithographie du théâtre et de la place Graslin

Reproduction d’une lithographie du théâtre et de la place Graslin

Date du document :

La cathédrale et le tombeau de François II

Dans sa visite de Nantes, le jeune auteur emprunte un des ponts enjambant l’Erdre pour se rendre dans le quartier médiéval de Nantes. Il indique qu’il a vu « beaucoup de belles maison » et décrit la cathédrale comme « un édifice tronqué de toutes époques ». En effet, à cette période l’édifice religieux est encore accompagné de son ancien clocher et de son chœur roman, détruits à la fin du 19e siècle. Dans la cathédrale, Victor Hugo observe le tombeau de François II et de Marguerite de Foix, qu’il décrit comme une « admirable chose ». Ce monument funéraire en marbre, œuvre du sculpteur Michel Colombe, est présenté dans le bras sud du transept de la cathédrale depuis 1817, après avoir été caché dans la « cour des noyers » du couvent des Ursulines (situé à l’emplacement de l’actuelle caserne Gouzé, rue Maréchal Joffre). Une tante de Victor Hugo, Madeleine François Trébuchet, rejoint d’ailleurs cette congrégation sous le nom de sœur Aimée de Jésus. Si l’auteur ne semble pas lui avoir rendu visite, son épouse Adèle la rencontre lors de sa venue à Nantes en 1835, avec son amant l’écrivain Charles-Augustin Sainte-Beuve.

Chevet de la Cathédrale vers 1830

Chevet de la Cathédrale vers 1830

Date du document :

« Le château a du être magnifique »

Victor Hugo prend le temps de découvrir le château des ducs de Bretagne, qu’il décrit à son épouse comme étant « d’une grande beauté, bien féodale et bien sévère », affirmant « qu’il a dû être magnifique ». Il s’empare d’un crayon et d’un papier vélin sur lequel il dessine un petit schéma du château et s’installe près de la courtine de Loire pour y dessiner ses mâchicoulis, portant les armes de François 1er.

Mâchicoulis du château de Nantes par Victor Hugo

Mâchicoulis du château de Nantes par Victor Hugo

Date du document : 14/08/1834

Du haut de la cathédrale

À presque 19 heures, le jeune écrivain profite de la vue depuis le sommet de la cathédrale. De là, il voit « toute la ville, les quatre bras de la Loire, l’Erdre dont les bords sont charmants, le canal, tous les vieux toits, et la prairie de Mauves ». Il ajoute : « C’est beau ». Il regrette qu’il n’y ait pas assez de clochers et précise qu’en général « la Bretagne, si pieuse, ne brille pas par les églises ». En 1834, les édifices religieux ayant survécu à la Révolution française à Nantes n’ont, en général, pas une architecture remarquable. Les modestes clochers des églises Saint-Nicolas ou Sainte-Croix ne sont pas aussi haut que les édifices religieux actuels. 

Départ pour Angers

Après une seconde nuit à l’hôtel de France, les amants quittent Nantes le 15 août à six heures du matin dans un bateau à vapeur « sale, puant et incommode », d’où ils voient les bords de Loire que l’écrivain décrit comme étant « plats et nuls ».

Portrait de Victor Hugo en 1832 d’après Léon Noel

Portrait de Victor Hugo en 1832 d’après Léon Noel

Date du document : 1832

Ainsi, Victor Hugo et Juliette Drouet quittent Nantes pour, semble t-il, ne jamais y revenir. Cependant le souvenir de cet illustre auteur français demeure toujours dans le nom du boulevard reliant la place de la République à la place Victor Mangin, nommé en son nom en 1885, quelques mois avant son décès.

Kevin Morice
Archives de Nantes
2024

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Littérature

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Kevin Morice

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