Bandeau
La Mellinet Stade Michel-Audrain Erdre

1708

Willy Pelletier (1913-1944)


Willy Pelletier est un résistant français, né le 6 août 1913 à Nantes. Ce chevalier de la légion d'honneur, titulaire de la médaille de la Résistance, est mort le 10 mai 1944, torturé par la Gestapo sans avoir parlé et sans avoir mis en péril son réseau.

Un tempérament d’aventurier

Willy Pelletier naît à Nantes en 1913. Il n’a que 5 ans lorsque sa mère biologique l’abandonne en le laissant à la garde de sa nourrice, madame Léauté. Il est élevé par cette femme ainsi que par sa fille madame Janeau. Willy grandit auprès d’Édith et Jeanne, les deux petites-filles de madame Léauté, qu’il considère comme ses sœurs adoptives. À 12 ans, il obtient son certificat d’Études primaires et s’engage dans la marine marchande comme mousse. En octobre 1926, il effectue son premier voyage à destination du Havre : il embarque sur le navire à vapeur Le Saint-Louis appartenant à la Société Navale de l’Ouest. Ses nombreux voyages de port en port lui permettent d’acquérir la maîtrise orale de l’anglais, de l’espagnol et des rudiments d’allemand.

À 18 ans, Willy est engagé volontaire chez les chasseurs d’Afrique, des unités de cavalerie appartenant à l’armée française basées en Afrique du Nord. Ces 18 mois de service dans la ville de Mascara, en Algérie, lui offrent l’opportunité d’apprendre à monter à cheval.

De retour en France, Willy Pelletier s’enrôle dans la Garde Républicaine. En 1936, il est nommé garde à cheval dans la 1ère Compagnie de Nantes et épouse Hélène Boudet, avec qui il a un fils. Titularisé l’année suivante, il est affecté à la 5e légion de la Garde Républicaine Mobile de Luçon. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et que les Allemands occupent une partie du territoire français à partir de juin 1940, la Garde Républicaine est dissoute. Willy Pelletier est alors affecté à la brigade de Vallet en tant que gendarme. Dès les premiers temps de l’Occupation, celui que l’on surnomme affectueusement « Le petit gendarme » du fait de sa taille entre en résistance.

Membre du réseau Défense de la France

Par la suite, il devient membre du réseau « Défense de la France ». Il y agit sous les ordres de Maurice Henri, qu’il rencontre régulièrement chez Jeanne et Édith Janeau, au 2 rue de Pilleux à Nantes.

En 1942, il est affecté à la brigade de Nantes-Chantenay. Il se distingue en premier lieu, du 16 au 23 novembre 1943, lors des bombardements de Nantes par les forces alliées : 3 000 bombes sont déversées sur la ville, 8 000 maisons rasées, d’où l’on retire 1 500 morts et 2 500 blessés. Sans attendre l’arrêt des bombardements, Willy Pelletier sauve sous les bombes des dizaines de personnes et évacue les blessés. Il reçoit pour « cet acte de bravoure et de courage exceptionnel » une citation à l’ordre de la Légion de gendarmerie d’Anjou, le 28 décembre 1943, et une lettre d’éloges et de félicitations du ministre de l’Intérieur, daté du 5 février 1945, publiée au Journal officiel.

Le 20 mars 1943, il se fait délivrer une fausse carte d’identité, sous le nom de D’Arnicelli, puis prend le pseudonyme de Rolland, lieutenant inscrit au réseau « Trois clés de défense de la France », sous le numéro X300A Chef de service de renseignements.

Durant l’année qui suit, il assure le sauvetage de nombreux aviateurs alliés abattus ; il transmet d’importants renseignements sur les installations de la Kriegsmarine ; il aide en même temps à l’évasion de requis par le Service du travail obligatoire (STO) ; il s’introduit dans les locaux de certains groupes de collaborateurs pour faire parvenir à Londres des documents sur leurs activités. Il organise le maquis de Couëron, où le réseau cache des aviateurs anglais et des officiers polonais évadés.

Le sabotage de la citerne du chantier Dubigeon

Son acte de résistance le plus important est d’avoir organisé et réalisé, le 7 mars 1944, le sabotage et l'explosion d’une citerne à bord d’un navire-citerne, avant son départ des chantiers Dubigeon à Nantes, sous contrôle allemand. Ce navire-citerne devait incessamment quitter le port pour ravitailler les sous-marins de poche allemands qui patrouillaient dans l’Atlantique. En cette période de préparation du débarquement allié, il s’agissait d’une opération majeure. Ce navire-citerne était en effet central dans le ravitaillement des sous-marins de haute mer, qui causaient des pertes considérables aux armées alliées.

Il y avait alors deux options : soit un bombardement intensif de Nantes par la Royal Air Force, qui aurait détruit la ville, soit une action de commando. Aussi, en accord avec Londres, le 7 mars 1944, usant de son uniforme de gendarme (ce qui causera sa perte), Willy Pelletier pénètre dans les chantiers Dubigeon pour organiser et effectuer le sabotage. Accompagné du chaudronnier Marcel Guihaire, il présente aux soldats allemands son laissez-passer de gendarme et leur explique, en allemand, qu’il supervise un ouvrier chargé de poursuivre les travaux en cours dans le chantier. Un bombardement intensif de la ville de Nantes était programmé. Willy Pelletier et Marcel Guihaire sabotent les canalisations de fioul d’une citerne et préparent un incendie avec des chiffons imbibés de carburant. Le lendemain, la citerne s’embrase et explose, rendant inutile le bombardement. Le quartier Chantenay et les abords du port de Nantes ne furent ainsi pas bombardés et certainement bien des vies furent épargnées.

L’arrestation de Willy Pelletier

Après cette explosion qui fragilise l’armée allemande, l’étau se resserre autour de Willy Pelletier. Il est arrêté le 3 mai 1944 pendant son service par le docteur Rupert, le chef de la Gestapo à Nantes. Aucun document n’est retrouvé à son domicile, 28 rue Pierre Dupont à Nantes. Malgré la perquisition de la Gestapo chez ses sœurs adoptives, aucun des documents du réseau, qui y étaient cachés, ne purent être découverts.

Willy Pelletier est transféré dans les locaux de la Gestapo, place Louis XVI (1 place du Maréchal Foch) à Nantes, où pendant une semaine, il sera constamment torturé jusqu’à décéder, méconnaissable, le 10 mai 1944, à l’âge de 30 ans. C’est Eugène Louet, ex-adjudant chef de la brigade de Chantenay, qui s’est rendu à l’hôpital Broussais et a reconnu le corps du jeune gendarme qu’il avait sous ses ordres.

Aucun membre de son réseau ne sera inquiété ou arrêté : il n’avait pas parlé. Cinq mois plus tard, les Américains et les résistants pénétraient dans Nantes.

Il est difficile de savoir qui a dénoncé Willy Pelletier. Il aurait été démasqué par le colonel Boudot, le chef de la milice de Loire-Inférieure, suite au refus du gendarme d’intégrer la milice.

Honneurs et hommages rendus

Pour ses actes de résistance, le grade de lieutenant de gendarmerie lui est attribué en 1949. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume pour faits de guerre exceptionnels en 1950 et se voit attribuer la médaille de la Résistance française en 1952. Auparavant, en 1947, est apposée dans la caserne de gendarmerie de Nantes Chantenay, où il exerçait, une plaque de marbre : « À la mémoire du gendarme Willy Pelletier de la brigade de Chantenay, ardent patriote et audacieux résistant, mort pour la France le 10 mai 1944 des suites des tortures infligées par la Gestapo ».

Le 7 mai 1984, la plus importante caserne de gendarmerie des Pays de la Loire, la caserne Beauséjour de Saint-Herblain, est baptisée « caserne Willy Pelletier », en présence de Jean-Marc Ayrault.

Mais la réorganisation récente des forces de gendarmerie, en fermant cette caserne, a de facto effacé l’hommage rendu à Willy Pelletier et renvoyé à l’oubli des Nantais la mémoire de son dévouement, qu’il paya de sa vie. Le 14 décembre 2018, le conseil municipal de Nantes décide de donner son nom à une allée de la nouvelle ZAC Mellinet, située à proximité de la caserne de gendarmerie Richemont, en hommage à ce résistant.

Daniel Pelletier, Willy Pelletier, Gaëlle Pelletier-Rougerie, Noémie Boulay
Famille Pelletier / Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021



Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En savoir plus

Bibliographie

Pages liées

Résistance à Nantes

Tags

2e GM Résistant

Contributeurs

Rédaction d'article :

Daniel Pelletier, Willy Pelletier, Gaëlle Pelletier-Rougerie, Noémie Boulay

Témoignage :

Eugène Louet

Anecdote :

Daniel Pelletier

Vous aimerez aussi

La basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien construite dans la seconde partie du 19e siècle permet de remonter aux débuts du christianisme à Nantes. Elle succède à trois autres édifices,...

Contributeur(s) :Irène Gillardot

Date de publication : 08/02/2019

6247

Ces chroniques ont déjà été l’occasion, et le seront encore dans l’avenir, de vanter la beauté des filles de Nantes, que le monde entier nous envie. Enfin… peut-être pas le monde entier,...

Contributeur(s) :Hugo Aribart

Date de publication : 17/05/2022

548

Cette chanson semble dater du tout début de la Première Guerre mondiale. Elle entre en parfaite résonance avec l’image de soldats heureux et pressés d’aller au combat, image véhiculée...

Contributeur(s) :Hugo Aribart

Date de publication : 12/11/2020

1406