
Pont de la Tortière
Le pont de la Tortière relie le boulevard Eugène Orieux au boulevard Saint-Donatien. Il est le pont urbain nantais le plus en amont sur l’Erdre.
Il tient son nom d’un ancien domaine situé à proximité et acheté en 1651 par Jean Hardy, seigneur de la Tortière.
Le premier pont de la Tortière fut achevé en 1878 dans le cadre de la réalisation des grands boulevards extérieurs. C’était un ouvrage en pierre rouge, composé de trois arches massives et deux piles.
Pour bâtir ce pont, il a fallu exproprier les propriétaires des parcelles des rives de l’Erdre qui étaient concernées par le chantier. La construction du pont suscita donc des conflits. À cet endroit, les rives de l’Erdre étaient occupées par des propriétés sur lesquelles étaient souvent bâties des maisons de maître. Leurs possesseurs pouvaient bénéficier de l’usufruit d’une partie de la rivière, ce qui était un privilège non négligeable.
C’est pourquoi des activités nécessitant une quantité importante d’eau étaient installées sur ces domaines par leurs propriétaires. C’est le cas des frères Huron-Durocher qui vivaient tout deux à Paris et bénéficiaient d’une rente régulière grâce à la location de leur propriété nantaise au bord de l’Erdre à des blanchisseuses. La construction du pont de la Tortière et l’aménagement de ses abords provoquèrent une modification topographique des terrains alentours allant à l’encontre des intérêts des frères Huron-Durocher. Avec d’autres riverains, ils intentèrent de nombreuses procédures juridiques à l’encontre de la Ville. Ces litiges se poursuivirent bien après l’édification du pont. En effet, même si la Ville avait jugé irrecevables les plaintes en 1881, elle fut finalement condamnée par le conseil de la Préfecture à payer des indemnités aux propriétaires lésés en 1887.
Ces litiges ralentirent l’acquisition des terrains nécessaires à la réalisation du pont. Cela provoqua des tensions avec M. Brimaud, l’entrepreneur qui avait remporté l’adjudication de la construction du pont. Ce dernier s’estima lésé par le retard pris dans l’exécution des travaux et demanda réparation auprès de la Ville au printemps 1877, ce qui fut refusé par le conseil municipal. Pour éviter une procédure devant le conseil préfectoral, les deux parties trouvèrent un accord à l’amiable et l’entrepreneur reçut au printemps 1879 une indemnité de 11 000 francs.
Pendant près d’une décennie, la construction du pont de la Tortière fut donc une source de tracasserie juridique et administrative pour la Ville de Nantes.
Le pont de la Tortière, alors devenu trop étroit pour supporter l’augmentation du trafic routier, fut démoli et reconstruit en 1977.
Le nouveau pont est un édifice en béton, large de 21 mètres qui permet une circulation à 2 x 3 voies.
Antoine Pouponneau
Archives de Nantes
2014
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