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Origines de la famille Amieux


Comme d’autres grands noms de la conserve nantaise, l’histoire de la famille Amieux illustre l’apport des migrations intérieures dans la France de la fin 18e et du début du 19e siècles.

Le colportage

Le colportage consiste à porter, dans les villes ou les campagnes, des marchandises pour les vendre. La pratique hivernale du colportage dans l’Oisans, une région située des Alpes françaises, est courante depuis longtemps, avec des spécialités aussi diverses que la mercerie, la bijouterie, l’optique, la quincaillerie, l’herboristerie, les graines de semences ou les comestibles. Ces voyages saisonniers peuvent mener dans des régions voisines, Dauphiné et Savoie, mais aussi dans toutes les régions de France, y compris l’Ouest et la Bretagne. Les plus aventureux parcourent l’Europe, certains jusqu’à Moscou ou Saint-Pétersbourg, d’autres prospectent l’outre Atlantique. Certains reviennent à la fin de l’hiver, d’autres partent plusieurs années, parfois s’implantent à destination. Sur ces parcours, un réseau d’accueil, de soutien logistique, de renseignement et de financement se constitue au fil du temps entre ces familles de colporteurs.

Un colporteur de livres

Un colporteur de livres

Date du document : Milieu du 19e siècle

La Grave et Villar d’Arène

Dans les Hautes-Alpes en particulier, les habitants de deux communes proches, Villar d’Arène et La Grave sur la Haute Vallée de la Romanche, développent le colportage de plantes et d’épicerie. Parfois, dans une seconde période, ils implantent des magasins de comestibles ou des épiceries de détail, demi-gros ou de gros. Certaines de ces boutiques sont installées vers le Centre et le grand Ouest (Montluçon, Orléans, Le Mans, Le Havre, Caen, Brest, Lorient, Rennes, Nantes).

À Nantes au début du 19e siècle, on retrouve ainsi de nombreux patronymes issus de ces communes dans les affaires et le négoce. Les Albert, Amieux, Bret, Clot, Gaillard, pour Villar d’Arène et pour La Grave, les Aymon, Berthet, Carraud, Gravier, Jacquier, Liothaud, Michel, Paillas, Poyet, Rome, Salomon, Seonnet.

Liothaud et Aymon, les précurseurs à Nantes

Parmi les premiers installés à Nantes au début 19e siècle figure Pierre Claude Liothaud, originaire de La Grave. Il fait commerce de fruits secs et d’agrumes rue Kervegan. Son fils épouse la fille de Julie Vincent-Colin, confiseuse rue du Moulin, elle-même fille de Joseph Colin, l’inventeur de la conserve nantaise.

Claude Aymon, son beau-frère, est aussi né à La Grave. En 1820, il travaille à Rennes comme commis chez un de ses frères, déjà installé dans cette ville. Il arrive peu après à Nantes pour y faire du négoce de fruits secs, olives, amandes, citrons, eau de fleur d’oranger… puis devient banquier. Germer Lizé, épicier et ancien dépositaire des conserves de Nicolas Appert à Nantes, est témoin de la naissance de sa fille. Entre temps, son frère de Rennes, Jean Claude Aymon, a revendu un magasin de comestibles à Amieux et Carraud. Lesquels prennent aussi le chemin de Nantes peu de temps après. Au réseau des liens du pays, s’ajoutent ceux des corporations.

« Les » Amieux

Pour comprendre l’implantation de la famille Amieux à Nantes, il faut remonter à la seconde moitié du 18e siècle avec le couple Jean-Baptiste Amieux (1722, Villar d’Arène – 1797, Villar d’Arène) et Cécile Bret (1726, Villar d’Arène – 1768, Villar d’Arène). Leurs descendants issus de quatre branches distinctes développent des activités professionnelles dans l’ouest qui se croisent, se complètent ou se contrarient. Ils s’appuient sur le réseau dense de natifs de La Grave et de Villar d’Arène.

Généalogie simplifiée de la famille Amieux

Généalogie simplifiée de la famille Amieux

Date du document : 2025

Jérôme Amieux (1796, Villar d’arène – 1862, Nantes), un petit-fils, est installé en 1836 comme épicier à Brest, rue de Siam. Il est en relation d’affaires avec les Clot de Lorient. Il fait aussi du négoce à Nantes où il s’installe ensuite. Sa femme, Aimée Sophie Bettinger, est fille d’un tanneur nantais. Jérôme Amieux veille sur un fils Clot pendant ses études à Nantes, est en affaires avec Liothaud, a des liens avec les Gravier installés à Orléans. Son frère, Toussain Amieux, passe quelque temps à Brest vers 1836 mais revient dans l’Oisans après son mariage à 41 ans. Un de ses neveu, Alexandre Amieux, le rejoint comme commis à Brest en 1853. Cela se passe mal avec poursuites judiciaires entre oncle et neveu. Le même Alexandre a également des problèmes de dettes avec les Clot de Lorient. Il revient aussi au village.

Un autre petit fils, Noël Faure (1810, Villar d’Arène – 1876, Villar d’Arène) qui se fait appeler Jérôme, est recensé à Brest en 1830 comme « commis marchand » avant de rejoindre ses montagnes.

Un arrière-petit-fils d’une autre branche, également nommé Jérôme Amieux (1851, Villar d’Arène – 1910, Nantes) mais se faisant appeler Jean-Baptiste, s’installe à Nantes pour y devenir conserveur après son apprentissage chez Jacquier, un natif de La Grave. Ses conserves portent son nom : Amieux. D’où quelques frictions avec les Frères Amieux. Un de ses frères, Gustave Amieux, fait un passage de courte durée comme commis chez Liothaud.

Enfin, issu d’une quatrième branche, Maurice Amieux (1807, Villar d’Arène – 1865, Toulouse), est d’abord à son compte, puis associé à son gendre Benjamin Carraud dans la société « Amieux-Carraud » à Rennes puis à Nantes pour développer les conserves. Son décès en 1865 entraîne rapidement la création de deux entreprises : Carraud-Amieux, celle de son gendre, et Amieux Frères, celle de ses deux fils, Jean Maurice Étienne et Auguste Émile.

Marques de fabrique déposées par Amieux Frères, Carraud-Amieux et Jean-Baptiste Amieux

Marques de fabrique déposées par Amieux Frères, Carraud-Amieux et Jean-Baptiste Amieux

Date du document : 1868-1899

À la fin du 19e siècle, trois conserveries à Nantes utilisent donc le patronyme « Amieux » :
- La Maison Carraud-Amieux, fondée par le gendre de Maurice Amieux, Benjamin Carraud, en 1866. Après la dissolution de la société Fraisse & Cie, successeurs de Carraud-Amieux, en 1896, la marque est reprise par la société Amieux Frères qui l’exploite au moins jusqu’en 1938,
- La société Amieux Frères, est également créée en 1866 par les fils de Maurice Amieux. Implanté en Europe, en Afrique et en Amérique, elle poursuit ses activités jusqu’en 1974,
- La conserverie de Jérôme « Jean-Baptiste » Amieux qui porte son nom. Elle perdure jusqu’en 1904, date à laquelle le terrain avec l’usine de la rue Saint-Clair et les magasins sont vendus à la société Amieux Frères après plusieurs années de litige entre les deux sociétés.

Laurent Venaille
Association La conserve des Salorges à la Lune
2025

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