Jules Bonhomme-Colin (1810-?)
Jules Bonhomme, est né à Nantes en 1810. En 1836 il exerce la profession de « négociant assureur » lorsqu’il épouse Marie Adèle Rose Colin, fille du conserveur nantais réputé Pierre Joseph Colin. Il accole les deux noms et se fait appeler Jules Bonhomme-Colin. Il est associé à l’affaire en 1837 et en prend possession en 1840.
L’envolée
Les choses semblent bien démarrer lorsque Jules Bonhomme-Colin lorsque Jules Bonhomme-Colin reprend l'affaire de son beau-père. Il développe l’entreprise et ses marchés. Le 17 janvier 1842, il achète au Kernével près de Lorient une ancienne presse devenue conserverie, lui permettant un approvisionnement plus facile en poisson et un accroissement de ses capacités. Un article (trop) complaisant explique que Jules Bonhomme-Colin « seul propriétaire maintenant […] a apporté dans l’art de cuire les viandes et les légumes de si incontestables perfectionnements. […] À force de travail et d’intelligence, il a réussi où son prédécesseur avait échoué. » On apprend qu’il expédie chaque année plus d’un million de boîtes de conserves en Russie, Autriche, Espagne, Hollande, Prusse, dans les Indes, en Afrique. « Il vient de passer un contrat avec la marine royale d’Angleterre et un autre pour du bœuf bouilli pour l’armée française d’Algérie ».
La dispersion
Jules Bonhomme-Colin passait-il assez de temps dans son établissement ? Il polémique par voie de presse avec d’autres conserveurs en 1842. Alors que ses affaires montrent des signes de faiblesse, il publie en 1843 Notice sur les conserves alimentaires et sur leur application possible à la nutrition de la marine, l'armée, les classes ouvrières, les hôpitaux et les prisons qui est plus un autosatisfecit qu’un ouvrage utile. À cette date, il comparait aussi pour une suspicion de fraude à l’assurance dans des parts de navire. Et il se lance dans un vaste projet d’aménagement des dunes et falaises d’Escoublac dont il obtient la concession !
Un côté « flambeur » puis la chute
Plusieurs sources et documents laissent penser que Jules Bonhomme-Colin menait grande vie (domesticité déclarée, notes de frais citées dans un procès, immobilier, et inventaires suite aux faillites). Mais ce serait surtout une évaluation exagérée de ses biens, une valorisation excessive des stocks et la fuite en avant devant ses créanciers qui aient conduits à la faillite. Habile, malgré l’ultimatum des créanciers en avril 1843, il réussit à prolonger son activité encore quelques mois en utilisant la réputation et le savoir-faire de son beau-père. Mais rien n’y fait ; le 16 septembre, la faillite est prononcée.
Il se bat, conteste, écrit et supplie le Président de la Cour, le Procureur du Roi, mais la chute est certaine et les liquidateurs se mettent au travail. Sa femme demande la séparation de biens début 1844. Ils quittent la rue des Salorges pour la rue Belle-Image.
La fuite
Jules Bonhomme-Colin tente de nouvelles activités dès août 1845 en constituant avec un autre Nantais, Canuet de Lonjon, la « Société française africaine » dont le but est « l’établissement dans les quinze principales villes de France et spécialement en Algérie d’une administration générale des intérêts litigieux et contentieux, civils, commerciaux et administratifs ». Puis quelques mois après, toujours avec le même associé, ils créent l’« Alliance paternelle », compagnie d’assurances mutuelles contre les chances du recrutement. Nous ne sommes plus dans la conserve ! Les querelles sont permanentes entre les deux associés ; par manque de résultats, l’activité cesse moins d’un an après. Plusieurs plaintes sont déposées pour escroquerie. Les deux associés sont jugés et condamnés. La condamnation est confirmée et alourdie par la Cour d’Appel de Rennes le 26 août 1847 pour Jules Bonhomme-Colin (3 ans de prison) et Canuet de Lonjon (2 ans de prison). Les deux intéressés fuient en Belgique le lendemain. À partir de cet événement, on perd leur trace.
Laurent Venaille
Association « La conserve des Salorges à la Lune »
2024
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Laurent Venaille
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