Folle Journée
La Folle Journée est le festival de musique classique le plus fréquenté de France, sans doute parce qu’elle offre une nouvelle manière d’écouter la musique, susceptible d’attirer un public plus large que les habitués des concerts.
Un pied de nez aux codes empesés
Son nom provient de l’autre titre du Mariage de Figaro, la pièce de Beaumarchais dont Mozart a tiré son opéra Les Noces de Figaro. Mozart fut le premier invité de La Folle Journée ; l’affiche le représentait découpé en ombre chinoise faisant un pied de nez, on peut le supposer, au milieu compassé de la grande musique. Tout un symbole.
L'idée de René Martin
La première édition date de 1995, au milieu de la décennie qui marque le renouveau culturel nantais. Elle est issue d’une idée de René Martin, un Nantais producteur de nombreux concerts en France et à l’étranger. Des tarifs abordables ; des horaires inhabituels (de 9 heures 00 à 23 heures 00) ; un lieu unique (la Cité des congrès et ses salles qui vont de 80 à 2 000 places) ; une thématique précise (un musicien, une époque, un pays ou une école musicale) ; une offre concentrée en peu de temps (2 jours à l’origine, 5 aujourd’hui et près de 250 concerts) ; des activités annexes (conférences, restauration, vente de disques…) ; une proximité rare avec les artistes ; l’association des talents locaux : tels sont les ingrédients qui ont fait le succès de la manifestation. Les plus grands virtuoses s’y pressent ; 120 000 billets sont vendus à chaque édition, ce qui représente environ 35 000 spectateurs, dont les deux tiers viennent de Nantes et des environs.
Une fonction culturelle et sociale
Depuis 2003, La Folle Journée a essaimé dans plusieurs villes des Pays de la Loire où environ 150 concerts sont donnés dans les jours qui précèdent la manifestation nantaise. Elle s’exporte en Espagne, au Brésil, au Japon où, dès la première année, en 2005, les records d’affluence ont été battus à Tokyo avec près de 200 000 entrées. Désormais gérée par une société d’économie mixte où la Ville est majoritaire, La Folle Journée remplit aussi une fonction sociale. Elle est une occasion de mettre l’art en partage grâce à des rencontres et à des concerts organisés en prison, à l’hôpital, dans les Maisons de quartiers populaires…
Largement répercutée par les radios et les télévisions, La Folle Journée est un événement important pour l’image de la ville. Elle a des retombées économiques non négligeables même s’il est malaisé de les calculer avec précision. Il est encore plus difficile d’évaluer si La Folle Journée a un effet d’entraînement sur la pratique musicale des Nantais ou leur fréquentation des concerts.
Est-elle une occasion de démocratiser la musique classique ? Même si les études précises manquent, on estime que La Folle Journée attire en effet un public inhabituel, plutôt féminin et issu des classes moyennes. Mais elle ne mord pas de manière significative sur les jeunes et les couches populaires. En dépit de sa qualité et de son prestige, La Folle Journée ne saurait à elle seule bouleverser les déterminismes sociaux.
Thierry Guidet
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d’auteur réservés)
2018
En savoir plus
Bibliographie
Guidet, Thierry, « La folle Journée de Nantes. Une ville à l’unisson ? », Place Publique Nantes Saint-Nazaire, hors-série, 2009
Hervouët, Philippe, « Folle journée, utopie sociale et artistique ? », 303 : arts, recherches, créations, n°94, janvier 2007, p. 24-31
Martin, René, « Un ton au-dessus », dans Guidet, Thierry, Plassart, Michel (photogr.), Nantes saisie par la culture, Autrement, Paris, 2007
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Rédaction d'article :
Thierry Guidet
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