Bandeau
Vinaigrerie Caroff Ancienne île de la Saulzaie

1493

Anciens bains-douches et lavoirs de la rue Dupleix


Témoins d'une époque où l'hygiène était une priorité, les anciens bains-douches et lavoirs de la rue Dupleix ont joué un rôle essentiel dans la vie quotidienne des habitants. Ces installations municipales ont évolué au fil des décennies pour s'adapter aux besoins de la communauté, reflétant les transformations de la société.

Des bains-douches pour les ouvriers de Chantenay

L’essor de l’industrialisation de Chantenay au 19e siècle entraîne un afflux de population ouvrière qui se loge pour beaucoup dans des logements insalubres, construits rapidement sans plan d’urbanisme et surtout sans espace dédié à l’hygiène. Alors que les épidémies se développent, de nouvelles découvertes médicales font le lien entre l’habitat et la santé.

C’est dans cette ambiance hygiéniste qu’en 1850, l’Assemblée nationale vote une mesure qui donne la responsabilité de l’expertise de l’insalubrité des logements aux conseils municipaux ainsi que des crédits pour construire des bains-douches publics. Suite à des rapports sur l’insalubrité de certains quartiers nantais et notamment sur celui de la butte Sainte-Anne, le conseil municipal décide en 1897 d’ouvrir de façon radicale l’enchevêtrement de ruelles et de cours à l’est de l’avenue Saint-Anne en créant la rue Dupleix. À l’angle de la ruelle des Grands Jardins (aujourd’hui détruite), un terrain est affecté à la construction de « bains et lavoirs municipaux ». Ils sont dessinés par Alfred Marchand, architecte communal, et sont inaugurés en 1901.

Une division hommes/femmes

À l’époque, les douches étaient seulement destinées aux hommes. Les femmes bénéficiaient de bains dit « ordinaires » – des baignoires en cuivre recouverte d’étain ou alors de bains sulfureux dit de « Barèges » enrichis de sels extraits des eaux de Barèges, ville située dans les Hautes-Pyrénées. Alors que les hommes bénéficiaient de 24 cabines, nombre nécessaire pour accueillie les ouvriers dans un minimum de temps, il n’y avait que 10 cabines de baignoires pour les femmes.

Les autres fonctions

Ces lieux étaient également destinés au lavage du linge, puisqu’ils rassemblaient également un lavoir payant constitués de nombreux baquets et « gargottes », dont le tarif s’appliquait à l’heure. Pour le séchage du linge, une aire de séchage avait été aménagée dans l’angle sud-est de la parcelle. Le tarif s’appliquait quant à lui au métrage : « 5 mètres de cordes minimum pour une durée de 24 heures, à compter de la prise de possession ».

L’équipement contenait également un fourneau alimentaire, un réfectoire pouvant accueillir jusqu’à 144 personnes et un dépôt de pompe à incendie destiné aux habitants du quartier.

Un changement progressif d’affectation

Au cours du 20e siècle, différents travaux sont réalisés. En 1938, les façades de l’aile des bains-douches sont ré-enduites et en 1952, les salles de bain sont réaménagées. Avec le développement des grands ensembles et la popularisation de la machine à laver, les bains-lavoirs perdent de leur utilité, les lavoirs sont détruits en 1968 remplacé par le gymnase Gravaud et les bains-douches sont fermés en 1978. En 1981-1982, l’étage des bains-douche est transformé en salle de réunion pour associations.

En 2019, le site est acheté à la Ville par le Centre de loisirs et d’action de la jeunesse qui ouvre en 2022 une auberge de jeunesse associative et participative ainsi qu’une grande salle pour de multiples activités (club de lecture, projections, ateliers dessin, couture ou musique, échanges de plantes et de graines, réunions, résidences d’artistes).

Frédérique Le Bec, Gaëlle Caudal, Olivier Absalon
Région Pays de la Loire, Inventaire général ; Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2012 (mis à jour par Sophie Audoux en 2023)

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En bref...

Localisation : Dupleix (rue) 20, NANTES

Date de construction : 1901

Auteur de l'oeuvre : Marchand, Alfred (architecte communal)

Typologie : autre type d'architecture

En savoir plus

Pages liées

Dossier : Les bains et lavoirs publics de Nantes

Tags

Architecture civile publique Bain et lavoir Bellevue - Chantenay - Sainte Anne Reconversion Santé et hygiène

Contributeurs

Rédaction d'article :

Frédérique Le Bec, Gaëlle Caudal, Olivier Absalon, Sophie Audoux

Vous aimerez aussi

L’affirmation de Nantes comme premier port français tout au long du 17e siècle, puis comme un port de haut rang international au 18e siècle, s’inscrit dans un complexe portuaire plus...

Contributeur(s) :Julien Huon

Date de publication : 27/04/2021

1309

Chantier naval Raguenault et Chaptois

Architecture et urbanisme

Des chantiers installés au début du 20e siècle sur l’Île de Versailles, il reste peu de traces ; on les suppose principalement dédiés aux canots. Raguenault et Chaptois ont aussi...

Contributeur(s) :Gérard Krebs

Date de publication : 31/08/2022

1401

Victoire Durand-Gasselin-Friesé est née à Nantes le 4 décembre 1908. Rare femme architecte de son époque, elle a fait toute sa carrière dans la Cité des Ducs de Bretagne.

Contributeur(s) :Noémie Boulay

Date de publication : 07/09/2020

3758